mercredi 31 mars 2010

MA Jian - "Nouilles chinoises"

 
Petites histoires de gens ordinaires

L'écrivain reçoit le vendeur de sang. Chaque semaine. Il est pauvre, son ami est riche. L'écrivain est frustré. Il travaille à la solde du Parti et il doit écrire la biographie d'un héros martyre de la révolution. Il pourra ainsi figurer dans le prestigieux dictionnaires de grands auteurs, rêve de tout écrivain. Mais ce n'est pas sur les héros, que l'écrivain veut écrire. Lui, il veut raconter les gens, les vrais, ceux qui vivent autour de lui, qu'il rencontre dans la rue, qui ne sont pas héroïques. Il veut raconter la vraie vie, les vrais gens. L'actrice, et son incroyable suicide au tigre. Le croque-mort, et comment il se débarrassa de sa mère. La femme d'affaire. Tous ordinaires. Tous naturellement cruels.

Nouilles chinoises est plutôt un recueil de nouvelles qu'un roman. Rédigé sous la forme d'un dialogue entre le vendeur de sang et l'écrivain, il partage des réflexions amères sur la Chine des années 1990, ses valeurs, la cruauté des gens tout en racontant, dans chaque chapitre, un personnage, une histoire du quartier. Nouilles chinoises a ce petit côté burlesque, comique et tellement tragique que l'auteur maîtrise si bien. Il passe de l'autre côté du décors, se glisse sous la façade, fait tomber les masques.

Je reprends la citation de ce très bon article, car elle explique si bien les étranges contradictions chinoises. Cette fierté susceptible et mal assurée, et ce perpétuel sentiment d'humiliation que l'on rencontre fréquemment ici.

"Nous avons grandi dans un vide spirituel, coupés du reste du monde. Une génération perdue. Quand le pays a commencé à s’ouvrir, nous avons été les premiers à tomber. La culture étrangère est la seule religion maintenant, mais nous n’avons aucun moyen de la comprendre, ou d’apprécier sa valeur. Un demi-siècle a passé et soudain nous nous retrouvons dans la forêt de la vie moderne sans carte ni boussole. Comment une société abrutie par la dictature peut-elle trouver son chemin dans le monde moderne ? Nous sommes incapables de penser par nous-mêmes, nous n’avons pas de points de repère, nous sommes égarés, nous avons perdu pied. Nous affichons une arrogance superficielle pour cacher la piètre estime que nous avons de nous-mêmes."
Ma Jian, Les nouilles chinoises

mardi 30 mars 2010

Un long printemps

 
Toujours à Chongqing, un artiste à la retraite, Lu Xiangwan, s'est senti inspiré par la symphonie printanière de cette année. Ainsi, il s'apprête à donner les derniers coups de pinceau à une fresque de 101 mètre: "Mélodie de Printemps". Elle serait la plus longue du monde.

D'un coup de pinceau...


... mais quel coup!

C'est de la calligraphie et de la tradition que naît la peinture de Guo Xianzhong, sous le pinceau de qui l'animal prend forme dans l'idéogramme, le coup de pinceau reste celui de l'écriture et donne vie à des créatures stylisées, et tellement réalistes. Petit détour par Chongqing.






Source ici

dimanche 28 mars 2010

Cha da bao - thé à l'emporter

Hier, j'ai reçu un très joli cadeau typiquement chinois, qu'il va me falloir apprendre à utiliser. Un nécessaire à thé de voyage! Je vais enfin pouvoir reproduire une parfaite cérémonie chinoise du thé lors de mes errances de routarde solitaire. Et je vais pouvoir inviter plein de monde, car le nécessaire comprend huit bols à thé! Huit! De quoi se faire plein d'amis amateurs de thé au fil des routes!

Je le fait découvrir dans ces pages, car il est assez particulier, et très différent de ce que l'on connaît en Europe. Pour commencer, il tient dans une petite mallette pas plus grande qu'un trousseau à maquillage. A l'intérieur, la théière, son filtre, huit bols et une pince.


La campeuse barbare qui se balade avec son inséparable tasse de métal va prendre de petits airs raffinés! Le nécessaire est en fine porcelaine blanche, décoré de mes chers poissons koï (comme on aura pu remarquer dans la mise en page de ce blog... vous avez pensé à nourrir mes poissons?) et du telle finesse que la lumière filtre au travers!


Le filtre est en porcelaine aussi et se pose sur la petite téière. Il ressemble à un petit bol avec un couvercle, au fond, un  filtre et un seul petit trou: le thé prendra donc du temps pour passer au goutte à goutte d'un récipient à l'autre, mais quelles gouttes!



Quant à la pince, elle sert à tenir les bols alors qu'on les rince avec de l'eau chaude, puis du thé chaud, avant d'enfin pouvoir goûter. Car, raffinement oblige, ce thé là doit être goûté.  Dans de tout petits bols. Premier bol, première infusion (pour huit personnes). Puis on rince, remet de l'eau: deuxième infusion. Et de commenter le goût qui évolue. Certains thés sont meilleurs après plusieurs infusion, d'autres sont meilleurs au début. Voici donc un authentique nécessaire de connaisseurs baroudeurs raffiné. Je ne suis néanmoins pas tout à faire sûre de correspondre à  cette description... 


