dimanche 2 septembre 2007

Première journée chinoise...


La Chine - premiers contacts

Ouh! Mal dormi. Aux aguets de tout bruit suspect, 'ai passé la nuit à écouter, allumer la lumière pour surprendre la bestiole en train de déguerpir, à réteindre pour rallumer et j'ai finalement dormi la lumière allumée. Les cafards n'aiment pas la lumière, ça devrait les tenir à l'écart... du moins ceux qui peuplent mon imagination...

Il est très tôt mais il fait déjà une chaleur infernale. Les oiseaux d'ici ont un caisson de résonance extraordinaire - ils se disputent devant ma fenêtre. Je me lève, parcours à pieds nu le sol de pierre froid - c'est agréable - et me dirige vers la cuisine après un bref passage aux wc. Rien à manger. Un peu de café. Il y a de l'eau dans la fontaine - va pour le café à jeun. Ordinateurs branché - mails - quelques mots à mes amis - tiens, je ne sais pas quoi écrire, l'aventure est trop fraîche. Juste leur dire que tout va bien.

Petite balade sur le campus - à la recherche d'une boulangerie. C'est immense - et vide. Les vacances ne sont pas terminées et les élèves ne sont pas revenus. Du coup, les magasins sont fermés. Je trouve quand même une petite boulangerie - j'ai de la peine à choisir et finit par prendre un petit pain. Premiers contacts avec la boulangerie chimique chinoise. Il faudra trouver autre chose à manger pour le petit déj, je doute ne jamais m'habituer aux petits pains "à l'occidentale".

A midi je dois manger avec la directrice. En fait, ce sera avec tout le département de français. Je les rencontre devant le restaurant. Elle m'accueille, me présente le groupe de collègues et tout à coup, je suis abordée par un jeune étudiant. Il me prend par le bras et se met à me supplier. Il veut apprendre le français, dit-il en anglais. Il me secoue le bras et se met à pleurer en m'implorant de lui apprendre le français. La directrice le calme, lui parle doucement et l'éloigne, il revient à la charge puis elle finit par le tenir à l'écart. Elle est très gênée. Et moi très surprise - choquée même. C'est mon deuxième contact avec un étudiant chinois... ils ne sont pas tous comme ça j'espère! 

Dans le restaurant, on traverse la grande salle et monte à l'étage, dans une salle privée! Wow! Une grande table ronde avec un plateau tournant trône au milieu de la salle. On a deux serveurs pour nous tout seuls et les plats, plus délicieux les uns que les autres, défilent. Je suis très intimidée. Après la limousine d'hier, le repas en salle privée... je me sens très flattée. Je fais de mon mieux pour commettre le moins de maladresses possibles avec mes baguettes. Demain, ma collègue française arrive puis une autre plus tard, qui a des problèmes de visa (elle a été engagée sur le tard). Je me réjouis de les rencontrer.

samedi 1 septembre 2007

Premiers pas à Chongqing


L'aventure chinoise commence

Epuisée par le long voyage, mais curieuse de découvrir ce nouveau pays si lointain - la Chine - dont je n'avais jamais vraiment rêvé et dans lequel je m'installe aujourd'hui sans y être vraiment préparée. Il y a trois mois à peine, ma mission au Kosovo arrivait  à son terme et il n'y avait plus les fonds pour que je continue cette expérience que j'avais trouvée très enrichissante. Je regrettais un peu de partir au moment où je commençais enfin à baragouiner l'albanais - pour un pays où je serai illettrée - et dont la langue fait référence à l'abscons.

Lors de mes très nombreuses recherches d'emploi, j'avais répondu, parmi d'autres, à une annonce de l'Institut des Langues étrangères du Sichuan à Chongqing: lectrice de français, payée 3500 yuans par mois (finalement 4'000), logement pris en charge par l'université ainsi que connexion Internet, téléphone et pas d'impôts. Pourquoi pas? C'est mieux que rien et ça me fait une recherche de plus à présenter ua chômage. Puis j'étais passée à autre chose. Mais Chongqing avait répondu, ils étaient intéressés. Je me souviens avoir relu plusieurs fois le mail très bref... oh mon Dieu! Je vais en Chine! Pas une seule seconde, je n'avais imaginé être engagée. Tout à coup, mon estomac s'est noué. J'avais déjà vécu au Kenya et j'avais adoré ça alors je ne sais pas pourquoi partir en Chine m'a tant choquée au départ. Et puis ça a été comme un rêve: les semaines ont défilé, j'ai commencé à me préparer. Recherches sur Internet: oh misère: Chongqing - 30 millions d'habitants - surnommée l'une des trois fournaises de Chine - inondations fréquentes et des photos de grisaille à donner le tournis. Mais je me réjouissais. La panique passée, restait le sentiment d'aventure. J'ai acheté un petit livre de chinois, appris à dire bonjour et merci et puis je me suis dit que j'allais vraiment apprendre sur place... La Chine... Mes amis m'en voulaient un peu sur ce coup-là, eux qui se réjouissaient de me voir revenir du Kosovo...

