dimanche 27 décembre 2009

Chongqing un jour… Chongqing toujours




« Vous allez à Chongqing ? Pourquoi Chongqing ? Vous n’allez pas aimer ! Allez plutôt à Pékin, Pékin c’est bien. » Et d’insister sur le bruit, la pollution, la laideur de la ville, la grossierté des gens, alors que Pékin, c’est tellement plus intéressant, plus beau.

Ainsi parlait le voyagiste chinois auprès de qui j’ai acheté mon billet d’avion. Oui, mais moi je vais à Chongqing, parce que j’y ai trouvé un travail. Bien qu’à force d’en entendre parler en termes peu élogieux, de voir que non seulement le voyagiste, mais les guides de voyage également, ne s’arrêtent pas à Chongqing, ou seulement s’ils y sont forcés, et ne lui accordent que peu de place, je commençais à avoir un doute sur le choix de ma destination, cette nouvelle aventure qui se présentait sous un jour brumeux et pollué, plutôt déprimant, comme me la présentait les photos de « google image ». « Chongqing peut se visiter en une journée », dit mon lonely, parlant d’une ville de 10 mio. d’habitants. C’est 3 mio. de plus que la population de mon pays ! « Je suis passée à Chongqing », me confiait une voyageuse, « à peine y ais-je mis les pieds, je suis repartie. J’ai détesté. » Apparemment, les quelques journalistes qui y sont restés le temps d’un article n’ont pas beaucoup aimé non plus, du moins, ils n’ont pas su en saisir l’esprit, bien qu’ils aient remarqué son côté fascinant.

C’est donc avec beaucoup d’appréhension que j’ai débarqué dans ma toute première mégapole. Pensez un peu, une lausannoise (130'000 habitants) perdue dans la tropicale cité des brumes dont les gratte-ciels flous et sans fin émergent au garde-à-vous tandis que la voiture venue me chercher file sur une interminable autoroute en slalomant dangereusement entre les camions. La voiture est climatisée, mais j’ai eu un aperçu en sortant de l’aéroport du fameux climat de Chongqing ! L’une des trois fournaise de Chine.

Premières impressions, premier coup de cœur. 
En arrivant à l’université (SISU) : les arbres hurlent. En cœur. Puis s’arrêtent. Et recommencent. On dirait une gigantesque machine qui s’ébranle et s’arrête, mais cela vient bien des arbres. Deuxième impression : je suis dans la jungle. D’ailleurs, un gecko m’attend dans ma cuisine. On cohabitera quelques temps.

Amoureux de Modigliani, vous aimerez les ficus de Chongqing. Amoureux des villes étranges, vous vous laisserez fasciner. Car Chongqing, c’est tout d’abord une jungle. Une jungle urbaine, chaotique, qui se cherche et se transforme au fil des jours. Et qui se mêle à la forêt, la jungle tropicale, qui envahit ses trottoirs, ses, murs, ses rues, son ciel. Ces ficus dont les troncs s’entremêlent comme des corps d’amoureux en train de danser lascivement pour exploser en une ramure d’émeraude (qui se découvre surtout les jours de pluie) dans laquelle se cachent les cigales. Les trottoirs se soulèvent sous les racines, les arbres rampent contre les murs, envahissent l’espace urbain autant que l’espace urbain a envahi leur territoire. Les deux univers s’entremêlent.

Ensuite, Chongqing, c’est la campagne. Imaginez un peu une mégapole en pleine expansion, une ville champignon qui explose, qui se répand, bien qu’elle soit enserrée par ses deux fleuves… et qui garde des airs de cambrousse ! Un ami qui vit dans un gratte-ciel au centre de son district me racontait que son voisin gardait un coq chez lui, et que celui-ci chantait tous les matins, à l’aube, réglant le rythme de l’immeuble ! Un voisin excentrique ? Non, les rues de Chongqing ressemblent à des ruelles de village où les poules fuient à l’approche des passants pour aller gratter plus loin la terre battue. Normal, la grande majorité des habitants de Chongqing viennent de la campagne. Et l’esprit paysan y règne plus que dans n’importe quelle autre cité : Chongqing, c’est la cité des paysans, la campagne à la ville.