Quelle splendide journée

 
Un ciel d'azur, du soleil et des cerisiers en fleur... que demander de plus?

Et en plus, on est samedi. Autant le dire, un week end qui commence comme ça ne peut que mener à un seul endroit: le parc impérial à côté de chez moi. C'est là que ce sont donné rendez-vous tous les amoureux des arbres en fleur. Et en Chine, des amoureux des arbres en fleur, il y en a beaucoup. Lorsque le paysage se pare de nouveaux atours, premières neige ou floraison, les chinois y trouvent l'opportunité de pratiquer leur hobby préféré: la photographie! Et comme je me sinise beaucoup, je rapporte un bon lot de souvenirs fleuris de cette splendide journée. Cadeau.

Plus ici

vendredi 26 mars 2010

Chaud-froid

   
Histoires de chauffages

Non, promis, je ne vais pas parler de ma douche.

Mais du chauffage, si. Sujet brûlant (contrairement à la douche), qui certainement,  à son instar, excite l'attention! Ou peut-être pas. Reste néanmoins que le chauffage urbain en Chine mérite le libellé insolite sous lequel je classe cet article. Car son fonctionnement est des plus curieux.

Il faut tout d'abord dire que la Chine est coupée en deux. Il y a le nord, qui mange du blé (des nouilles) et le sud, qui mange du riz. Entre deux, il y a les montagnes "trop blanches", Tai Bai, contre lesquelles Xi'an s'adosse. Les nouilles et le riz ne sont cependant pas les seules différences citées régulièrement. Il y a aussi l'accent (il y a bien sûr plusieurs accents différents au sud comme au nord, mais il se regroupent néanmoins sous certaines similitudes qu'ils partagent en commun et que je découvre dans les problèmes de prononciation rencontrés par les élèves) ... et il y a, le chauffage. C'est très simple: au sud il fait chaud donc il n'y a pas de chauffage central (en hiver, à Chongqing, on baigne dans une froide humidité qui glace les os, surtout lorsque l'on se glisse entre les draps mouillés de son lit). Les gens se chauffent donc avec les  climatiseurs, pour les plus riches, autour de braseros, pour les plus modestes. Et lorsqu'un coup de froid pointe son nez, la panne d'électricité n'est pas loin, l'usine thermique (au charbon) ne suivant plus la demande électrique ds climatiseurs. Le même problème apparaît lors des gros coups de chaleur en été. Et oui, le climatiseur nest pas le meilleur moyen d'économiser l'énergie.

Au nord, en revanche, il y a le chauffage central. Car au nord, il fait froid en hiver. C'est logique. Et on retrouve dans les immeubles le charmant radiateur, avec ceci de particulier, qu'il n'a pas de manette. Aha! Et voilà la deuxième particularité, des plus étranges, il faut le dire: on ne contrôle pas soi-même son radiateur! Plus bizarre encore! Ce n'est pas non plus le responsable de l'immeuble (s'il y en a un - chez moi, je n'en suis pas franchement sûre) qui décide de quand enclencher le chauffage. Il y a des dates pour cela. Et c'est national (ou du moins, nord-national): chauffage il y a du 15 novembre au 15 mars. (Il me semble cependant que la décision soit plutôt locale, mais synchronisée avec les autres régions et du ressort des autorités tout de même.) S'il fait froid plus tôt ou chaud au début mars, et bien tant pis. La météo n'a qu'à suivre la règle! On grelotte ou on sue, tous en cœur! C'est ça, l'esprit collectif! Et la chaleur du radiateur peut varier dans la journée (il y a donc aussi des heures? Telle température pour telle heure?) C'est ainsi que je confirme: les chinois préfèrent se doucher le soir. Et c'est donc le soir, uniquement, que fonctionne le radiateur de la salle d'eau (oups, j'avais dit que je ne parlerai pas de ma douche)!

Ceci implique bien sûr que lorsque l'on s'absente un mois pendant les vacances, et bien l'appartement continue d'être chauffé. Bonjour la protection de l'environnement!

Source photo: fr-humour.com

jeudi 25 mars 2010

C'est le printemps...

   
... les magnolias sont en fleurs!


Pour apprendre à peindre de beaux magnolias comme ça, c'est ici

MA Jian - "Chemins de poussière rouge"

   
Trois ans d'errances sur les routes de Chine

Ma Jian est un jeune artiste pékinois dans les années '80. A l'heure de la campagne contre "la pollution intellectuelle",  son ton libre et irrévérencieux ainsi que son mode de vie libéré déplaît, au point qu'il lui faut quitter Pékin. Adepte récent du bouddhisme, il décide alors de faire une quête spirituelle en passant par les lieux les plus sacrés de Chine. Son but ultime étant le Potala à Lhasa. Il suit donc la muraille jusque dans le Gansu mais, à court d'argent, se voit obligé de rejoindre Chengdu. En fait, il ne verra pas Lhasa avant trois ans. Trois ans d'errances à travers une Chine en pleine mutation, du nord à l'ouest, puis vers le  sud, pour revenir vers l'Ouest. Un voyage fait de surprises, de contrastes et de désillusion.

