samedi 12 décembre 2009

Instant de bonheur...


Il y a deux ans, à Shanghai, m'était arrivé une aventure étonnante: un couple de chinois m'avait demandé son chemin. En chinois. Et je leur ai répondu. Toujours en chinois. J'avais ensuite continué mon bout de chemin avant de réaliser l'étrangeté de la chose. Et bien le phénomène s'est reproduit. Deux fois. En une semaine. Je sors de mon immeuble, et une personne âgée me demande où se trouve tel numéro. Je ne sais pas, je ne connais que mon immeuble. Mais j'en sautillerais de bonheur, comme un cabri. Ils ne m'ont pas traitée en étrangère. 
Car je pourrais vivre 30 en Chine, que je serai toujours l'étrangère. Celle qui probablement ne parle pas la langue. La curiosité. Il est vrai que j'ai du mal quand les parents me montrent à leur enfant, comme si j'étais une bête curieuse, en leur disant "dit hello à l'étrangère", ou que la jeunesse se met à parler anglais dans mon dos d'un ton affecté pour se faire remarquer. Que certains vendeurs hurlent "je comprends pas" quand on pipe deux mots de chinois et qu'ils en déduisent, comme çà, spontanément, que l'occidentale que je suis doit vouloir un coca (beurk). Alors quand une vieille femme ou un vieil homme s'approche pour demander un renseignement, en chinois, tout naturellement, c'est du pur bonheur!

Et en plus, ce matin, alors que je continuais mon chemin d'un pas plus allègre, une femme m'a sourit, d'un grand sourire sincère. On s'est sourit. car un sourire comme celui-là en appelle un de retour. Les gens ne sourient pas tous les jours, et tout le monde ne sourit pas, c'est sûr. Mais ils sourient plus facilement quand on se sent bien. Qu'on ne tire pas la gueule. Parce que les sourires, c'est contagieux. Ça se transmet.

dimanche 6 décembre 2009

Enfer et damnation...


.... c'est bientôt Noël!


Cela fait prêt de cinq mois que j'y pense: acheter les cadeaux (Ganzi, Xining et Xi'an sont idéales pour çà, mais quand on voyage... c'est lourd! ce sera donc Xi'an) et les envoyer au moins
3 mois, 2 mois, un 
mois... deux semaines à l'avance, par voie de surface pour que l'envoi ne coûte pas 10 fois plus cher que le contenu. Ah! Si on pouvait négocier les prix avec la poste, comme on le fait avec les marchands! J'imagine la scène... ça donnerait ça, mais en chinois, et en plus simple:

"Ce colis pour la Suisse, combien?"
"Ca fera... kuai qian! "
"Quoi! Tai gui le! C'est trop cher! Pour ce prix là, tu envoies deux colis, deux fois plus lourd, et par avion!"
"Ahhhh!" (prend un air très embarrassé, piétine un peu sur place, sourit...) "Alors combien tu proposes?"
"Ce prix-là! Par avion. C'est raisonnable, non?"
Rires. "Non, non, ça c'est par voie de surface. Allez, ce prix-là. C'est un cadeau. Prix  d'ami! Panyou!"
"Prix pour touristes, oui! Je vis en Chine moi! Je suis une laoshi! Prof, oui. Avec un salaire de prof!"
"Ah! Vous parlez bien chinois" (cela vient généralement un peu avant).
"Mais non, mais non."
"Si, si!"
"Oh... juste un peu, pas bien, ça fait trois ans que je suis là" (moi j'exagère un peu, ça fait partie du jeu)
"Trois ans!"
"Oui,  deux  ans à Chongqing, et trois mois à Xi'an."
"Ah! Chongqing! Vous aimez la nourriture épicée?"
"Oui, oui, beaucoup! So*, combien ça coûte?  On est panyou après tout. On vit dans la même rue. Tenez, je vous en donne..."
*en anglais. Je ne sais pas dire revenons à nos moutons en chinois. En y
réfléchissant, je ne saurais pas le dire en anglais non plus.

Ah, ce serait trop beau... Mais la poste, c'est la poste.
Le dialogue ci-dessus a pourtant bien eu lieu. A Huijie, le quartier musulman qui s'étend au centre de Xi'an, derrière la tour des tambours, première ruelle à gauche. Mecque du shopping souvenir, véritable souk chinois, on y trouve de tout, sauf peut-être ce qu'on cherche. Il faut y aller pour y  flâner, avec l'envie de beaucoup négocier et pas mal de curiosité pour la gastronomie. Car c'est aussi le quartier des spécialités, de quoi s'en mettre plein les papilles.
Je reviens donc les mains pleines de sacs (poubelles, ben oui) plein de belles choses et le porte-monnaie anorexique. Le décompte est fait: j'ai trouvé des cadeaux pour presque tout le monde. A la maison, en regardant les achats, un coup de fatigue: est-ce le bon achat? Est-ce de la vraie soie? (Apparemment pas. Tous mes poils se dressent au contact du doux tissu. Me voilà porc-épic). A qui vais-je offrir cela? Pourquoi ais-je choisi cette couleur? Et surtout: comment vais-je emballer çà? Où trouver l'emballage?
Car il y a une chose singulière en Chine. Si on peut acheter des cadeaux déjà emballés avec les plus belles boites du monde, il est en revanche extrêmement difficile de trouver des emballages sans le cadeau à l'intérieur. Une nouvelle chasse s'ouvre donc: celle à l'emballage. L'occasion de compléter les achats par quelques tentantes babioles, d'acheter plein de spécialités gastronomiques que je doute pouvoir envoyer, et de voir mon téléphone quitter subrepticement ma poche, pour disparaître à tout jamais. Il me semble que cette année, mes téléphones portables se succèdent à un rythme effréné, sont animés d'une vie propre, et d'une très grande indépendance. 
La poste est encore ouverte, mais ce sera pour demain. Ou après-demain. Ou la semaine prochaine. Peut-être devrais-je rentrer en Suisse pour les fêtes, histoire d'apporter les cadeaux moi-même... J'en profiterai pour recevoir un vaccin gratuit.