Sortir et s’émerveiller
« Si vous n’avez pas vu Chongqing la nuit, alors vous n’avez pas vu Chongqing ». Ainsi parlent les Chongqinais. C’est vrai. Si la ville peut paraître terne la journée (il y fait assez rarement beau, il faut l’admettre), elle explose en un feu d’artifice de couleur la nuit. Ah !  siroter un thé en grignotant des graines de tournesol sur une terrasse de bois de Nanping Gongyuan, au bord du Yangtse, et regarder la ville s’allumer ! Prendre ensuite le téléphérique, traverser le Yangtse et rejoindre Jiefanbei pour aller souper dans un restaurant panoramique au sommet d’un gratte-ciel : une heure, un tour complet ! Et pourquoi ne pas terminer par un jeu de bowling au Metropolitan ?

A l’écoute de ses papilles
Mais la meilleure manière d’apprécier l’étrange mégapole, c’est de suivre son estomac. S’il aime l’aventure, il ne sera pas déçu. Question gastronomie, Chongqing reste une expérience inoubliable. Il faut dire que la région était plutôt pauvre, les gens se contentaient donc des abats, parfois de viande peu fraîche. Ils ont donc pris l’habitude de noyer les plats dans le piment et le poivre du Sichuan. Aujourd’hui, la situation est un peu différente, mais la sauce est restée. Gare à ne pass trop abuser du fameux huo guo !


Il ne faut surtout pas hésiter à s’enfiler dans les petites rues où abondent les stands de nouilles, les chuan chuan (hot pot - brochettes), les grillades. Si c’est l’authenticité que l’on cherche, c’est là qu’on la trouve ! Le mieux étant de manger un peu de-ci de-là, de goûter à tout. À plusieurs, il y a la convivialité du huo guo (hot pot) ou, en passant, le piquant des sunlafen (nouilles de patate douce dans une soupe au piment). Et surtout, il est impossible de manquer le hua jiao, le poivre du Sichuan, une aventure en soi ! Et pourquoi ne pas terminer par une œuvre d’art en sucre ? Il y a des artistes chez les confiseurs !

Retrouver le calme et la nature à Chongqing
Ras-le-bol de la ville ? Il est possible de se perdre sur les sentiers de Geleshan, autour de la prison qui vaut le coup d’œil en soi, mais surtout sur les sentiers des villages alentour, dans lesquels on peut s’arrêter et déguster un poulet rôti au piment qui laissera des souvenirs douloureux aux estomacs les plus fragiles. On peut aussi s’abandonner à la beauté du jardin botanique de Nanshan, immense et superbe, surtout au printemps. Mais gare à la foule ! Surtout le week-end. Le jardin du temple de Hua Yuan est aussi très agréable, avec son superbe Bouddha d’or.

Une balade le soir dans le vieux quartier restauré de Ciqikou, à l’heure où la foule s’est dissipée et où seules les maisons de thé d’où émanent de la musique traditionnelle sont encore ouvertes. Et voilà qu’on se retrouve plongé dans la Chine ancienne. C’est calme et agréable, tout le contraire de l’effervescence de la journée, quand la foule se précipite dans les boutiques de souvenirs folkloriques : objets anciens, costumes chinois, quelques trésors, beaucoup de bruit. Là, il vaut mieux aller se réfugier au temple, s’attabler sur sa terrasse et siroter un thé. Le petit temple de Ciqikou reste l’un des plus joli que j’ai eu l’occasion de voir.

