jeudi 18 août 2011

En Suisse les trains sont chers...

 
... mais que ça ne nous empêche pas de nous balader.

Pas besoin du franc fort pour ce prendre le prix des trains dans les dents lors de couts séjours. Il y a certes des solutions pour économiser, abonnement général d'un mois si on décide de beaucoup prendre le train durant ce mois, abonnement demi-prix d'un mois si on va voyager un peu moins, mais ce n'est pas toujours rentable. Quelques balades en montagne, à plein tarif, épuise rapidement le porte-monnaie, surtout que dans les montagnes, les petits trains privés sont hors de prix (si, si, y'a encore plus cher que le tarif CFF plein). Il faut admettre que certains de ces trains sont de véritables prouesses techniques, néanmoins, on ne va pas en abuser avec un salaire chinois.

Etant sur Lausanne, j'ai donc opté pour un abonnement mensuel des TL (Mobilis, qu'il faut étudier longuement pour vraiment comprendre) et j'en ai profité pour faire quelques randonnées autour de Lausanne grâce au réseau régional. Il y a de très belles possibilités. L'une d'entre elle m'a emmenée dans le splendide panorama des vignes-lac-montagnes, dans la splendide région classée par l'Unesco du Lavaux, de Lutry-Corniche (terminus de la ligne 9) à Puidoux-Chexbres (train régional) en passant par la Tour de Gourze et le lac de Bret. Cerise sur le gâteau pour ceux qui n'ont pas oublié leur costume de bain: au lieu de revenir sur Puidoux-Chexbres (pour le train), redescendre sur Epesses et piquer une tête dans le lac à l'une des petites plages près de la gare.

Au fond, la blancheur du massif du Mont-Blanc

Un gardien des vignes surveille

mardi 16 août 2011

Pour promouvoir le réseau ferroviaire chinois...

  
... quoi de mieux qu'une photo d'un train suisse ?

Je viens d'un pays carte postale. Je le savais déjà, surtout que je rencontre très souvent, dans les gargotes chinoises... et ailleurs, une photo du Cervin, d'un chalet suisse, d'un village dans les Alpes (ça pourrait aussi être l'Autriche, pays carte-postale concurrent) ou le château de Chillon, jaunis par la graisse et les fumées de clopes, comme une fenêtre sur la nature, sur un lieu idyllique, que l'on colle au mur pour égayer un peu. C'est en grande concurrence avec le tableau de cascade électrique avec impression d'eau qui coule. Quand on me demande d'où je viens, souvent, on commente ma réponse par un mei guo (beau pays, mais aussi Amérique) sans l'avoir jamais vu, avant de me dire que l'on fait de bonnes montres là-bas (on m'a même commandé une Rolex un jour... puis-je réclamer un paiement à l'avance...?)

Si j'avais un doute sur cette image idyllique, une petite visite par hasard sur le site China Train Schedule me l'a ôté: je me disais bien que la photo m'étais singulièrement familière... Il faut dire que les trains suisses, ils vont loin! (à lire avec l'accent de la Venoge)

Pirates ! Comme le disent si bien les grand-mères bretonnes de Typiak!


Retour en Suisse ...

 
...  avec le soleil dans les bagages

Adieu les sables dorés, bonjour la verdure! De retour en Suisse au début du mois d'août, je compte bien me gaver de randonnées et me remplir les yeux de beaux panoramas, les poumons d'air alpin sans poussière ni sable, et les papilles de tout ce que je ne peux pas trouver en Chine, à commencer par le basilic, la tomme vaudoise bien sûr et du bon, du VRAI pain!

Il paraît que l'été est pourri. Apparemment, le soleil m'a suivie. Le vent aussi.

Première vraie randonnée de montagne, pas trop longue ni trop contraignante mais absolument splendide... Les Mosses- le Pic Chaussy en passant par le lac Lioson (à l'aller, pour le voir apparaître). Ça grimpe, mais pas trop et une fois arrivé sur le pic Chaussy, le panorama sur les alpes vaudoises, (hmmm... toutes ces montagnes à explorer!) le glacier des Diablerets et le Mont-Blanc est absolument splendide! Il est possible ensuite de redescendre sur les Diablerets. Un très bon début qui me donne un peu envie de me réinstaller en Suisse, histoire de consacrer tout mon temps libre à mes chères montagnes.