A travers son périple, Ma Jian permet de voir la Chine comme aucun voyageur ne la verra jamais. Celle d'un routard chinois. Plus que n'importe quel ouvrage, le livre de Ma Jian permet de se plonger dans les réalités des années '80. Celle de Pékin, si différente de Shanghai, celle du Yunnan profond, oublié, celle des grands espaces vides, et des villes surpeuplées, celle du Tibet, dans toute sa rude crudité. Il publiera d'ailleurs un second ouvrage, "La mendiante de Shigatse", sur son expérience tibétaine. Ma Jian est censuré en Chine. Il vit aujourd'hui à Londres, après avoir vécu plusieurs années à Hong Kong.

A mes yeux, "Chemins de poussière rouge" est un livre incontournable. et un beau coup de cœur.

mercredi 24 mars 2010

Et si on jouait un peu avec la censure chinoise sur Google?

   
Le 22 mars, une ONG de défense des droits humains applaudissait la décision de Google de ne plus censurer son moteur de recherche en Chine. Un peu rapidement peut-être. J'apprenais la nouvelle ainsi. Deux jours plus tard, à ma première connexion firefox, je vois apparaître la page du moteur de recherche google en chinois. Un peu étonnée, je regarde l'adresse: ma page a été redirigée sur Hong Kong. Ah. J'essaie alors google.com: la page ne s'affiche pas. Elle ne marchera qu'avec le proxy. Une petite recherche dans l'actualité me confirme ce que j'avais dûment constaté: la Chine et Google continuent de se voler dans les plumes. Analyses du côté des nouvelles occidentales, hauts cris à la trahison du côté des journaux chinois. Bon.


Alors j'ai eu l'idée de tester un  peu se nouveau google qui soit disant se voudrait sans censure. L'expérience est facile. Il suffit d'aller sur le site de google.hk  (puisque c'est depuis là que surfent désormais les chinois) et de taper, en chinois, Tian An Men 天安门  dans la recherche d'images (le site propose les caractères chinois automatiquement). Voilà ce que ça donne:


C'est beau! C'est vert! Couleurs joyeuses oun politiciens soucieux en train de faire leur travail de politicien (c'est-à-dire donner une conférence de presse, autrement dit, informer la population) .Maintenant, sur le même site, tapez la même recherche sans les caractères chinois. Ça donne ça:


Ah! La troisième image détonne un peu mais ça reste politiquement correct. Déménageons maintenant sur google.com, aux US. La même recherche donne, bien sûr, des résultats complètement différents, et bien moins idylliques:


Google ne censure plus son moteur de rechercher? Belle plaisanterie. La censure n'a pas bougé d'un iota, mais le site a déménagé. CQFD.

mardi 23 mars 2010

L'enfant qui était né dans la Chine consumériste

   
Loin des montagnes brumeuses, fleurs de lotus ou de pivoines, roseaux, insectes, oiseaux, chevaux,  roseaux, paysages champêtres et calligraphies que l'on s'attend à trouver si l'on fait une recherche sur la peinture chinoise, coexiste une scène artistique moderne en rupture complète avec la tradition. Une simple recherche google "peinture chinoise" montrera des peintures traditionnelles. Une recherche "artistes chinois" révèle un tout autre monde.

La scène artistique contemporaine est très active, en Chine, et nombreux artistes sont connus mondialement. Dans les années '80, elle explosait, mais se voyait muselée par la censure. Il suffit de lire Ma Jian* pour avoir une idée de l'atmosphère en 1980 à Pékin: entre ouverture et répression, provocation et musellement, l'art prenait une forme nouvelle qui s'écartait non seulement de la tradition, mais du réalisme de la peinture de propagande. L'après Tian-An-Men voit l'avènement du réalisme cynique, des artistes désabusés expriment à travers leur art leur vision critique de la société. Reviennent alors les mêmes thèmes récurrents: la société de consommation, la famille autour de l'enfant unique, les paradoxes sociaux, et la politique: que ce soit le parti, ou le simple fait de secouer les bons vieux tabous, par des actions provocatrices.
*"Chemins de poussière rouge"

J'aimerais présenter dans ces pages quelques artistes. Des plus surprenants à ceux qui m'auraient le plus touchée, par un art plus traditionnel.

Kang Can, un artiste de Chongqing, a choisi pour sa part de jouer sur la vulnérabilité du nouveau né chinois, écrasé par le gigantisme et le consumérisme moderne. Ainsi, il représente des bébés chinois,  qui rappellent un peu ceux de Anne Geddes, dans d'écrasants contextes, principalement consuméristes. Le contraste est parlant. Et frappe juste, dans un pays qui, pendant les années de fermeture lorgnait vers l'ouest, l'eau à la bouche et se retrouve, tout soudain, avec la profusion rêvée, et le mot d'ordre gouvernemental "consommez". Il ne fallait pas le dire deux fois pour que les villes chinoises se transforment en super centre commerciaux de luxe, et que le sport national devienne le shopping.