Et si on veut vraiment se relaxer, il y a à Nanping des termes superbes : petits pavillons chinois avec bain privé et un lit pour se reposer, bains aux divers parfums, poissons mangeurs de peau morte qui adorent les pieds (ça chatouille !) et buffet à gogo à 23h00 : l’épicurisme chinois dans toute sa grandeur, pour un prix franchement très modeste. De quoi en jouir souvent, très souvent. Aussi souvent que l’on veut !

Et puis si l'on veut sortir de la ville, il y a Dazu, Langzhong, la forêt de bambou, la forêt de pierre... Pas toujours facile, cependant, de trouver le bon bus... ou même la station dudit bus.

Alors finalement, quelle impression reste-t-il de Chongqing ? Et bien celle d’une ville fascinante, mais qui demande du temps. On aime pas Chongqing du premier coup. Il faut lui laisser le temps de la découverte. Se perdre dans son labyrinthe (et après deux ans on se perd toujours), se laisser emporter dans ses petites ruelles, plonger dans son effervescence. Les gens de Chongqing sont rudes. Francs. Ils parlent fort, s’emporte, éclatent de rire, grognent. Bref, ce sont des montagnards. On se fait un peu bousculer, crier dessus puis on se prend une grosse tape amicale dans le dos. Ils ont cette franchise dans le contact que l’on ne trouve pas partout en Chine. C’est en les  quittant que je me suis rendue compte à quel point je les aime bien, les gens de Chongqing.

Quelques liens utiles:
Le groupe des femmes, organisation caritative qui aide les enfants les plus pauvres propose quelques liens
Les sites d'expats à Chongqing proposent des renseignements, des balades, des rencontres et des adresses pour un peu tout:

Vous trouverez des photos de Chongqing ici:

samedi 26 décembre 2009

"Un monde évanoui" - YU Hua

                     
Un univers rêvé derrière un rideau de pluie

Ce petit livre contient deux nouvelles. La première est un petit polar au bord de l'eau. Une rivière, et des personnages qui irrémédiablement rejoignent ses rives. Un polar dont l'intrigue importe moins que le décors. Une peinture. Mais c'est dans la deuxième nouvelle,  éponyme du recueil, que cet art de peindre par l'écrit atteint son sommet. Et c’est pour celle-là que j’ai acheté le livre.

Si on regarde une peinture chinoise représentant des montagnes, on est souvent impressionné par l’habileté du peintre à rendre la texture et la qualité des nuages. Dans ce pays où l’esthétique est basée sur les jeux de semblant et faux semblants, il n’est pas étonnant de découvrir que la meilleure qualité de Yu Hua est la peinture du décors. Dans les deux récits ils ne dominent pas seulement, ils jouent carrément le rôle principal. Pas étonnant, dès lors, que dans "Un monde évanoui" les personnages restent anonymes.

Un monde évanoui, c’est un village où tous les habitants sont dénommés par des chiffres. Quels chiffres ? Ceux de leur maison peut-être ? Seul le devin et l’aveugle (sans logement) n’en ont pas. Cela vaut d’ailleurs la peine, pour lire cette nouvelle, d’aller chercher la signification du symbolisme des chiffres en chinois, celui-ci étant si important qu’il va jusqu’à influencer le prix d’une ligne téléphonique, selon qu’elle porte bonheur ou le contraire. Par exemple, les chiffres 8 et 6 portent bonheur alors que le 4 (qui se dit se) se prononce comme la mort, et doit être donc évité. Mais que l'on comprenne cette symbolique ou non, l’atmosphère oppressante de ce monde inconsistant nous fait craindre le pire dès le début.

Il pleut, il bruine et le monde est flou. Chaque personnage a un problème particulier, maladie étrange, cauchemars et rêves prémonitoires et tout ce petit monde tourne autour du Devin, figure inquiétante dont les personnages ne peuvent se passer, maître des destins. Il les conseille, les guide, pour leur bien? Ou pour que « tout soit à sa place » ? Sorte de Dieu mangeur d’éternité et de chair, il est à la fois incontournable et ignoble.

