dimanche 14 mars 2010

Bec à sucre

Ce matin, pas de matin.

Et pas de ciel non plus. Une oppressante grisaille enrobe le monde, comme si le jour n'avait jamais existé. Blottie au fond de mon lit, j'ai de la peine à comprendre si c'est l'aube, ou si c'est possiblement la journée que l'on aura aujourd'hui. Ça doit être la journée, car les travailleurs du chantier percent, frappe, scient à tout va depuis quelques heures déjà. Ici, on ne se réveille pas au doux chant des oiseaux.

Bon, va falloir rattraper ça. Dans la cuisine, d'abord.

Il fait trop sombre pour ne pas allumer, autant utiliser des bougie. Et un bon chocolat chaud. Tartines sur du vrai pain (oh, inestimable trésor) avec de la confiture de framboise (petit luxe importé de France). Se planquer sous la couverture avec un Pratchett, une petite vidéo sous la main pour midi, programmation d'une petite sieste au doux chant de la pluie: et c'est parti pour une bonne journée! Et surtout! Qu'on me fiche la paix! (A part, évidemment, si c'est pour une bonne partie de Sho autour de petits gâteaux(1)!)
1. Des tetches aurait dit mon grand-père, des titis, répondrait ma mère

Et puisqu'il fait le temps idéal pour cela, parlons donc des titis d'ici.

Il y a quelques temps, alors que je ne me déplaçais pas encore sur deux bâtons (interdiction de me surnommer Liang BangZi!!! Ce charmant p'tit nom est déjà pris!), je me suis rendue, avec quelques amies, au paradis.

Si, il existe sur terre. Même qu'il se trouve dans une bâtisse des plus ordinaires, ne serait-ce sa taille et son contenu. A l'intérieur, une multitude de magasins de thé! Tout pour le thé, les tables, les plateaux, les cuillères, les petites bestioles que j'affectionne temps, les tasses et théières qui font un musée à elles seules, les boites, le thé bien sûr, à perte de vue, que l'on caresse, tâte, renifle (quand on ne s'y connaît pas), car le thé se choisit autant au touché qu'au regard!... et des pâtisseries!

Le Pu'er, compacté en pastilles ou en plateau, avec toutes ses variantes du moins cher au plus couteux. Le bai cha ou thé blanc,  superbe, qui vaut une fortune, le thé vert, sous toutes les formes possibles, Oolong, que l'occidental a de la difficulté à ne pas prendre pour du thé vert, le ba bao cha, ou thé des huit trésors, pour les petites bourses des becs à sucre, le Oolong au Gingseng, avec son petit goût de réglisse que l'on provoque en aspirant de l'air entre les dents après en avoir pris une gorgée et s'en être rincé la bouche.

Autant le dire, on ne sait plus où donner de la tête. Et du nez. Mais je me fie trop à mon nez, moi qui suis accro au Lady Grey et Earl Grey, qui adore le Lapsang Souchong (introuvable ici! Il faut que je migre dans le Fujian!) et le chaï indien. En Chine, le nez compte finalement assez peu pour choisir son thé. "Ni budong cha!" - "Vous ne comprenez pas le thé!" m'avait lancé un vendeur de thé alors que je tentais vainement de choisir un Pu'er, n'y connaissant rien au Pu'er. Je n'en voulais pas car il n'avait aucune odeur. Pour moi, un thé sans odeur n'est pas bon, il est éventé. En fait, le Pu'er ne se choisit pas avec le nez. S'il n'a pas d'odeur, il ne manque pas de goût. Et d'effet, comme j'ai pu le constater après en avoir bu une tasse où il était un peu trop concentré, un soir. Je passais ensuite une belle nuit blanche, la tête emplie de pensées qui défilaient à mille à l'heure, sans que je puisse ne saisir une seule. Depuis, je me méfie du Pu'er. C'est pire que le café.

Pour bien choisir, il faut goûter. Assises autour de la table à thé, nous regardons la vendeuse répéter les gestes rapides et routiniers de la préparation du thé. Il ne s'agit pas de se contenter de mettre du thé dans une théière et de la remplir d'eau chaude. Non. Il y a deux théières, sans compter la bouilloire. Elle remplit la grande théière de thé et d'eau chaude, rince la petite avec le premier mélange, la vide, la remplit à nouveau, la vide à nouveau, et une troisième fois. Pas de tasse ici, mais de petits verres de porcelaine dans lesquels elle finit par verser un peu de thé. Premier tirage, premier goût. On se rince la bouche, aspire de l'air pour augmenter le goût, commente. C'est un thé vert assez jeune. deuxième tirage. Le goût est complètement différent. Meilleur en fait. Troisième tirage, plus amer. Le thé évolue de tirage en tirage qu'il faut commenter, avant de se décider à acheter. C'est un bon thé, pour ceux qui aiment le thé vert.

Ensuite, passage obligé par le magasin de biscuits pour le thé. Il faut admettre que je résiste difficilement à l'envie de tout goûter! Mochi (ce petit gâteau de riz glutineux est japonais, mais en Chine il rencontre beaucoup de succès, et se présente un peu différemment. J'aime autant le mochi japonais que le mochi chinois) emplis de confiture de fruits dont j'ignorais complètement l'existence jusqu'ici! Ce sera pour plus tard, cette fois-ci, on essaye le mochi au thé vert. Petits gâteaux sablés à la mangue! Gelées de fruits (les chinois adore les textures gélatineuses. Rien à voir avec nos solides gelées de fruits.) On achète un peu de tout, pour essayer, autour d'un thé! On reviendra. Pour découvrir d'autres appats sucrés et acquérir d'autres bêbêtes à thé.

Pas loin de chez moi, il y a un immeuble. Il est comme les autres immeubles. Rien de vraiment extraordinaire. Mais à l'intérieur, il y a trois étages plein de trésors...


Voici un autre bon article sur le thé

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