Mais l'art de Kang Can ne se limite pas à la consommation.  Le bébé évolue dans un monde de géant, tout est démesuré autour de lui. La folie des grandeurs? C'est après tout, un discours récurrent. "La Chine est grande", "la Chine est puissante" et "la Chine a montré au monde qu'elle fait partie des grands" dixit politiciens, journaux et  jeunesse convaincue. On peut imaginer la pression d'être obligé d'être grand.



Sources:

lundi 22 mars 2010

Petites leçons de consumérisme pour marmotons: le modèle de la famille heureuse

     
Après Bob l'éponge, qui m'avait semblé sacrément saugrenu (les gens paient vraiment pour aller voir les aventures d'une éponge au cinéma?), voici les aventures... d'une paire de cannette de boisson!

Non, non, tout est possible. Dans un bus, j'avais pris mon air blasé de voyageuse urbaine coincée sous quelques aisselles, accrochée du bout des doigts à une barre de métal (enfin je crois), les pieds serrés contre mes sacs de course posés par terre. Et le regard tourné vers la télévision (un peu de force il faut le dire, je n'aurais pas vraiment su comment tourner autrement la tête. Voilà ce que c'est que de sortir le bout de son nez un samedi de beau temps !) Et là, mon expression a changé du tout au tout. J'ai soudain réalisé que je regardais... une histoire de cannettes de boisson, avec leurs amis la fourchette et la brosse à dent et leur chien: une boite de sardine qui aboie!

Le dessin animé s'appelle
"哈皮父子", ce qui veut dire "Happy père et fils". Copiez le titre en chinois, collez sous google et allez chercher les images, vous en aurez plein! En attendant, voici le papa et fiston:


 On passera  le côté "nous les produits de consommations, héros heureux!"

A visionner ici

dimanche 21 mars 2010

La Chine sur deux bâtons

   
Le premier qui rira ...

Avant d'y aller, j'imaginais que le Japon était un pays sûr et moderne. Comme toute illusions qui se respectent, les miennes se sont rapidement évaporées. Surtout celle sur la modernité, le jour où j'ai posé les yeux sur les béquilles sur lesquelles j'allais devoir m'appuyer pendant trois mois. Ah! le beau souvenir du Japon traditionnel que je m'offrais là!

Me voilà donc, depuis quelques longues semaines, en train d'explorer la Chine sous un nouvel angle. Celui de la personne handicapée (physically challenged comme ça se dit dans les bus japonais. Notez la subtilité et la délicatesse de l'expression!) Ce n'est pas une expérience inutile en soi, c'est même plutôt intéressant, le désagrément mis à part. Car à bout de bâtons, la Chine prend un tout autre visage. Celui d'un pays où il faut être jeune, et sain. Et où il faut vivre en communauté. Le célibataire individualiste a intérêt à rester en bonne santé, s'il ne veut pas voir son expérience chinoise tourner à l'aigre.

Ainsi, il semblerait que les ascenseurs soient une invention nouvelle. Réservée aux privilégiés. Et aux privilégiés sains et rapide, vu que la porte ne daigne pas rester ouverte plus de 3 secondes! On entre pas dans les ascenseurs, on saute dedans. Mais je ne suis pas une privilégiée. En tout cas pas au niveau du logement. C'est donc à bout de béquille que je dois escalader les 5 étages qui mènent à mon appartement. 

Mais parlons salles d'eau. Et bien avec des béquilles ça peut aller, si on fait bien attention de ne pas glisser ensuite quand le sol est recouvert d'eau (froide). Mais on peut quand même se demander comment ferait quelqu'un en chaise roulante (s'il était parvenu au 5ème, bien sûr). Et si j'ai la chance d'avoir des toilettes occidentales, je dois tout de même me retenir jusqu'à ce que je sois chez moi à chaque sortie. Vous avez déjà essayé les toilettes turques avec des béquilles? Même quand elles sont propres ça tient du jeu d'équilibriste. Et c'est là que je constate que des toilettes pour personnes "physically challenged", ou simplement âgées (je me demande comment font les personnes âgées quand leur fragile vessie les envoie à la case p'tit coin, publique ou non, vu que la majorité des appartements ont des toilettes turques), ça ne court pas les rues, ni les restaurants, aussi chics soient-ils. J'en ai rencontré deux fois: à l'aéroport, et dans le grand complexe de cinémas.

Tout cela n'est que détails, comparé aux routes. Premièrement, on ne sait jamais, lorsque l'on met le nez dehors, si la route sera toujours là. C'est un peu une manie, ici, de refaire les trottoirs et les routes même quand elles n'en ont pas besoin. Ceci dit, elles en ont souvent besoin. Le gars qui fabrique des catteles (carreaux de faïence, pour les non-helvètes) doit avoir le bras sacrément long pour avoir su l'imposer à la Chine entière! Tous les trottoirs de Chine sont recouvert du même matériau fragile, qu'il faut sans arrêt remplacer et qui se transforme en vraie patinoire à la moindre goutte d'eau. Les grandes places, comme les escaliers qui mènent aux restaurants (où à la boulangerie), sont en marbre noir incessamment récuré à coup de panosse, et donc toujours mouillé. La Chine, ça glisse! Et c'est casse-gueule. Une mesure pour réduire la population?