La particularité de ce récit est de confondre rêve et réalité, d'être enveloppé dans une bruine qui ne s’arrête pas, monde gris où fantômes et chair se mélangent et se confondent, dans une solitaire interdépendance. Un très beau récit à ne pas manquer.

vendredi 25 décembre 2009

"Le Cheval de Saint Nicolas" - Mischa Kamp


Un petit film sympathique pour la saison

Winky Wong est une petite fille chinoise. Son père a ouvert un restaurant aux Pays-Bas et sa mère et elle vont le rejoindre. C'est les yeux écarquillés que Winky découvre un monde nouveau, elle qui auparavant pensait qu'"il n'y avait que la Chine et les chinois", comme elle le dit au début du film.

Changer de monde, ce n'est pas facile. Winky ne parle pas la langue, n'a pas d'amis et ses parents vivent dans la micro-Chine qu'est leur restaurant. Mais la petite fille apprend vite. Et se fait une amie: un cheval. Et ses propriétaires. Puis une amie à l'école. Et peu à peu, elle s'intègre. C'est alors que le monde scolaire se met à tourner autour d'un seul thème: Saint Nicolas. Comme les autres enfants, Winky entre dans le jeu, plus que les autres. Elle y croit, très fort. Tandis que ses parents ne comprennent pas. Elle se met alors en tête que Saint Nicolas exaucera son rêve le plus cher: avoir un cheval.

Ce conte est une jolie histoire qui aborde avec délicatesse le thème de l'expatriation, du choc culturel et de l'intégration. Ce n'est finalement pas Winky, mais ses parents, qui se sont recréé une  petite Chine chez eux d'où ils sortent peu, qui ont le plus de mal à s'intégrer. Mais ils ont leur fille, pour ébranler leur monde et leur faire découvrir la culture de leur pays d'accueil.

jeudi 24 décembre 2009

« Le Maître a de plus en plus d’humour » - Mo Yan


L’histoire d’un petit vieux presque honorable

L’usine de Maître Ding – maître étant le terme que l’on utilise en Chine pour s’adresser à un honorable travailleur qui a travaillé longtemps – très longtemps dans le cas de Maître Ding, a fait faillite. Les cadres, dans leurs belles voitures, montre toute l’humilité possible pour s’excuser de l’inconvénient : tout le monde est viré. Même Maître Ding, qui a fidèlement servi l’usine pendant trente ans et qui devait toucher la retraite un mois plus tard. Autant dire qu’elle lui passe sous le nez. Pourtant, on le couvre d’éloge, le met sur un piédestal, comme exemple, pour tous les autres travailleurs qui s’énervent déraisonnablement. En effet, Maître Ding (qui n’a pas saisi la situation), reste calme, hébété : il est donc l’exemple même de l’employé modèle qui après 30 ans de services fidèles se résigne dignement.

Mais l’éloge est facile et l’honneur ne nourrit pas son homme – ni la femme qu’il a épousé : Maître Ding en perdra même sa dignité quand toutes les portes se fermeront à son nez au moment de réclamer l’aide promise au départ. Sans travail, sans retraite, sans un yuan (kuai pour les intimes), il lui faut se montrer créatif, et balancer par la fenêtre certains de ses honorables principes et sa pudeur vieillotte : en effet, l’heure es à la créativité et la carcasse d’un bus dans un bois où passent les amoureux pourrait offrir une source de revenu intéressante, si seulement Maître Ding se montrait un peu moins… disons… vieux jeu ? Aidé (et un peu poussé) d’un ancien collègue, il retape le bus et se lance dans un petit commerce audacieux…dont il ne se serait pas cru capable.

