mardi 30 septembre 2008

Une autre énigme pour les naturalistes



J'ai rencontré ce papillon dans l'escalier. Il ressemble à une feuille morte, superbe. Mais je n'ai aucune idée de son nom :-)

samedi 27 septembre 2008

Poissons rouges!


S'il y a une chose qui frappe en Chine, ce sont les jeux d'esthétique, dans les parcs et les lieux publics, et la fascination que ceux-ci engendrent. En effet, la ville peut être étouffante, les immeubles peuvent être vieux, vétustes et le confort intérieur parfois minimal (je n'ai vu de vraie décoration intérieure que chez les gens aisés. Ceux qui survivent plutôt qu'ils ne vivent se contentent souvent d'un petit autel à une divinité et de quelques photos ou posters. Tel était l'appartement dans lequel nous allions acheter nos dvd en secret.)

Je reviens donc aux lieux publics. Première chose: on y diffuse de la musique. A l'heure de la pause sur le campus, à toute heure à Shapingba où l'on baigne le soir dans la musique traditionnelle chinoise, lorsque  spontanément, les gens se réunissent pour danser sur les places.

Viennent ensuite les espaces verts. En Chine, on trouve assez souvent une petite pièce d'eau, fontaine où étang (j'habite à côté d'un petit lac, père de nombreux moustiques, mais dans lequel coasse crapauds et grenouilles au milieu des nénufars). Généralement, on y trouve des poissons rouges, ou ides. Jusqu'ici, rien d'étonnant. Et pourtant, il n'est pas rare, ici, de voir les gens s'arrêter près des étangs pour observer, nourrir et photographier les poissons. Poissons rouges qui ont d'ailleurs l'habitude d'être ainsi traités et se comportent facilement comme nos moineaux: non, ils ne piaillent pas, mais on les voit s'amasser les uns sur les autres, sortir de l'eau la bouche ouverte, grouiller et il n'y a que la voix qui leur manque, qu'ils compensent largement avec leurs nageoires en battant l'eau. Un spectacle en soi. Esthétique toujours - mais cela horrifiera les amis des animaux - il est possible et tout à fait normal d'offrir des fleurs dans un vase transparent dans lequel nagent les poissons. C'est en fait des plus raffinés.
Mais on ne nourrit pas les poissons rouges juste pour le plaisir d'être sympa avec eux, il y a là aussi un jeux d'esthétique: il faut tenter de faire faire aux poissons, des figures harmonieuses. Les attirer ici, puis là, pour les faire tourner, faire une spirale, un beau mouvement de boucle. Cela peut se faire aussi avec mes poissons sur le blog, ils suivent la souris et, si on concentre la nourriture au milieu d'un lotus, on peut leur faire faire un petit soleil, têtes à l'intérieur et queues dehors! Essayez, entraînez-vous et ensuite, venir le faire avec de vrais poissons!

On remarquera ensuite que les poissons rouges sont très présents dans la peinture chinoise, tout comme la libellule, les oiseaux, les grillons, les montagnes et les nuages (les dites montagnes sont d'ailleurs souvent représentées par des rochers dans les fontaines), quant aux oiseaux et aux grillons, on trouve les premiers dans de belles cages que les propriétaires baladent volontiers, les suivants étaient également collectionnés dans de petites cages, mais en trouver aujourd'hui est plus rare, surtout à Chongqing. Dans le nord en revanche, la tradition perdure.

Revenons à nos ides dorées, blanches, noires et rouges...

Il faut d'abord savoir que le poisson rouge est originaire de Chine. Et il est considéré, depuis l'antiquité, comme une merveille céleste. C'était le privilège des nobles de le posséder et on ne s'étonne plus, sachant qu'il est considéré comme un porte-bonheur, de le retrouver un peu partout, surtout dans les étangs et points d'eau communs, qui en ont bien besoin. En effet, depuis que je suis ici, je n'ai pas rencontré un seul point d'eau dont on ne m'ait pas dit qu'il était maudit! Ah! Fantasque pays! Plein de légendes et de mystères!