Le paysage défile: autoroute bordée de gratte-ciels usés - les façades ne restent pas neuves longtemps sous un climat subtropical humide. La limousine climatisée glisse plus qu'elle ne roule de bretelles en bretelles, échangeurs gigantesques, forêts de béton - 40 minutes de route durant lesquelles ma future collègue, venue m'accueillir à l'université, me présente un peu le programme de l'après-midi et de demain. On va passer à mon appartement puis manger et ensuite un étudiant m'accompagnera pur faire des courses chez Carrefour, au centre-ville. Demain je mange avec la directrice. Je pose quelques questions, réponds, regarde par la fenêtre... pour le moment, je suis déçue, la Chine ressemble à n'importe quelle autre ville du monde: des banlieues grises et sales, du béton... Je ne sais pas ce que je me suis imaginée, mais je me suis imaginée quelque chose de plus ... différent.

On arrive à l'université. On pénètre sur le campus puis on stationne devant une rangée de vieux immeubles qui ont grand besoin d'être rafraîchis. Une rangée de ficcus aussi hauts que les immeubles bord l'allée. J'ouvre la porte et je m'immobilise: les arbres hurlent! Et la chaleur vient de me frapper très fort dans la figure! Comme un coup de poing. C'est à en être renversé. Je voulais de l'exotique? Bienvenue à Chongqing!

Mon appartement est immense et pue l'humidité. Je vais vite comprendre que, sous ce genre de climat, il suffit de quitter son appartement une semaine pour qu'il se mette à moisir. Brasser l'air en habitant le logement aide à prévenir la moisissure et les odeurs d'humidité. J'ai de bons souvenirs de cet appartement, mais ma première impression se résume à "pourave". Il est propre pourtant.

J'ai à peine le temps de me rafraîchir. Ma collègue tourne en rond dans l'appartement en attendant de pouvoir aller manger avec moi. Il n'est pourtant que 17h00 et je préfèrerais faire une sieste, après avoir pris une douche pour me débarrasser de la sueur - je vais vite le comprendre, en été à Chongqing, on colle et la douche n'y fait rien, 5 minutes après on pèdze à nouveau. Départ donc pour le restaurant universitaire, au bas de mon immeuble. Comme cadeau de bienvenue à l'université, je reçois des bons repas dans ce restaurant. Pour mon premier repas chinois - et ma première expérience avec des baguettes: des raviolis dans une soupe! Autant le dire, la moitié a été offerte à la nappe! Grand conseil donc à tout chinois qui accueille un étranger tout frais: avant de lui servir des raviolis, vérifiez sa dextérité avec des baguettes!

Toujours pas le temps de me reposer, un futur élève me contacte: il doit m'emmener chez Carrefour pour faire des courses. On monte dans un bus et il me parle, en français. Il se montre très critique envers les promesses de progrès faites par la Chine pour les jeux olympiques. Selon lui, il faudra plus de 50 ans avant que la situation ne s'améliore. Je suis très étonnée par son franc-parler.

La taille des cigales est impressionnante
Enfin seule chez moi. J'essaie d'apprivoiser mon appartement. Ma literie "les 101 dalmatiens" a des tâches suspectes et a vécu (de grande aventures à première vue). Il y a des tuyaux graisseux dans la cuisine, et un gros trou qui donne sur l'intérieur du mur et de la tuyauterie dans la salle de bain. Peu ragoutant mais je vais m'y habituer. Le balcon est dans la ramure des ficcus. Il n'a jamais vu une panosse. Mais je trouve agréable d'être parmi les oiseaux. Les arbres hurlent toujours. Je finis par découvrir une cigale grosse comme mon point. J'espère que les cafards ne font pas la même taille. J'ai un gecko dans la cuisine.


Squat le gecko
La nuit, je sursaute à tout bruit suspect: les meubles craquent, des trucs se baladent ou rampent et chaque fois je pense à des cafards géants... 3 nuits d'insomnie et je n'en aurai plus rien à faire. Il me faudra plusieurs mois pour expliquer certains bruits très forts près de l'armoire, qui fait le coin avec la fenêtre: une chauve-souris, porte-bonheur en Chine, vient s'accrocher chaque nuit à ma fenêtre.

Envie de visiter l'appart?

La cuisine avec gecko derrière la cuisinière à gaz

L'immense salon-entrée


La chambre avec lit "Dalmatiens"

Le balcon dans les arbres

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