dimanche 29 novembre 2009

Qui parle de crise du pétrole?



Dernièrement, je suis tombée sur un article sur Chongqing publié dans la NZZ. Un photographe turco-suisse qui prend de belles photos de ma ville d'adoption chinoise. En feuilletant l'album photo du mois de ce journal, je suis tombé sur cette photo extraordinaire de Chongqing:


Ce sont des taxis en train de faire la queue pour faire le plein. On les voit souvent rangés en files interminables, mais là c'est extrême! Un ami de Chengdu m'a dit qu'il y avait une crise énergétique à cause du froid et qu'à Chengdu on pouvait les voir faire la queue sur au moins trois km. J'ai cherché une info mais je n'ai rien trouvé. Serait-ce en lien avec le froid? En effet, les jours de neige que l'on a connu à Xi'an n'étaient pas régionales. J'ai croisé ce vendredi une cycliste qui, en passant la frontière du Vietnam à la Chine s'est retrouvée très surprise de passer une frontière météorologique: il neigeait à Kunming. Mais là encore, pas d'informations sur un froid exceptionnel ou des problèmes d'approvisionnement énergétique.

vendredi 27 novembre 2009

Tous à vos masques, la grippe A débarque!


Au musée des guerriers de terre cuite, un touriste
se protège. Il n'est pas le seul.

Au début de l'année, la rentrée s'est faite à l'ombre de la menace de la grippe A. Non seulement en Chine, mais partout ailleurs. Les journaux sont là pour nous rappeler la menace constante et la psychose qui va avec. Sérieuse ou non, l'ombre de la grippe A plane et affecte le quotidien. Ainsi, comme je le mentionnait dans un article précédent, une bonne moitié de ma classe ainsi que tout le département de russe avaient été astreints à leurs dortoirs et si les profs russes avaient reçu un congé, les profs de français continuaient de travailler avec des classes réduites. Cause: des cas de grippe dans les dortoirs.
Puis le temps a passé, et on a un peu oublié. Les policiers à l'entrée de l'université continuaient de contrôler l'identité des personnes entrantes, mais cela tenait de la routine et n'avait pas grands liens avec la grippe elle-même. Jusqu'au jour où, après les vacances, la police se retrouve munie de pistolets à fièvre: hop: tout le monde  est contrôlé, qui a la fièvre n'entre pas. On voit dès lors les élèves des écoles s'aligner devant l'entrée attendant leur tour, tandis que des gardiens amusés prend leur température. A l'université, idem. Mais en moins strict.
Et le temps passe. Et les pistolets se mettent à pendre à bout de bras de policiers qui peu à peu s'inquiètent plus de leur propre température soumise aux frimas de l'hiver que de la température des passants emmitouflés qui pressent le pas. La mesure s'assouplit au point qu'on ne nous contrôle plus du tout. En revanche, avec le froid, les masques apparaissent. Si on les voyaient déjà sur le nez des personnes les plus prudentes (surtout dans les lieux touristiques), ils se sont complètement généralisés au moment où le baromètre a sérieusement chuté.
Car ici, le masque ne sert pas seulement à se protéger de la maladie (ou de la poussière), il sert surtout à tenir chaud. Du coup, depuis que l'hiver s'est installé, les visages se sont couverts de masques multicolores, allant du médical au fantaisie. Pour trois yuan, on peut acheter partout, parmi les écharpes et les gants, le masque qui plaît et qui va avec sa tenue. J'ai demandé si cela datait de la période du SRAS et que les chinois s'étaient habitués aux avantages du masque contre le froid à l'époque. Apparemment, non, cela se fait depuis plus longtemps.
Couleurs d'hiver pour le froid et couleur d'été pour la tunique et contre la pollution
On commençait donc à penser que la grippe avait quitté les esprits. Eh bien non. Depuis mardi, les élèves ont l'interdiction de sortir de l'université, à moins d'avoir une autorisation spécialement délivré pour une bonne raison. Quotidiennement, je vois les policiers refouler ceux qui tentent d'entrer ou sortir sans papier tandis que je passe sans être inquiétée. Apparemment, les profs ne risquent pas d'attraper pas la grippe.

jeudi 26 novembre 2009

Hôpitaux chinois - se soigner en Chine

  
Assise sur la un banc métallique du couloir froid et sale d’un vieil hôpital, j’attends mon tour. Mon premier hôpital chinois n’est pas le grand hôpital du district, mais un petit hôpital populaire, bondé, où les médecins passent leurs consultations à la chaîne. Les patients, à l’exception d’un vieil homme assis à côté de moi, s’entassent dans le cabinet, autour de la table du médecin invisible, complètement submergé par son public. Certains lui tendent des feuilles, lui posent des questions, d’autres poussent pour mieux voir. Ça m’inquiète un peu : faut-il donc que comme eux je pousse pour obtenir mon tour, ou y a-t-il un ordre de passage qui me permette de rester assise ? La réponse ne tarde pas. D’une belle gueulée, le médecin chasse la foule hilare qui se précipite au-dehors et attend derrière la porte fermée, puis entrouverte… Il aura environ 10 minutes de répit. 