Grimper dans l'alpage, enjamber les ruisseaux

Lac Lioson

Lac Lioson

Le Mont-Blanc

lundi 15 août 2011

Un jour nouveau pointe sur le lac Kokonor

  
Heimahe. Le bus nous y dépose à 4 heure du matin. Je suis en terrain connu. Nous avons juste assez de temps pour rejoindre la rive du lac et nous installer pour le lever du soleil. En faisant face au lac on est face à l'est aussi. De petits monticules de pierre marquent ce lieu sacré où peut à peu les amateurs de levers de soleil se réunissent, appareil photo à l'affut, pour saluer le jour nouveau. Le bus Dunhuang-Xining arrive pile-poil à Heimahe, et il est ensuite possible de repartir avec le bus de 9h00 pour Xining. Cest parfait. Enfin, ça le serait si je n'avais pas oubliée, encore endormie à 4h00, mon sac avec portefeuille et passeport dans le duvet de mon lit, dans le bus. Tant pis. On repousse le problème à plus tard, car tout problème se résout, et ne vaut pas que l'on gâche un lever de soleil.





dimanche 14 août 2011

Tronches de chameaux

  
Juste pour le plaisir du portrait comique





Dunhuang...

  
... et les asmaras du désert

C'est à nouveau de nuit que nous arrivons à notre destination... Dunhuang, qui a pris une fée, une asmara, comme symbole. Nous laissons derrière nous le désert du Tengger pour aller à la rencontre du désert du Takamaklan qui s'étend vers le Gobi. L'aube est proche. Les rues sont propres et neuves, les lampadaires, qui en Chine reflètent toujours la spécialité du lieu, ont des fées gravées sur leur pied. Avec le soleil, le vent se lève et peu à peu, alors qu'il commence à faire jour, l'air devient opaque. Le sable. De la rue on ne voit pas le désert, mais on le respire déjà. Nous étions si impatiente de la voir, finalement, c'est lui qui vient à notre rencontre. Notre première vraie tempête de sable.

L'auberge est loin de la ville, juste au pied de la grande dune qui protège l'oasis en forme de croissant de lune. Maison traditionnelle avec cour intérieure, couleur sable, remplie de sable, comme l'air. C'est pas aujourd'hui qu'on pourra faire la lessive.

La tête enveloppée dans nos foulards de soie transparent, nous partons à la découverte des grottes de Mogao, raison de notre présence. Dunhuang est au croisement des routes, dernier poste de contrôle avant d'attaquer le désert. Lieu tant convoité par ceux qui viennent du désert. On peut imaginer leur joie de voir apparaître les premières verdures de cet oasis, après leur dure traversée par les gorges des sables hurlant, par exemple. Nous sommes au bord du Xinjiang, à l'extrémité de la Chine dont nous n'avons malheureusement pas pu voir la porte de sortie, à Jiayuguan.

Tibétains, mongoles, chinois... Dunhuang est passée entre de nombreuses mains. Les grottes de Mogao, dont certaines remontent au IVème siècle après J.C, en témoignent, qui protègent des fresques d'influences diverses, où l'on peut reconnaître des profils d'Asie centrale autant que des figures chinoises. Malgré la tempête de sable (qui n'est pas trop violente et donne juste une idée de ce que pourrait être une vraie grosse tempête de sable), les grottes sont accessibles. Guide obligatoire, on nous ouvre quelques grottes. La visite est un peu rapide, il y a temps de choses à voir, tant de questions à poser tandis que la guide débite sa présentation au rythme de l'habitude, laissant peu de marge à la curiosité. De gigantesques Bouddha posent sur nous leur regard bienveillant, nous faisant presque oublier la richesse des fresques colorées et pleines d'histoires qui nus entoure. On pourrait y passer des heures et des heures à les contempler, à explorer leur détail, à découvrir... Pas de photos, mais on peut se rattraper dans le musée gratuit où huit grottes sont fidèlement reproduites.

Passage par le marché de nuit pour le souper. L'auberge ne cuisine pas quand il y a des tempêtes. On ne partira pas non plus en chameau dans le désert. Au menu: des nouilles! Ça nous change... Le nord de la Chine est décidément vraiment le pays des nouilles, heureusement, les recettes en sont très variées! Sur la place, une célébration pour les 90 ans du parti. Plusieurs groupes, adultes comme enfants, dansent. Pas de discours politiques, juste une affiche, et des familles qui sont venues regarder danser leurs petites filles. Très bon enfant. Retour à l'auberge et bonne nuit de sommeil: demain, on s'attaque au désert, qu'il le veuille ou non.

