dimanche 27 février 2011

Voyage aux sources de la céramique - part. 3

 
La céramique japonaise

A Shanghai le dernier week-end de janvier, et désireuse de fuir les pétarades du Nouvel-An chinois, j'ai sauté sur le paquebot en partance pour Osaka, un voyage bon marché et agréable que je conseille à ceux qui aiment prendre le temps du voyage et rencontrer des gens. Car 46 heures sur un bateau, ça veut dire pas mal de rencontres, deux soirées karaoké, quelques parties de cartes et pas mal de tchatche, en anglais, en chinois et parfois même en français. Les chinois parlent japonais, les japonais parlent chinois, et quelques occidentaux qui pour la plupart vivent en Chine ou au Japon et sautent d'une langue à l'autre. Une très belle expérience.

Ayant commencé mon voyage sur le thème de la céramique, j'ai été tentée de continuer au Japon. Seuls les prix très élevés des transports (et de la vie en général, quand on vient de Chine ça fait un choc quand même) m'ont découragée de vraiment en faire le tour, craignant principalement de me retrouver, comme en Chine, à visiter des ateliers vides pour l'hiver. Surtout que les centres de la céramique japonaises sont assez éloignés les uns des autres. Il faut en fait descendre dans le Kyushu pour admirer les sites les plus intéressants de la poterie japonaise, surtout Imari et Arima, mais une virée au fameux Himeji, le château le plus célèbre du Japon, malheureusement en réfection en ce moment (il est complètement emballé), peut se combiner avec une petite escapade à Bizen. Je me suis contentée de Kanazawa, ayant guidé mes pas vers Nagano et les Alpes japonaises. Nostalgie de ma part?

A Kanazawa, un petit musée de la poterie permet de voir les différentes étapes de la production et de décorer soi-même sa porcelaine. Je n'ai en revanche pas trouvé le musée Ohi franchement passionnant.

La différence de chaleur répartie sur le plat pendant la cuisson fait
la différence de couleur que prend le vernis

L'or, le fer et l'argent sont utilisés dans les teintes de ce motif

En séchant, le gobelet perd 10% de sa masse et le vernis se craquelle

Motifs à base d'or et de fer

vendredi 25 février 2011

Voyage aux sources de la céramique - part. 2

 
Au pays des théières

Quelques souvenirs de la superbe théière de Yixing dont je suis tombée amoureuse à Pékin? Et ce bestiaire de céramique qui accompagne les buveurs de thé - et dont je fais collection? Depuis le temps que je les recherche, il fallait que j'aille fouiner dans leur antre, que je rencontre les artistes qui les façonnent et que je déniche quelques nouvelles pièces! Yixing! La ville des théières! Départ, donc, pour le Jiangsu.

Et une belle déception...

Je ne m'attendais pas à une belle ville, ni à un petit village d'artisans et, voyageant durant la saison morte, je ne m'attendais pas non plus à une activité de rucher (ou si, un rucher en hiver et c'est exactement ce que j'ai trouvé). Mais le fait est que Yixing ne doit pas souvent être visitée, même par les touristes chinois. Le flot des visiteurs dans le Jiangsu ne doit pas dépasser Suzhou, en fait. Du coup, même les pièces du musée de la poterie ne sont pas les plus belles que l'on puisse admirer et le marcher des théières présente plus de produits bons marchée que d'oeuvres originales des artistes du coin. C'est logique. S'ils veulent vendre leurs oeuvres, c'est dans les mégapoles qu'ils doivent les envoyer, personne ne se déplacera jusqu'à Yixing pour les acheter. Quant aux potiers, ce n'est pas en hiver que l'on voit naître une théière.

 A mon avis, un passionné qui veut vraiment connaître et observer les techniques des potiers de Yixing devrait prendre rendez-vous avec un maître potier et maîtriser la langue ou venir avec un guide-traducteur. Autrement le gentil enthousiasme du gardien au portail du musée ne suffira pas...

Combat de criquets

Grenouille jouant avec le poisson

Paysage de montagne

jeudi 24 février 2011

Voyage aux sources de la céramique - part 1

 
Jingdezhen - Le très modeste centre de la porcelaine chinoise

Porcelaine de Chine, que les anglophones nomment simplement China, si blanche et translucide, aux vernis colorés, craquelés, motifs en reliefs, peintes à la main. La porcelaine chinoise occupe une place privilégiée dans les bazars, grands magasins, échopes de souvenir. Dans la littérature classique européenne, elle abonde dans les descriptions des demeures bourgeoises, Tintin se cache dans un grand vase sur la couverture du seul album traitant de la Chine, elle abonde chez les antiquaires comme un objet rare et précieux. Difficile de ne pas se laisser impressionner par sa magie, des oeuvres les plus raffinées aux plus kitsches. Mais d'où vient-elle?