Il faut dire qu'il faut être fou, quand on est handicapé, pour sortir seul. Ou pour sortir tout court. Du moins, c'est l'opinion de nombreux chinois qui s'illuminent d'étonnement (et rient) en voyant une étrangère se balader à bout de béquille. Un ami, il y a quelques temps, me racontait qu'à Pékin, un homme traversait la route en chaise roulante. Autour de lui, les chinois commentaient avec étonnement l'évènement: comment cela se faisait-il qu'il soit dehors? Et seul? N'avait-il donc pas de famille pour s'occuper de lui? Et voilà, ça résume tout. Les personnes handicapées restent chez elles. C'est la famille qui fait tout pour elles et si elles sortent, c'est entourées de plusieurs membres du clan, pour les aider. Ainsi, combien de fois ai-je vu une famille entière porter à bout de bras la chaise de leur aïeul(e) pour entrer dans un restaurant, ou descendre les marches qui mènent au parc? Sans mentionner le système hospitalier où les soins se limitent au minimum que la famille ne peut faire elle-même. Des infirmiers pour nourrir ou laver le malade? Vous rigoler? Ça, c'est le boulot de la famille! Ainsi, 5 semaines après l'accident, lorsque l'on m'a sortie du plâtre pour le remplacer par une attelle, j'ai dû réclamer  pour avoir le pied lavé avant de l'enfermer à nouveau. On m'a alors tendu un vieux chiffon douteux imbibé d'eau. lave-le toi-même! Autant le dire, en Chine, il vaut mieux ne pas devoir se faire hospitaliser si on est seul. La solitude ici est une malédiction!

Un article ici sur l'hôpital et le système de soin en Chine.
A qui sait vouloir, rien n'est impossible: des voyageurs pas comme les autres

samedi 20 mars 2010

Premiers essais de peinture chinoise

Shohei Imamura - "Unagi"

   
Hier, j'ai regardé un film. En japonais. Sous-titré en chinois. Avec un mec qui cause avec une anguille. Qui ne lui répond pas. Et pour cause, c'est une anguille. Même pas une belle anguille. Une anguille filmée sans art. Bêtement anguille. Sans plus.

"Le temps n'a pas la même valeur pour tout le monde",  "Quitte à s'ennuyer, autant aller jusqu'au bout", "Pfff, quelle snob! Peut pas aller sur FB, comme tout le monde? (Ou écrire un blog?)" J'entends déjà les commentaires.

Oui, bon, à première vue, faut être désespéré pour faire un truc pareil, c'est vrai. Mais le pire, c'est que j'ai non seulement bien aimé, mais ne me suis pas sentie le moins du monde handicapée par les langues. Non, je ne parle pas du tout japonais, ni ne lit le chinois. Mais pas besoin de maîtriser les langues pour comprendre "Unagi". Ce film est avant tout un film esthétique, d'atmosphère, qui exprime les émotions, la rédemption, la détresse. Un film lent. Et beau. A ne pas regarder n'importe quand, bien sûr, mais à admirer tranquillement le jour où on veut regarder quelque chose d'un peu différent.

Résumé: Un homme surprend sa femme avec un autre homme. Il la poignarde et va se rendre à la police. Huit ans plus tard, il sort de prison, tenant dans un sachet de plastique: une anguille. Il s'installe alors dans la banlieue industrielle de Tokyo, s'occupe de son anguille, retape une bicoque, soigne son anguille et ouvre un salon de coiffure. Mais un jour, il  tombe par hasard sur une jeune fille qui vient de commettre une tentative de suicide et la sauve. Elle le rejoint malgré lui pour l'aider au salon de coiffure, mais n'arrive pas à percer l'écorce de cet homme renfermé, qui réserve ses émotions, son amitié et sa passion à son anguille.

jeudi 18 mars 2010

Il y a une grenade dans mon frigo

   
Oh! Angoisse!

S'il y a une chose au monde que je ne comprends pas, c'est la grenade. Le fruit. Je n'ai aucune envie de comprendre les grenades militaires et la ville se découvre avec plaisir. Ce qui n'est pas le cas du fruit.
Ma première rencontre avec une grenade fut mémorable. Elle eut lieu au Kosovo, alors que j'étais assise sur le bord d'un divan reluisant de propreté, dans un appartement reluisant de propreté, entourés d'hôtes rayonnants d'inquiétude de me voir apprécier ma visite. J'étais assise, chez mon propriétaire. Un homme adorable, artiste qui avait étudié à Paris et qui aimait beaucoup parler en français avec moi. Et j'appréciais beaucoup sa compagnie aussi, mais plutôt chez moi que chez lui. Car dans son salon, j'étais mal à l'aise. On m'entourait d'attentions. Je me répandais en remerciements, en "non, il ne faut pas!", en "je ne veux surtout pas vous déranger"... Ah! l'hospitalité kosovare, ou musulmane de manière générale (l'hospitalité palestinienne n'est pas prête de quitter ma mémoire). Le thé (turque) était bon, mais je n'avais pas faim pour toutes les friandises que l'on me présentait: une tarte faite exprès, vite fait bien fait, pour ma  visite, des friandises que l'on me déballait, des fruits. On me cajolait. Jusqu'à ce que l'on me présenta... une grenade.