Dunhuang est une ville très sympa, décontractée. Au fait, savez-vous qu'en chinois, désert se dit "sha mo"?

Entrée des grottes de Mogao

L'air est brouillé par le sable

Détail d'une fresque: autour d'une déité à quatre yeux, on peut voir flotter les asmaras

vendredi 12 août 2011

Zhangye...

 
... entre paysage alpin et désert

Premiers contacts avec le désert à Zhongwei
Comment rejoindre le Gansu depuis la Mongolie Intérieure? La question s'impose. En effet, ce serait merveilleux de pouvoir continuer vers l'ouest de la Mongolie Intérieure, dans le désert, et de voir  Badan Jilin, mais il faut un permis qui s'obtient en une dizaine de jours et apparemment s'organiser avec une agence, ce qui coûte une véritable petite fortune. Batou a quelques sites à voir, mais il semble que la région soit fort laide, ce que confirme le paysage industriel qui s'étend sur des kilomètres et que l'on traversera heureusement de nuit.

Le bus de nuit, avec des lits. Première fois pour mon amie, deuxième pour moi. Ma première fois s'était faite entre Lijiang et Chengdu, 27 heures de bus dont la plus grande partie dans des cols de montagne, en plein hiver, avec la neige. Le bus avait dérapé et heurté la montagne. Pas de blessés, mais la grande fenêtre à l'arrière avait explosé. Il ne faisait pas chaud dans ce bus...

Le bus de nuit est confortable. Parfois presque propre. De toute façons, nos sacs à viande sont dans la soute. Alors on ne va pas faire les difficiles. Une fois notre pique-nique étroitement aguillé avec nos chaussures de marche qui prennent toute la place (on met nos boissons dans les chaussures), on passe le duvet sous la nuque et c'est parti pour un voyage tout confort, à tel point qu'on dormait vraiment bien, quand le bus arrive, avant l'heure calculée, à Yinchuan. 3h du mat! Ayaaaaah! Heureusement, un estaminet musulman encore ouvert propose des nouilles, on le squatte jusqu'à 5h00.
Escale à Zhongwei, petite ville fort sympa que nous quittons assez tôt pour aller dormir près du désert. Tant qu'à faire, autant profiter d'être un peu dans la nature. Joli, mais que de moustiques! Puis on continue sur Zhangye. Le bus n'est pas direct, on doit changer sur la route lorsque l'on croise notre correspondance, pour tomber sur un arnaqueur de première, qui prend les touristes pour des pigeons et qui, au moyen d'un habile chantage à l'assurance, nous fait payer le double. Ça arrive, mais c'est dans une humeur massacrante que nous arrivons à Zhangye et que j'envoie au diable les chauffeurs de taxi qui se concentrent sur nous et apprennent rapidement à nous laisser en paix. Faut pas m'énerver... Heureusement, le paysage, tout au long du voyage, est splendide. Nous avons suivi le désert du Tengger. De petits villages avec des maisons en terre, et la traditionnelle cour intérieure piquetaient le paysage. Nous roulions dans la verdure qui côtoie le désert. Fascinant. Encore un effort, jusqu'aux grottes de Mati Si, le temple creusé dans la montagne Qilian.

Mati Si
Le site est touristique, mais pas gigantesque. Il reste donc assez calme et fort sympa, la plupart des touristes ne restant pas pour la nuit. Les commerçants de la petite rue offrent pour la plupart des  chambres, propres, repeintes à neuf, agréables. la notre donne sur la montagne. Les toilettes et une bassine dans la cour servent pour l'hygiène. C'est confortable et pas cher. Parfait. Il y a du yogourt de yak (sans sucre!!!) pour le petit déjeuner, et de belles randonnées en perspective. la région est superbe.