C’est donc entourée de monde que je passe en consultation. On s’étonne que je parle un peu le chinois, on admire mon étudiante qui parle si bien le français tandis que le médecin fatigué, surchargé me pose quelques questions, m’examine un peu et m’envoie à la pharmacie. J’ai la grippe. Il ne peut rien faire mais m'envoie au guichet des médicaments. On paie à l'avance. Puis la pharmacienne se présente avec un petit panier remplit de médicaments dans de belles boites chinoises aux symboles mystérieux : licornes, chevaux, dragons et calligraphie dorée. Parmi tous ces médicaments, celui que je devais prendre le soir me réserva une belle nuit blanche: c'est en relisant la posologie que je découvris qu'un pourcentage très élevé de caféine entrait dans sa composition. Je l'ai donc arrêté. Et recevais peu de temps plus tard un courriel d'une élève qui me tançait: "j'ai appris que tu ne prenais pas tes médicaments. Ce n'est pas bien!" S'ensuit, une recette de sa grand-mère pour se soigner.

Il n'est pas possible de rester plusieurs années en Chine sans  passer à un moment où à un autre par la case Hôpital. Eh oui, en Chine on s'y rend assez automatiquement, dès que le médecin-pharmacien s'avère dépassé ou que le problème est plus important qu'un simple rhume.

Le médecin pharmacien? Ici, les pharmacies ont leur médecin qui offre un consultation rapide et bon marché avant de nous diriger vers le traitement (de médecine chinoise) approprié. Il y a aussi beaucoup de petites chambres de consultation de quartier, des chambres ou des tentes de repos (un ou deux lits en vitrine ou sous tente) dans les quartiers les plus défavorisés, et un(e) représentant(e) du personnel médical qui s'ennuie en attendant. 

L’hôpital militaire du district de Shapingba - Chongqing. C'est celui qui a très bonne réputation, le meilleur de la région, en fait. Il faut avouer que Chongqing a de la chance, les hôpitaux de Xi'an sont lamentables. Le hall  gigantesque donne l'impression d'être dans un aéroport. Les hôtesses en uniforme participent parfaitement à l'impression. Les gens se pressent comme s'ils partaient en voyage. Au fil de la visite, je compte cinq uniformes différents, sans parler de l’uniforme militaire des médecins.

Première étape : acheter un carnet (5 mao).
Deuxième étape : passer au guichet et décrire le problème afin d’être dirigé vers la bonne section et d’être enregistré. Il faut ensuite trouver la section. Cette étape se fait donc difficilement sans un guide chinois.
Troisième étape : attente dans le couloir de la section. Consultation no. 1.
Quatrième étape : payer les soins à venir.
Cinquième étape : se rendre à la section des soins – attendre son tour. Là, il faut vraiment venir tôt. Avec de la chance, on attend pas plus d'une demi-heure. Avec de la chance...
Sixième étape : soins, radiographies, consultation (selon le problème). Si radiographie: une heure d'attente avant de retourner voir le médecin consultant.
Septième étape : payer les médicaments
Huitième étape : aller chercher les médicaments.L'hôpital a toujours deux guichets: les médicaments occidentaux et la médecine chinoise. La médecine chinoise est parfois volumineuse et on voit des gens quitter l'hôpital avec un caddy plein!

Huit parties. Comme la dissertation. On se balade beaucoup. Et il y a énormément de monde ce qui en résulte en des attentes interminables et parfois l’obligation de revenir l’après-midi ou le lendemain, le médecin n’étant plus là l'après midi. Tout se paie avec le porte-monnaie électronique de l’hôpital sur lequel il faut mettre une bonne somme d’argent dès le départ. On est remboursé à la fin.