Autant le dire, je ne suis pas prête de l'oublier, cette grenade. Je ne l'ai pas ouverte moi-même, mais je me suis retrouvé dans l'obligation de poliment la consommer devant mes hôtes, extrayant maladroitement les petits grains rouges qui sautaient d'un coup dans tous les sens (d'où l'inspiration militaire) et se répandaient sur le divan, le tapis, la table, mes habits, tous impeccables  (du moins pour les meubles) jusque là. Et moi de me répandre aussi, en excuses. Tandis que les femmes, assises autour de moi, se réjouissaient de me faire découvrir quelque chose de nouveau, je m'empourprais sous la confusion de ma maladresse. Quel fruit idiot, me disais-je! Même à mon pire ennemi je n'offrirais pas un fruit aussi stupide. Quelle humiliation l'on fait subir à son hôte, en lui offrant une grenade! A la moitié du fruit, je finis par demander si je ne pouvais pas emporter le reste chez moi, pour en jouir plus tard. Autant le dire, mon opinion des grenades ne s'élevait pas bien haut. En fait, elle plongeait plutôt dans des abysses sans fond.

Ajoutons à cela je traumatisme d'enfance du sirop à la grenadine, que les adultes commandent d'office au resto pour la "gamine". Oui mais alors vert, le sirop. Pas rouge. Rouge, ce sera pour plus, quand j'aurais le droit de boire de la bière. Et encore. Juste pour essayer.

Mais voilà-t'y pas* que je me  retrouve au pays des grenades. Non, pas la Chine. Le Shaanxi. Et surtout, Xi'an. Il y a même un festival des grenades. Et tous ceux qui se rendront au musée des soldats de terre cuite ne manqueront pas de remarquer les champs de grenadiers qui y mènent, et les vendeurs de grenades au bord de la route. C'est donc tout naturellement que, la malade emplâtrée que je suis, reçut en cadeau, deux grenades! Et oui, en Chine, on offre des fruits aux malades. Et l'on offre aussi des spécialités. Les deux combinés, je ne pouvais donc que recevoir des grenades.
* comme dirait ma grand-mère

Autant le dire, après les remerciements d'usage, ma première réflexion fut: "mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ces trucs?" C'est ma voisine russe, culinairement plus créative, qui a répondu à la question. Et la réponse fut la bonne: je me suis vue offrir un bracelet de grenades! Ah! La générosité russe!

Le bracelet de grenades:
Il s'agit essentiellement de couches d'ingrédients disposés en anneaux superposés, comme ceci:

1. Au fond: pommes de terres, écrasées avec de l'ail et soit de la mayonnaise, soit du fromage blanc (Anchor ici, Philadelphia va aussi). En tapisser en anneau le fond d'un plat rond.
2. Une couche de mayonnaise (coréenne, la chinoise est sucrée et se met sur les salades de fruits)
3. Une couche d'oignons finement découpés
4. Une couche de viande (ici du jambon, mais du poulet serait préférable)
5. Une couche de carottes râpées
6. Une couche de persil
7. Une couche d'œufs durs réduits en miettes
8. Une couche de betterave rouge râpée mélangée à du fromage crémeux blanc (le même) ou de la mayonnaise (ici on trouve une marque allemande en bocal, trempée dans un vinaigre léger. Très bon).
9. Parsemer de graines de grenades.

Et voilà.

C'est très bon. Peut-être pas forcément à cause de la grenade, mais il faut lui laisser ça, elle donne un petit goût acidulé rafraîchissant. Dommage qu'il y ait des pépins.

Bref, je me suis à peu près réconciliée avec la grenade. Non pas que je vais en acheter une, mais au moins, si on m'en offre une, je sais quoi en faire et je continuerais d'explorer les possibilités de salades.


mercredi 17 mars 2010

Zhang Yimou - "Riding alone for thousand of miles"

   
Une éloge du Yunnan

Riding alone for thousands of miles (Qian li zou dan ji), c'est tout d'abord le titre d'une pièce d'opéra populaire du Yunnan. C'est ensuite le titre d'un film de Zhang Yimou un peu différent de ses derniers films héroïques et tape-à-l'œil: le cheminement d'un père sur les traces de son fils.

Takata Koichi ne parle plus à son fils, et son fils, Kenichi, ne lui parlent plus non plus. Même quand, appelé d'urgence, son père vient le voir à l'hôpital, Kenichi refuse de le voir. Mais l'état de Kenichi est très grave. C'est alors que Takata découvre la vidéo d'un reportage que son fils tournait dans le Yunnan, au sujet des opéras populaires locaux (opéra nuo ou "fossil vivant"). Il y fait une promesse à un acteur qui ne peut pas jouer: celle de revenir le voir. Le fils ne pouvant tenir sa promesse, c'est le père qui, sans prévenir personne, va se rendre dans le Yunnan pour tenir la promesse de son fils.