Les grottes, l'attraction principale, sont impressionnantes! Même si les statues à l'intérieur le sont beaucoup moins. On peut cependant voir les traces d'anciennes fresques et quelques statues sont très anciennes. Surtout, ces grottes sont toujours un lieu de prière. Toute la montagne est parsemée de niches et de grottes, parfois même d'anciennes habitations troglodytes. Une jolie marche le long de la rivière, parmi les derniers iris sauvages de la saison, nous mène jusqu'à la cascade. Ça doit être splendide en juin! On a l'impression d'être dans les Alpes. Des chevaux galopent. Des marmottes détalent autour de nous. Derrière nous, pourtant, le drapé jaune du désert s'étire. Toute la beauté des contrastes de ce splendide couloir du Gansu, pays du bouddhisme, des étendues infranchissables, des oasis verdoyants! Un enchantement!

Chapeau de cowboy sur la tête, un garçonnet imite son père dans la prière

Derrière ce tanka récent, on voit encore des traces de fresques colorées

Ces anciennes habitations troglodytes servent aujourd'hui de dépôt

vendredi 5 août 2011

Hohhot - Mongolie Intérieure


Vingt-quatre heures entre ciel et prairie

- Comment ça s'appelle déjà là où on va?
- Huhehaote.
- Huhe...?
- ... haote. Hushi si tu veux... ou Hohhot. Un peu ce que dirait un bègue anglo-saxon qui se brûle les doigts...

Le LP n'est pas très emballant au sujet de la Mongolie intérieure. Le message est clair, si vous voulez vivre la Mongolie, allez en Mongolie. Et de tous les lieux en Mongolie intérieure, Hohhot n'est pas le meilleur choix. On ne s'attend donc pas à grand chose, en dehors de l'habituel cirque touristique pour touristes chinois. Il faut dire que cela ne fait pas longtemps que les chinois, du moins ceux qui en ont les moyens, découvrent le sens du mot loisir... et le tourisme. Les deux sont naturellement associés. Il y a de plus en plus de jeunes chinois backpackers aussi, mais ils restent une minorité. Si une de mes élève m'a annoncé partir faire le Tibet et le Népal en autostop avec une amie, elle fait exception. Beaucoup de chinois, rencontrés sur ma route ou parmi mes élèves, me trouvent "courageuse" de voyager seule, et ne comprennent pas.

Voyageant avec la toute dernière version du LP, nous choisissons l'Anda guesthouse à Hohhot, nouveau venu de choix dans les pages du LP. Au grand bonheur du propriétaire qui voit la nouvelle édition avec son auberge inscrite pour la première fois et offre la tournée générale de bière pour toute la soirée pour célébrer la chose. Pas de démarcheurs pour nous proposer des tours, quelques tours sont proposés par l'auberge elle-même, affichés au mur. On a le choix entre le désert et les prairies, entre le tourisme de masse et une nuit dans une yourte avec une famille. On choisit la famille.

Nous serons dix à faire ce choix. Un peu trop à mon goût, mais bon, finalement, l'équipe est sympa. Il y a deux yourtes que l'on se partage, la famille vit dans une maison en dure. On sera assez peu en contact avec elle, la vie de la ferme continue à son rythme sans faire attention à nous. Dans la yourte, ainsi que la cuisine, un portrait de Gengis Khan en brûlis sur peau de mouton.

Devant nous, une plaque de sel, reste d'un petit lac saumâtre asséché et des kilomètres de steppe se déroulent sous un ciel infini, d'un bleu profond sur lequel les nuages semblent collés, sans lui appartenir. Ca faisait longtemps, depuis le Kenya en fait, que je n'avais vu un ciel pareil. C'est pour des ciels comme celui-là que l'on vient ici.

Plus loin, un troupeau de chevaux prend le galop, comme soudainement pris de folie. Il traversent l'horizon, reviennent, ruent puis se calment, et se remettent à brouter. Ils seront tout autour des yourtes à l'aube, quand le spectacle le plus extraordinaire de la steppe nous sera offert: le lever de soleil, sous un ciel dramatique d'orage et de pluie, avec un double arc-en-ciel reliant deux points extrêmes de l'horizon.

Malgré les quelques camps touristiques visibles au loin, avec leurs fausses yourtes en béton, et leurs feux d'artifices, ce lieux est paradisiaque et on y resterait volontiers quelques jours de plus... voire toutes les vacances. L'un des plus beau moment de ce voyage. Comme quoi, quand on entend trop de mal d'un lieu, on peut être déçu en bien.

Crédit photo: Nathalie Senn
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