Je terminerai par ce petit jardin de Suzhou qui, dans un coin, cache un petit étang, un trou d'eau plutôt, coincé dans les rochers. Dans ce trou d'eau nagent quelques poissons. Bien. Mais, oh génie de l'architecte! Il y a un jeu de trompe l'oeil! Après tout, les jardins sont des jeux de visions, extérieur-intérieur, reflet et réalité... La petit muraille qui borde l'eau, et sa lucarne ouverte sur le ciel, se reflète dans l'eau calme et les poissons semblent nager sur la roche, le mur et par la fenêtre! C'est juste... parfait!
Mur et montagne se reflètent dans la marre aux poissons
créant l'illusion que les poissons s'échappent par la fenêtre
vers le ciel...







lundi 1 septembre 2008

Des routes, des trains et des ponts peu ordinaires



Un dernier petit billet sur l'Inde, au fil des souvenirs qui émergent...
J'ai déjà parlé de l'avion pour Leh, je ne réaborderai pas le sujet, de peur d'avoir à nouveau le mal de l'air. Alors parlons plutôt des routes:
A peine arrivé à Leh, un taxi sympa nous embarque pour notre auberge. Nous traversons un petit pont en très mauvais état et il nous explique que celui-ci a été emporté il y a une année par une crue de la rivière. Jusque là, rien d'anormal, ça peut arriver. Il est vrai que le pont n'a pas bonne mine et que ce n'est pas rassurant de voir les camions de l'armée passer dessus (en ignorant les protestations de la population consciente que les camions prennent de gros risques ce faisant).