J’ai vu des familles faire plusieurs fois le tour de la section dans laquelle j’attendais avec le lit d’un parent franchement mal en point, car ce sont les familles qui s’occupent des malades et qui les trimballent dans leur chaise, lit, à travers l'hôpital. Le personnel infirmier est limité et ne s'occupe pas de ce genre de choses. Étonnant, dans un pays avec autant de chômage, mais les coûts de la santé sont extrêmement bas. C'est ainsi qu'on les garde aussi bas. Il faut ajouter ici que la consultation ne coûte presque rien (3 yuans pour voir le médecin et ce n'était pas la consultation mais l'inscription), ce sont les médicaments et les soins qui coûtent quelque chose. Et là encore, selon les procédures, le prix peut être étonnement bas, ou on peut être pris par surprise par un prix assez élevé. La radiographie par exemple coûte cher, ainsi que certains médicaments. Personnellement, je n'ai jamais dépassé 200 yuans, sauf lors de l'achat de l'attelle pour ma cheville fracturée (1300 yuans).

L’un de mes amis a dû être hospitalisé avec une crise d’appendicite. A minuit, il sort de la salle d’opération. On charge sa femme de le tenir éveillé pour les 8 prochaines heures. De minuit à 8h00, elle reste donc à son côté et le secoue un peu chaque fois qu’il s’endort. Épuisée, elle rentre enfin chez elle à 8h00 et va se coucher. Une heure plus tard, l’hôpital l’appelle : son mari réclame des anti-douleurs. Il faut qu’elle vienne les payer à l’avance. C’est elle également qui va s’occuper de nourrir son mari, de le laver, bref, de lui donner les soins que donnent normalement les infirmières. Du coup, la question se pose : que fait-on quand on est un(e) célibataire solitaire et que l’on doit être hospitalisé ? Être seul en Chine tient réellement de la malédiction. Les chinois trouvent cela inimaginable. C’est quand on tombe malade que l’on comprend pourquoi.

Extraits repris de l'ancien blog
Source photo: cliquer sur la photo

jeudi 12 novembre 2009

Promotion


"Chère Dr. Amaudruz"

Je ne pensais pas lire cela un jour. Pourtant, voilà que je reçois un courriel d'une étudiante s'adressant ainsi à la modeste lectrice que je suis. Je pense que finalement, je vais rester en Chine encore un moment. Je prends vite du gallon ici.

jeudi 5 novembre 2009

Séisme à Xi'an




Ce matin, on est tous tombé du lit à 7h30: un petit séisme, rien de plus efficace pour ceux qui ont de la peine à sortir des plumes.

mercredi 4 novembre 2009

On a volé la route!



4 novembre 2009. Souvenirs en vrac.
Ce matin, comme tous les matins, je me suis rendue aux cours. J'ai suivi la rue, passé le pont, traversé l'université, donné mon cours et je suis revenue. Rien d'extraordinaire, en-dehors du fait que ce soir, j'allais revoir une amie que je n'avais pas vue depuis longtemps et qui était de passage à Xi'an. Le soir venu, je m'empresse donc. Je suis la rue, j'arrive au pont et... la route à disparu! Elle était pourtant encore là le matin même! Comment peut-on voler une route sans que personne ne remarque rien?
Comme le disent certains de mes étudiants, la Chine est un perpétuel chantier. Je ne vais pas les contredire sur ce points, moi qui ai vécu à Chongqing, la ville où l'on ne peut poser le regard sur aucun point de paysage sans y  voir au moins une grue (si on a de la chance, généralement on en vois au moins trois), moi qui ai traversé de nombreuses villes et toujours trouvé le même paysage: un chantier de métro en construction (Chongqing, Chengdu, Xining, Xi'an...).
Je remarques d'ailleurs que je n'ai jamais vécu nul part sans que la route ou le trottoir, à un moment ou à un autre, disparaisse pour réapparaître après bien des inconvénients, tout neuf, pour disparaître à nouveau. Une façon de diminuer le chômage?
Une amie me disait récemment qu'une chinoise lui avait parlé de la construction de gratte-ciels qui se dressaient ensuite quelques années avant d'être rasés pour faire un parc ou un autre groupe de logements. Le dynamisme chinois, au premier coup d'œil, c'est un paysage qui change sans arrêt, des quartiers qui disparaissent, apparaissent, des routes qui s'envolent en quelques heures: comme un grand bac de pâte à modeler où des enfants hyperactifs jouent à construire pour détruire et reconstruire. Il y a là-dessous non seulement le sacro-saint développement (mes élèves adorent ce mot), mais aussi tout un monopoly d'investissements immobiliers assez difficile à suivre.
Fenêtre sur chantier

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