Ce petit roman plein d’humour se croque en une soirée. Une soirée pour découvrir quelques valeurs culturelles chinoises bien ancrées mes vieillissantes, le clash des générations que ces valeurs représentent, les problèmes sociaux bien réels, entre développement économique et manque de structures sociales dans un monde où domine le « chacun pour soi », l’hypocrisie d’un socialisme sans socialisme, l’érotisme coquin d’un vieil homme d’une autre époque… bref, un roman tout en finesse et en subtilité pour aborder des thèmes bien moins subtils. Avec humour.

mercredi 23 décembre 2009

"Vie et passion d'un gastronome chinois" - LU Wenfu


Quarante ans d'histoire depuis la cuisine


Lorsque l’on m’a prêté ce livre, malgré les carottes sur la couverture, je n’étais pas très en appétit. C’est donc parce qu’il fallait que je le rende que je l’ai ouvert, curieuse quand même des petits plats inhabituels que j’allais y découvrir mais curieuse surtout de savoir comment l’auteur allait parvenir à faire une bonne histoire sur un thème comme celui-là. Et j’ai été surprise en bien, comme on dit chez moi (j’adore cette expression) : dés le début, ce petit roman au ton léger et plein d’humour (et ça, c’est un joli tour de force, si l’on tient compte du fait qu’il traite de 40 ans de vie et d’histoire  avant, pendant et après la révolution culturelle) m’a accrochée.

Nous sommes à Suzhou, petite ville réputée pour sa gastronomie. Le jeune Gao Xiaoting observe quotidiennement le rentier épicurien Zhu Ziye mener une vie oisive entre les trois repas raffinés qu’il prend chaque jour. Gao, pauvre, bénéficiant de la « charité » du goinfre, se sent humilié et promet de se venger. C’est ce qu’il fera quelques années plus tard lorsque, jeune communiste idéaliste, il s’attaque à la cuisine de Suzhou, confondant son idéalisme populaire avec sa rancune. Mais l’adversité lui réserve bien des surprises, et son extrémisme est bien gentil comparé à celui de certains opportunistes révolutionnaires : ainsi se trouvera-t-il tour à tour patron d’un restaurant de luxe,  debout aux côtés de son « adversaire », avec une pancarte « agent du capitalisme » autour du cou ou encore s'alliera-t-il à son "ennemi" pour quelques traffic... de choux. Surtout, sa vie restera toujours liée à celle de Zhu, avec lequel il va partager plus qu’il n’aurait jamais cru et surtout voulu. Jusqu’à devoir mettre un peu d’eau dans son alcool de riz.

Ce petit roman est écrit à la première personne, du point de vue de Gao dont les déboires font beaucoup sourire. Il faut dire ici que ce n’est pas l’un ou l’autre personnage qui gagne le duel, mais la gastronomie chinoise, qui a la vie dure, très dure. Et on s’en réjouit ! Dans un pays où, pour saluer, on dit : « Bonjour ! As-tu mangé ? »

samedi 19 décembre 2009

Transfert

Et voilà, le blog déménage.

Après les problèmes fatigants rencontrés sur live, je me suis enfin décidée à faire un peu de ménage sur cette page. C'est nouveau, donc c'est vide. Mais cela encourage à faire encore mieux.
A bientôt

PS: tout ce qui précède ce billet a été transféré de l'ancien blog après la fermeture par Microsoft des blogs Windows Live. En effet, Microsoft ayant automatiquement ouvert un compte wordcom pour mettre le blog, j'ai décidé de ne pas l'ouvrir au public mais de gentiment transférer les billets ici, tout en gardant leur date de publication. Le but n'est pas que le public de ce blog aille les chercher en 2009, mais que je puisse moi, me souvenir en les relisant. Ce blog est devenu, en quelques sortes, mon journal de bord.

mercredi 16 décembre 2009

samedi 12 décembre 2009

Instant de bonheur...