Riding alone est un très beau film. De par son esthétique d'abord. Zhang Yimou, comme d'habitude, nous offre une photographie intense, des paysages superbes, des prises de vues à couper le souffle. Et ceci, dans l'un des plus beaux cadres de Chine puisqu'il nous emmène pas loin de Lijiang, ville célèbre pour la beauté de sa vieille ville autant que pour son paysage de montagne époustouflant. On découvre, avec Takata, non seulement la tradition des opéras villageois mais également la bonhommie chinoise, la bonté des gens. Zhang Yimou, qui s'est peu à peu spécialisé dans des films miroirs d'une Chine reluisante, ne manque pas de nous donner envie d'aller découvrir ses personnages, tout en accompagnant sans voyeurisme un père à la redécouverte de son fils, et de l'enfant, du Fils en général. Un très beau film, lent, esthétique, sur la découverte de soi, et des autres.

Scène d'opéra nuo

mardi 16 mars 2010

Coup de coeur pour... Langzhong 阆中



La ville du vent et de l'eau

Niché dans les méandres de la paresseuse Jialing dont les eaux sont peu pressées d'aller se mêler à celles du fleuve jaune à Chongqing, un trésor se cache. Un trésor de plus de 2'300 ans. Que personne ne daigne visiter. C'est Langzhong, petite cité qui a réussi à préserver son architecture ancienne et à la tenir loin des regards. Il  faut dire que Langzhong ne se trouve pas sur les grands circuits touristiques. Il faut faire un détour pour aller l'admirer. Or les voyageurs qui vont dans le Sichuan favorisent Juizhaigou ou se dirigent vers le Yunnan en passant par le Kham. Rares sont ceux qui se dirigent vers Chongqing. Plus rares encore, ceux qui s'aventurent sur les routes cahoteuses qui mènent à Langzhong.

Certes, la ville est modeste. Et si les touristes chinois lui ont déjà donné ce petit air de parc d'attraction culturel qu'arborent malheureusement tous les sites touristiques de Chine, cela reste modeste, et parfaitement. Peu de touristes, et moins encore d'étrangers, foulent les pavés anciens de ce petit bijou et à les gens y font des yeux ronds et se réjouissent de voir cette rareté qu'est la touriste étrangère. Du coup, il faut aimer être abordé. Non pas pour se voir pressé d'acheter, mais juste pour laisser l'occasion aux gens de parler à la laowai. Bien sûr, les habitants de Langzhong se réjouissent aussi de voir leur ville sortir de l'indifférence, car ils aimeraient beaucoup la voir figurer parmi les sites touristiques à ne pas manquer. Et ça va certainement être bientôt le cas, puisque Langzhong est candidate pour devenir un site protégé de l'UNESCO et que le gouvernement prévoit de dépenser 3 mio de Yuan dans sa rénovation. Autant le dire, après cela, Langzhong perdra ce qui fait tout son charme: le fait d'être une ville ancienne ignorée des touristes. Et la quatrième ville la mieux préservée de Chine, selon China-Information.

Je m'y suis rendue en 2008 depuis Chongqing. 3 heures de route, m'avait-on dit. Oui, 3 heures. De tape-cul sur une route en devenir spécialement faite pour les 4x4, ce que notre vieux bus n'était pas. On sautait si haut sur nos sièges qu'on atterrissait pas toujours dessus. En tout, le voyage a duré 5 heures (2 heure de route normale! Si, si!) Autant le dire, une fois arrivé, on a plus les vertèbres à la même place.

Une autre excellente raison de visiter Langzhong? L'art du vent et de l'eau. Ou FengShui. Cet art si prisé en Occident, qui fait fureur chez les libraires à un point qui surprend et fait rire mes étudiants chinois (non, le fengshui n'est pas vraiment à la mode en Chine et les élèves ouvrent de grands yeux quand je leur montre le choix des ouvrages sur le sujet par une simple recherche sur amazon). Langzhong est, semble-t-il, la seule ville préservée construite sur les principes du Fengshui des Tang.  On y trouve un très beau musée sur le  sujet. De quoi se demander comment cela se fait que tous les amoureux de cet art ne s'y précipitent pas!

En fait, le prestige de Langzhong n'a pas toujours été ignorée et elle fut même, pendant la dynastie des Han, un important centre d'études astronomiques.

Ah! Flâner, le temps d'un week end, dans la Chine ancienne, sans hordes de touristes! Et se perdre dans les sourires des sympathiques habitants de Langzhong! Rien que pour cela, cette bourgade est un authentique coup de cœur!

Un article en anglais ici

dimanche 14 mars 2010

Bec à sucre

Ce matin, pas de matin.

Et pas de ciel non plus. Une oppressante grisaille enrobe le monde, comme si le jour n'avait jamais existé. Blottie au fond de mon lit, j'ai de la peine à comprendre si c'est l'aube, ou si c'est possiblement la journée que l'on aura aujourd'hui. Ça doit être la journée, car les travailleurs du chantier percent, frappe, scient à tout va depuis quelques heures déjà. Ici, on ne se réveille pas au doux chant des oiseaux.

Bon, va falloir rattraper ça. Dans la cuisine, d'abord.

