samedi 10 juillet 2010

Langmusi-Taksang Lhamo

  
Prairies, nomades, loups et vautours

Fuir Songpan. La station touristique de Songpan. Là où les voyageurs affluent pour faire des randonnées à cheval ou envahir Jiuzhaigou la belle. Le choc. Après avoir erré dans des régions ignorées des masses touristiques, Songpan me rebute.

A l'origine, j'aurais dû passer la frontière du Qinghai (Amdo) à Manigango, mais une épidémie de peste pulmonaire y sévissait et la région était fermée. Contournant le Qinghai, pour le rejoindre par l'autre côté, je suis donc obligée de passer par le Gansu. Quelle chance! J'en avais entendu que du bien. Et je confirme, le Gansu est une province absolument superbe!

Le contrefort rocheux au-dessus de Langmusi
 Langmusi avait l'air isolée à souhaits,  et il est possible de faire des randonnées découverte de quelques jours à cheval, pour un prix plus bas qu'à Songpan et en évitant la foule des touristes. Cette petite ville nichée entre des monts verdoyants au-dessus desquels planent les vautours, à cheval sur la frontière du Sichuan et du Gansu,  est peuplée de tibétains et de musulmans. Autour, des prairies à l'infini, dont la mer de fleurs, des rivières qui serpentent en brillant sous le soleil, et des yaks, des yaks, des yaks.

Cela vaut la peine de se balader un peu dans la ville, jusqu'à la mosquée pour la dominer puis de faire une pause "tarte aux pommes" dans l'un des nombreux restaurants qui s'adaptent rapidement au déferlement croissant des touristes. Une seule auberge, sommaire, mais vu la croissance de la ville, elle deviendra rapidement une petite ville à la "Songpan" pour sûr. 

A une journée de cheval à travers les prairies, proche d'un site d'enterrement céleste, se trouve un campement de nomades. Un parmi d'autres. Ici, on élève des yaks mais aussi et surtout des moutons. Une espèce que je ne connais pas, dont les femelles autant que les mâles ont des cornes. Ce sont les chiens qui nous accueillent. Ils sont là pour garder et je suis un élément étranger. Ils font donc leur boulot. Je vais loger avec une famille, sous la tente en poil de yaks. L'agence qui m'a fourni le cheval et le guide, lui-même nomade et dont la famille tient son camp non loin, m'a donné des informations sur la vie traditionnelle, les usages et les tabous à respecter, ainsi qu'un lexique. Mais mon chinois suffit pour m'exprimer, au travers de mon guide avec lequel je n'aurais échangé que des informations pratiques par lexique interposé si je n'avais eu quelques bases. Au contraire de Songpan, ici les gens ne parlent pas anglais. Connaître un peu de chinois permet de sortir de la frustration de devoir rester muet tout le long du voyage. Quant au tibétain, ça peut aider mais on parle ici un dialecte très différent du tibétain de Lhasa.

Tente de nomade en poils de yak
La tente est formée de 20 panneaux de poils de yak. Chaque année, les nomades ramassent les poils dans la prairie (les yaks ne se laissent pas volontiers tondre, non, non) et tissent un panneau. La tente est donc entièrement renouvelée tous les 20 ans. A l'intérieur, un tas de bouse séchée fournit le combustible pour le thé que l'on me sert en même temps que du fromage et un  peu de viandes séché de mouton. Mon guide se met à raconter des histoires et toute la famille l'écoute attentivement, concentrés sur ses histoires que je ne peux qu'imaginer. Ca doit être passionnant vu comme son auditoire l'écoute. Après le repas, les hommes jouent aux cartes, et peu à peu on s'installe pour la nuit.

Toute la nuit, les chiens aboient autour de la tente. Il y a des loups. Le lendemain matin, non loin du campement, des vautours dansent autour du cadavre d'une chèvre. On retrouvera plus tard le cadavre d'une yak, de la même façon. 

La  bouse séchée pour combustible
Thé pour le petit déjeuner. Il est interdit de se peigner les cheveux dans la tente, il semble que ce soit un tabou. On fait donc sa toilette dehors, au milieu des chèvres, la jeune fille  nourrit au biberon un agneau orphelin qui a passé la nuit sous la tente avec nous puis se lave les cheveux dans la rivière, sa mère étale la bouse de yak pour la faire sécher, des béliers se battent.  Les hommes se mettent à cheval pour aller garder les yaks et les chèvres sur le flanc des montagnes, ils comptent et recomptent les bêtes avant de partir. Et nous repartons aussi. La jeune fille nous accompagne sur son propre cheval, elle va rejoindre la ville pour la reprise des cours. En passant, elle nous montre la maison d'hiver dans laquelle sa famille passe la saison froide, une maison en dur proche de la ville, mais très isolée quand même.

Jamais je n'ai été si proche des loups, même si on ne les a pas vu. Je comprends mieux pourquoi, alors que je tentais de m'aventurer seule en dehors de Langmusi histoire de se balader dans la nature, un tibétain a tant insisté pour me ramener en moto. C'est une belle aventure et une très belle expérience. Même si le cheval, formaté pour les touristes, était trop lent à mon goût.

Moutons mâles et femelles ont des cornes
Vautours près d'une carcasse de yak
  
Maisons en dures pour l'hiver

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