Puis nous organisons notre trek de 5 jours de Lamayaru à Alchi. Sauf que, le jour avant le départ, l'organisateur nous annonce qu'il y a un "petit problème" mais que "ce n'est pas grave", le pont qui enjambe la rivière pour aller à Lamayaru a été emporté durant la nuit. Ah! En effet, c'est un petit problème. Mais cela ne nous empêche pas de partir. Nous traverserons à gué et un autre véhicule nous attendra de l'autre côté. Arrivés sur place, une longue file de camions borde la route et une foule de voyageurs attendent, déchargent, transportent des caisses et des ballots. Ceux qui ont décidé de continuer malgré tout transfèrent le contenu de leur véhicule dans un autre véhicule qui attend de l'autre côté. La rivière est encore grosse et pour l'atteindre il faut descendre en zigzag une pente escarpée puis jouer les équilibristes sur un pont improvisé fait de troncs glissants et grossièrement joints. Ceci, avec de lourdes caisses pour certains, avec les mains et le dos surchargés pour nous. D'autres, qui n'ont pas de véhicule qui les attend, montent des tentes ou dorment dans leurs camions. Ils vont attendre 3-4 jours avant que le pont ne soit réparés (en rentrant, on nous annonce en effet que le pont est réparé depuis la veille).
Côté route, le trajet entre Leh et Manali, environ 500 km en montagne, n'a pas été des plus reposant non plus bien qu'aucun problème majeur ne nous ait bloqué. Nous étions néanmoins sensés partir à 2h00 du matin, mais le soir précédent le départ, on nous annonce que le conducteur de notre agence a eu un accident et le départ est repoussé à 8h00. C'est un jeune tibétain qui nous sert de chauffeur remplaçant, accompagné d'un de ses ami, soldat en permission, qui lui tiendra compagnie durant le voyage de retour amis qui va rencontrer pas mal de problèmes aux postes de contrôle, où la police va à chaque fois lui extorquer quelques roupies. Nous ne regrettons pas de partir plus tard, en effet, le paysage vaut la peine d'être vu de jour et de nuit nous aurions raté le gompa de Thiksa. Pour ce qui est de la route, elle est toujours en construction. Nous alternons donc pistes, routes étroites de terre pleines de nids de poule et de cailloux et routes goudronnées qui nous permettent de reposer nos dos un moment. Là-dessus, la route n'étant ouverte que trois mois par année, nous croisons convois sur convois, militaires souvent, mais aussi de ravitaillement général. De beaux camions décorés que nous devons croiser sur des routes aussi larges que le camion, parfois avec de profonds précépices que les roues de notre véhicule mange peu à peu (oh! sueurs froides! quand je vois soudain la route disparaitre sous les roues de notre véhicule!) Rien à dire, notre conducteur est un maitre. Et tenace, qui plus est. Nous roulons au moins 12 heures dans ces conditions le premier jour, un peu moins le jour suivant.
Et puis il y a le train. Nous nous réjouissons de le prendre, à Chandigarh, pour rejoindre Delhi. En effet, nous ne pouvons pas passer à côté de ce moyen de transport idéal pour découvrir ce pays. La gare de Chandigarh est petite et un train occupe depuis une heure le quai depuis lequel nous devons partir. Il nous faut un long moment avant de réaliser, à la dernière minute, que c'est le notre, bien que Delhi ne soit pas mentionné. Il va en effet plus loin. Notre wagon est tout au bout du quai, près de la locomotive et des enfants nous accompagnent en mendiant. Arrivés au wagon, nos places sont déjà occupées est je suis un peu dans l'embarras pour faire valoir notre droit sur les places, même si cette situation m'arrive constamment en Chine. Ce sont des couchettes, contre la fenêtre, qui est ouverte et basse et barrée comme dans une prison. Nous nous installons à deux sur la couchette contre la fenêtre et les enfants tendent les mains à travers les barreaux et nous font signe qu'ils veulent manger. Nous finissons par lâcher un paquet de biscuits que le plus âgé saisit avant de partir en courant. Il reviendra un peu plus tard nous faire au revoir tandis que le train s'ébranle, mais nous ne sommes pas sûres qu'il va partager le paquet avec les autres.
Nous faisons connaissance avec nos voisins qui vont plus loin que nous, et qui nous ont aidées à récupérer nos places. La femme, en sari, à les mains et les pieds teints en violet et des dessins à l'henné que Nathalie rêve de photographier.
Après quelques minutes, je cède ma place à Nathalie pour qu'elle puisse aller dans le sens de la marche. Mais à peine avons-nous changé de place que la fenêtre-guillotine cède et lui tombe sur la tête. Décidément, un nuage de malédiction la suit partout! Mais ce n'est pas fini. Notre train siffle beaucoup tout en roulant, faisant fuir ceux qui occupent la voie. Tout à coup, après avoir sifflé avec encore plus d'insistance, il s'immobilise complètement, et pour longtemps. Une vache, qui était couchée sur la voie, n'a pas pu être évitée. Il faudra au moins une heure pour dégager le corps de la pauvre bête décapitée de dessous la locomotive. Un accident très fréquent en Inde, où les vaches sont libres de circuler à leur gré, en ville comme à la campagne. Un homme explique que les paysans abandonnent les vaches qui ne produisent plus de lait.
Et puis pour terminer en beauté, l'avion. Le dernier trajet, mais pas des moindres. Ma compagne de voyage et moi ne partons pas en même temps, je quitte donc Nathalie en début d'après-midi tandis qu'elle s'en va explorer une dernière fois les souks de Delhi. Arrivée à l'aéroport, je remarque très vite mon vol sur l'écran des départs, accompagné de la mention "annulé"! Après avoir dû batailler contre les soldats qui gardent les portes de l'aéroport (on entre qu'après avoir montré son billet et ils ont de la peine à comprendre que mon billet électronique est émis à partir de mon passeport, la quittance ne leur suffit apparemment pas), je rejoins le guichet, aux nouvelles: il y a un typhon à Hong Kong et tous les vols sont annulés. Après un certain temps d'attente au milieu d'un groupe de chinois et de koréens désabusés, nous sommes transférés vers un hôtel des plus luxueux, surtout pour quelqu'un qui a fait les hôtels bon marché de la capitale :-) La cage est dorée, mais c'est une cage quand même: loin du centre, devant rester accessible en cas de départ imminent, je suis obligée de rester à l'hôtel et je m'ennuie. Et mon amie qui se ballade en ville! Qu'est-ce que j'aimerai la rejoindre!
On part enfin, à 2h00 du matin. L'avion s'envole à 5h00 et personne ne peut me répondre au sujet de la correspondance que je vais rater. Mais ce n'est pas fini. Arrivés à Hong Kong, nous sommes maintenus dans le ciel à cause du trafic aérien trop intense et finalement, renvoyés sur... Bangkok! Pour la deuxième fois, je vois la carte de la Chine défiler sur l'écran, avec Chongqing, devant laquelle je passe et repasse et passerai encore une fois, quand nous rejoindrons enfin Hong Kong, à 20h00. Il me faudra ensuite beaucoup de patience (jusqu'à 0h30) avant d'avoir enfin un vol de remplacement pour ma correspondance qui part le lendemain, en début d'après-midi. Lasse, peu motivée à l'idée d'aller dans un hôtel hors de prix, je m'installe, comme beaucoup, sur les bancs confortables des salles d'attente (un petit coin tranquille m'attendait sous un escalator) et dors jusqu'à 08h00. Le lendemain, tout se passe bien. Je dois tout de même batailler contre les habituels chauffeurs de taxi malhonnêtes qui me prennent pour une occidentale (600 yuans la course! dans vos rêves!) à l'aéroport de Chongqing avant de rejoindre mon appartement où une mauvaise surprise m'attend: ma clé ne joue plus dans la serrure. Quelqu'un a soit endommagé, soit changé la serrure et il me faudra attendre encore une heure devant ma porte, avant de pouvoir enfin rentrer chez moi... mon porte-monnaie bien allégé, bien sûr.
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