Il y a deux ans, à Shanghai, m'était arrivé une aventure étonnante: un couple de chinois m'avait demandé son chemin. En chinois. Et je leur ai répondu. Toujours en chinois. J'avais ensuite continué mon bout de chemin avant de réaliser l'étrangeté de la chose. Et bien le phénomène s'est reproduit. Deux fois. En une semaine. Je sors de mon immeuble, et une personne âgée me demande où se trouve tel numéro. Je ne sais pas, je ne connais que mon immeuble. Mais j'en sautillerais de bonheur, comme un cabri. Ils ne m'ont pas traitée en étrangère. 
Car je pourrais vivre 30 en Chine, que je serai toujours l'étrangère. Celle qui probablement ne parle pas la langue. La curiosité. Il est vrai que j'ai du mal quand les parents me montrent à leur enfant, comme si j'étais une bête curieuse, en leur disant "dit hello à l'étrangère", ou que la jeunesse se met à parler anglais dans mon dos d'un ton affecté pour se faire remarquer. Que certains vendeurs hurlent "je comprends pas" quand on pipe deux mots de chinois et qu'ils en déduisent, comme çà, spontanément, que l'occidentale que je suis doit vouloir un coca (beurk). Alors quand une vieille femme ou un vieil homme s'approche pour demander un renseignement, en chinois, tout naturellement, c'est du pur bonheur!

Et en plus, ce matin, alors que je continuais mon chemin d'un pas plus allègre, une femme m'a sourit, d'un grand sourire sincère. On s'est sourit. car un sourire comme celui-là en appelle un de retour. Les gens ne sourient pas tous les jours, et tout le monde ne sourit pas, c'est sûr. Mais ils sourient plus facilement quand on se sent bien. Qu'on ne tire pas la gueule. Parce que les sourires, c'est contagieux. Ça se transmet.

dimanche 6 décembre 2009

Enfer et damnation...


.... c'est bientôt Noël!


Cela fait prêt de cinq mois que j'y pense: acheter les cadeaux (Ganzi, Xining et Xi'an sont idéales pour çà, mais quand on voyage... c'est lourd! ce sera donc Xi'an) et les envoyer au moins
3 mois, 2 mois, un 
mois... deux semaines à l'avance, par voie de surface pour que l'envoi ne coûte pas 10 fois plus cher que le contenu. Ah! Si on pouvait négocier les prix avec la poste, comme on le fait avec les marchands! J'imagine la scène... ça donnerait ça, mais en chinois, et en plus simple:

"Ce colis pour la Suisse, combien?"
"Ca fera... kuai qian! "
"Quoi! Tai gui le! C'est trop cher! Pour ce prix là, tu envoies deux colis, deux fois plus lourd, et par avion!"
"Ahhhh!" (prend un air très embarrassé, piétine un peu sur place, sourit...) "Alors combien tu proposes?"
"Ce prix-là! Par avion. C'est raisonnable, non?"
Rires. "Non, non, ça c'est par voie de surface. Allez, ce prix-là. C'est un cadeau. Prix  d'ami! Panyou!"
"Prix pour touristes, oui! Je vis en Chine moi! Je suis une laoshi! Prof, oui. Avec un salaire de prof!"
"Ah! Vous parlez bien chinois" (cela vient généralement un peu avant).
"Mais non, mais non."
"Si, si!"
"Oh... juste un peu, pas bien, ça fait trois ans que je suis là" (moi j'exagère un peu, ça fait partie du jeu)
"Trois ans!"
"Oui,  deux  ans à Chongqing, et trois mois à Xi'an."
"Ah! Chongqing! Vous aimez la nourriture épicée?"
"Oui, oui, beaucoup! So*, combien ça coûte?  On est panyou après tout. On vit dans la même rue. Tenez, je vous en donne..."
*en anglais. Je ne sais pas dire revenons à nos moutons en chinois. En y
réfléchissant, je ne saurais pas le dire en anglais non plus.