Il fait trop sombre pour ne pas allumer, autant utiliser des bougie. Et un bon chocolat chaud. Tartines sur du vrai pain (oh, inestimable trésor) avec de la confiture de framboise (petit luxe importé de France). Se planquer sous la couverture avec un Pratchett, une petite vidéo sous la main pour midi, programmation d'une petite sieste au doux chant de la pluie: et c'est parti pour une bonne journée! Et surtout! Qu'on me fiche la paix! (A part, évidemment, si c'est pour une bonne partie de Sho autour de petits gâteaux(1)!)
1. Des tetches aurait dit mon grand-père, des titis, répondrait ma mère

Et puisqu'il fait le temps idéal pour cela, parlons donc des titis d'ici.

Il y a quelques temps, alors que je ne me déplaçais pas encore sur deux bâtons (interdiction de me surnommer Liang BangZi!!! Ce charmant p'tit nom est déjà pris!), je me suis rendue, avec quelques amies, au paradis.

Si, il existe sur terre. Même qu'il se trouve dans une bâtisse des plus ordinaires, ne serait-ce sa taille et son contenu. A l'intérieur, une multitude de magasins de thé! Tout pour le thé, les tables, les plateaux, les cuillères, les petites bestioles que j'affectionne temps, les tasses et théières qui font un musée à elles seules, les boites, le thé bien sûr, à perte de vue, que l'on caresse, tâte, renifle (quand on ne s'y connaît pas), car le thé se choisit autant au touché qu'au regard!... et des pâtisseries!

Le Pu'er, compacté en pastilles ou en plateau, avec toutes ses variantes du moins cher au plus couteux. Le bai cha ou thé blanc,  superbe, qui vaut une fortune, le thé vert, sous toutes les formes possibles, Oolong, que l'occidental a de la difficulté à ne pas prendre pour du thé vert, le ba bao cha, ou thé des huit trésors, pour les petites bourses des becs à sucre, le Oolong au Gingseng, avec son petit goût de réglisse que l'on provoque en aspirant de l'air entre les dents après en avoir pris une gorgée et s'en être rincé la bouche.

Autant le dire, on ne sait plus où donner de la tête. Et du nez. Mais je me fie trop à mon nez, moi qui suis accro au Lady Grey et Earl Grey, qui adore le Lapsang Souchong (introuvable ici! Il faut que je migre dans le Fujian!) et le chaï indien. En Chine, le nez compte finalement assez peu pour choisir son thé. "Ni budong cha!" - "Vous ne comprenez pas le thé!" m'avait lancé un vendeur de thé alors que je tentais vainement de choisir un Pu'er, n'y connaissant rien au Pu'er. Je n'en voulais pas car il n'avait aucune odeur. Pour moi, un thé sans odeur n'est pas bon, il est éventé. En fait, le Pu'er ne se choisit pas avec le nez. S'il n'a pas d'odeur, il ne manque pas de goût. Et d'effet, comme j'ai pu le constater après en avoir bu une tasse où il était un peu trop concentré, un soir. Je passais ensuite une belle nuit blanche, la tête emplie de pensées qui défilaient à mille à l'heure, sans que je puisse ne saisir une seule. Depuis, je me méfie du Pu'er. C'est pire que le café.

Pour bien choisir, il faut goûter. Assises autour de la table à thé, nous regardons la vendeuse répéter les gestes rapides et routiniers de la préparation du thé. Il ne s'agit pas de se contenter de mettre du thé dans une théière et de la remplir d'eau chaude. Non. Il y a deux théières, sans compter la bouilloire. Elle remplit la grande théière de thé et d'eau chaude, rince la petite avec le premier mélange, la vide, la remplit à nouveau, la vide à nouveau, et une troisième fois. Pas de tasse ici, mais de petits verres de porcelaine dans lesquels elle finit par verser un peu de thé. Premier tirage, premier goût. On se rince la bouche, aspire de l'air pour augmenter le goût, commente. C'est un thé vert assez jeune. deuxième tirage. Le goût est complètement différent. Meilleur en fait. Troisième tirage, plus amer. Le thé évolue de tirage en tirage qu'il faut commenter, avant de se décider à acheter. C'est un bon thé, pour ceux qui aiment le thé vert.

Ensuite, passage obligé par le magasin de biscuits pour le thé. Il faut admettre que je résiste difficilement à l'envie de tout goûter! Mochi (ce petit gâteau de riz glutineux est japonais, mais en Chine il rencontre beaucoup de succès, et se présente un peu différemment. J'aime autant le mochi japonais que le mochi chinois) emplis de confiture de fruits dont j'ignorais complètement l'existence jusqu'ici! Ce sera pour plus tard, cette fois-ci, on essaye le mochi au thé vert. Petits gâteaux sablés à la mangue! Gelées de fruits (les chinois adore les textures gélatineuses. Rien à voir avec nos solides gelées de fruits.) On achète un peu de tout, pour essayer, autour d'un thé! On reviendra. Pour découvrir d'autres appats sucrés et acquérir d'autres bêbêtes à thé.

Pas loin de chez moi, il y a un immeuble. Il est comme les autres immeubles. Rien de vraiment extraordinaire. Mais à l'intérieur, il y a trois étages plein de trésors...


Voici un autre bon article sur le thé
Related Posts with Thumbnails