Etrangement, les sources de ces richesses représentatrices de la Chine sont des régions très modestes. La ville de Jingdezhen, dans le Jiangxi, province peut visitée malgré sa proximité avec la célèbre Huang Shan, est le centre de toute la porcelaine chinoise depuis plusieurs siècles. C'est son industrie principale. Pourtant, la première chose qui frappe lorsque l'on aborde cette petite ville, c'est la pauvreté qui y règne. Plus qu'ailleurs. La ville est laide, triste et pauvre et son seul intérêt est son superbe musée de la porcelaine, qui occupe des bâtiments anciens, entourés de nature. Un îlot de beauté et de verdure dans la grisaille industrielle de la petite ville. On peut s'étonner qu'une ville qui a produit l'art le plus connu de Chine soit aussi anonyme.

En hiver, saison creuse, le musée est ouvert mais à peine actif. Beaucoup font la sieste, quelques artistes travaillent sur une poterie par-ci, par-là, ou se mettent en activité au passage des quelques touristes passionnés. Car il faut l'être pour être venu jusque là. On assiste surtout au façonnement des porcelaine et à leur décoration, les fours sont éteints et il y a finalement peut d'information sur les techniques spécifiques du vernissage. Ce qui fait la poterie chinoise, c'est sur la matière première, l'argile blanche dite "kaolin". Le musée présente néanmoins toutes les étapes de la production et quelques spectacles, le site est magnifique et il est possible de mettre la main à la pâte. En combinant avec un voyage dans les villages Huizhou alentours, cela vaut vraiment le détour. A visiter durant la belle saison.








A Tianjin, la China House est à voir absolument.

mercredi 23 février 2011

Vieux villages Huizhou en hiver

  
Quand la Chine rurale se fige sous le gel

Un village qui flotte sur l'eau gelée, comme une apparition. Des femmes écaillent des poissons au bord d'un étang en forme de lune. Une femme fait la lessive dans l'eau glacée de la rivière. Des enfants emmitouflées dans des manteaux rembourrés qui les font ressembler à de grosses poupées lancent des boules de neige. Une fillette rit de son bonhomme de neige. Des oies passent en cancannant.

Je suis dans l'Anhui. Tout ce que ce nom évoque, généralement, c'est Huang Shan. Pour ceux qui savent qu'elle se trouve dans l'Anhui, bien sûr. Du coup, pour parler de Tunxi, il faut dire Huang Shan. Autrement personne ne sait de quoi on parle. Cette petite ville au sud de l'Anhui est la base de départ vers la célèbre montagne. Tout autour de la gare, on se voit proposer des crampons (même avec la neige, certains s'attaques aux vertigineux escaliers de la montagne jaune), des bâtons de marche...

Pourtant, Tunxi, avec sa Lao Jie (vieille rue) de style Huizhou et son excellent restaurant plein de délicieuses spécialités, vaut à elle seule le détour. Elle sent le tourisme, bien sûr, mais en hiver, quand il est au plus bas, elle reste une petite ville agréable car modeste, dont la spécialité est la production d'encriers de pierre sculptées (à des prix imbattables, mais c'est un peu lourd à transporter) et sa vieille rue est splendide, qui donne un avant-goût des trésors de la région: les petits villages de style Huizhou, dont les plus célèbres sont Hongcun et Xidi. L'accès aux villages est payant, et c'est assez cher (80 yuans), mais si cela aide à les conserver...

Hiver, saison morte, et pour cause, la tempête de neige qui m'a accompagnée de Shanghai à Tunxi en aurait découragé plus d'un et le manque de chauffage (la climatisation sert à chauffer mais elle fait surtout du vent) donne au voyageur l'occasion de comprendre ce que vivent les villageois en hiver: on se couvre de vêtement ouatés et de laine et on attend le printemps les mains tendues vers les braseros (ou assis dessus, les tabourets braseros étant une invention fort ingénieuse). Mais c'est à cette saison que s'offre tout le charme des villages enneigés, pris dans les glaces, les pavés glissants, humides, et le ciel gris et brumeux. On se croirait dans le village onirique d'Un monde évanoui de Yu Hua.

Le style Huizhou, typique par ses façades carrées au toit gradué et par la cour intérieure carrée là ou le toit est ouvert pour laisser passer la lumière, s'étend dans l'Anhui et le Jiangxi. Il y a de très beaux villages autour de Jingdezhen, le centre de la poterie chinoise, qui était mon premier objectif. L'eau et la pierre se rencontrent dans certaines demeures plus cossues dont la cour intérieur donne sur un ruisseau, un petit étang avec des poissons rouges, comme dans un jardin chinois. Partout, des canaux. Seul Xidi, village fortifié, superbe mais "enfermé", ne laisse pas cette impression de "fluidité".

Je suis passée par Hongcun, Xidi, Huizhou et Xiao Likeng entre autres. Quelques photos qui parlent plus que les mots:

Hongcun

Hongcun


Huizhou

Xiao Likeng

Xidi

jeudi 3 février 2011

Vous souhaite à tous...

  
... une très bonne année du lapin!



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