Ah, ce serait trop beau... Mais la poste, c'est la poste.
Le dialogue ci-dessus a pourtant bien eu lieu. A Huijie, le quartier musulman qui s'étend au centre de Xi'an, derrière la tour des tambours, première ruelle à gauche. Mecque du shopping souvenir, véritable souk chinois, on y trouve de tout, sauf peut-être ce qu'on cherche. Il faut y aller pour y  flâner, avec l'envie de beaucoup négocier et pas mal de curiosité pour la gastronomie. Car c'est aussi le quartier des spécialités, de quoi s'en mettre plein les papilles.
Je reviens donc les mains pleines de sacs (poubelles, ben oui) plein de belles choses et le porte-monnaie anorexique. Le décompte est fait: j'ai trouvé des cadeaux pour presque tout le monde. A la maison, en regardant les achats, un coup de fatigue: est-ce le bon achat? Est-ce de la vraie soie? (Apparemment pas. Tous mes poils se dressent au contact du doux tissu. Me voilà porc-épic). A qui vais-je offrir cela? Pourquoi ais-je choisi cette couleur? Et surtout: comment vais-je emballer çà? Où trouver l'emballage?
Car il y a une chose singulière en Chine. Si on peut acheter des cadeaux déjà emballés avec les plus belles boites du monde, il est en revanche extrêmement difficile de trouver des emballages sans le cadeau à l'intérieur. Une nouvelle chasse s'ouvre donc: celle à l'emballage. L'occasion de compléter les achats par quelques tentantes babioles, d'acheter plein de spécialités gastronomiques que je doute pouvoir envoyer, et de voir mon téléphone quitter subrepticement ma poche, pour disparaître à tout jamais. Il me semble que cette année, mes téléphones portables se succèdent à un rythme effréné, sont animés d'une vie propre, et d'une très grande indépendance. 
La poste est encore ouverte, mais ce sera pour demain. Ou après-demain. Ou la semaine prochaine. Peut-être devrais-je rentrer en Suisse pour les fêtes, histoire d'apporter les cadeaux moi-même... J'en profiterai pour recevoir un vaccin gratuit.

jeudi 3 décembre 2009

Drôle de dessin animé...



Après Bob l'éponge, qui m'avait semblé sacrément saugrenu (les gens paient vraiment pour aller voir les aventures d'une éponge au cinéma?), voici les aventures... d'une paire de cannette de boisson!
Non, non, tout est possible. Dans un bus, j'avais pris mon air blasé de voyageuse urbaine coincée sous quelques aisselles, accrochée du bout des doigts à une barre de métal (enfin je crois), les pieds serrés contre mes sacs de course posés par terre. Et le regard tourné vers la télévision (un peu de force il faut le dire, je n'aurais pas vraiment su comment tourner autrement la tête. Voilà ce que c'est que de sortir le bout de son nez un samedi de beau temps !) Et là, mon expression a changé du tout au tout. J'ai soudain réalisé que je regardais... une histoire de cannettes de boisson, avec leurs amis la fourchette et la brosse à dent et leur chien: une boite de sardine qui aboie!
Le dessin animé s'appelle"哈皮父子", ce qui veut dire "Happy père et fils". Copiez le titre en chinois, collez sous google et allez chercher les images, vous en aurez plein! En attendant, voici le papa et fiston:
On passera  le côté "nous les produits de consommations, héros heureux!"

mercredi 2 décembre 2009

Vaccins...suisses


J'ai reçu une information de l'ambassade sur les vaccins contre le H1N1 pour les Suisses (et Liechtenstein-ois)  en Chine. Ça donne çà:


"According to a Federal Council decision of 4 November 2009, the same principle will apply to the question of free influenza vaccination for the Swiss Abroad. If Swiss nationals abroad can be vaccinated in their country of residence against the H1N1/2009 influenza pandemic, they should do this there at their own expense (or according to the local provisions). According to the experience made by our representations in China, this is generally not the case for China.
Swiss nationals living abroad who cannot be vaccinated in their country of residence are entitled to travel to Switzerland at their own expense and to receive a free vaccination at one of the army vaccination centres listed below"
Donc, si j'ai bien compris, je dois rentrer en Suisse par mes propres moyens pour recevoir... un vaccin gratuit. Ben voyons!
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