jeudi 3 décembre 2009

Drôle de dessin animé...



Après Bob l'éponge, qui m'avait semblé sacrément saugrenu (les gens paient vraiment pour aller voir les aventures d'une éponge au cinéma?), voici les aventures... d'une paire de cannette de boisson!
Non, non, tout est possible. Dans un bus, j'avais pris mon air blasé de voyageuse urbaine coincée sous quelques aisselles, accrochée du bout des doigts à une barre de métal (enfin je crois), les pieds serrés contre mes sacs de course posés par terre. Et le regard tourné vers la télévision (un peu de force il faut le dire, je n'aurais pas vraiment su comment tourner autrement la tête. Voilà ce que c'est que de sortir le bout de son nez un samedi de beau temps !) Et là, mon expression a changé du tout au tout. J'ai soudain réalisé que je regardais... une histoire de cannettes de boisson, avec leurs amis la fourchette et la brosse à dent et leur chien: une boite de sardine qui aboie!
Le dessin animé s'appelle"哈皮父子", ce qui veut dire "Happy père et fils". Copiez le titre en chinois, collez sous google et allez chercher les images, vous en aurez plein! En attendant, voici le papa et fiston:
On passera  le côté "nous les produits de consommations, héros heureux!"

mercredi 2 décembre 2009

Vaccins...suisses


J'ai reçu une information de l'ambassade sur les vaccins contre le H1N1 pour les Suisses (et Liechtenstein-ois)  en Chine. Ça donne çà:


"According to a Federal Council decision of 4 November 2009, the same principle will apply to the question of free influenza vaccination for the Swiss Abroad. If Swiss nationals abroad can be vaccinated in their country of residence against the H1N1/2009 influenza pandemic, they should do this there at their own expense (or according to the local provisions). According to the experience made by our representations in China, this is generally not the case for China.
Swiss nationals living abroad who cannot be vaccinated in their country of residence are entitled to travel to Switzerland at their own expense and to receive a free vaccination at one of the army vaccination centres listed below"
Donc, si j'ai bien compris, je dois rentrer en Suisse par mes propres moyens pour recevoir... un vaccin gratuit. Ben voyons!

dimanche 29 novembre 2009

Qui parle de crise du pétrole?



Dernièrement, je suis tombée sur un article sur Chongqing publié dans la NZZ. Un photographe turco-suisse qui prend de belles photos de ma ville d'adoption chinoise. En feuilletant l'album photo du mois de ce journal, je suis tombé sur cette photo extraordinaire de Chongqing:


Ce sont des taxis en train de faire la queue pour faire le plein. On les voit souvent rangés en files interminables, mais là c'est extrême! Un ami de Chengdu m'a dit qu'il y avait une crise énergétique à cause du froid et qu'à Chengdu on pouvait les voir faire la queue sur au moins trois km. J'ai cherché une info mais je n'ai rien trouvé. Serait-ce en lien avec le froid? En effet, les jours de neige que l'on a connu à Xi'an n'étaient pas régionales. J'ai croisé ce vendredi une cycliste qui, en passant la frontière du Vietnam à la Chine s'est retrouvée très surprise de passer une frontière météorologique: il neigeait à Kunming. Mais là encore, pas d'informations sur un froid exceptionnel ou des problèmes d'approvisionnement énergétique.

vendredi 27 novembre 2009

Tous à vos masques, la grippe A débarque!


Au musée des guerriers de terre cuite, un touriste
se protège. Il n'est pas le seul.

Au début de l'année, la rentrée s'est faite à l'ombre de la menace de la grippe A. Non seulement en Chine, mais partout ailleurs. Les journaux sont là pour nous rappeler la menace constante et la psychose qui va avec. Sérieuse ou non, l'ombre de la grippe A plane et affecte le quotidien. Ainsi, comme je le mentionnait dans un article précédent, une bonne moitié de ma classe ainsi que tout le département de russe avaient été astreints à leurs dortoirs et si les profs russes avaient reçu un congé, les profs de français continuaient de travailler avec des classes réduites. Cause: des cas de grippe dans les dortoirs.
Puis le temps a passé, et on a un peu oublié. Les policiers à l'entrée de l'université continuaient de contrôler l'identité des personnes entrantes, mais cela tenait de la routine et n'avait pas grands liens avec la grippe elle-même. Jusqu'au jour où, après les vacances, la police se retrouve munie de pistolets à fièvre: hop: tout le monde  est contrôlé, qui a la fièvre n'entre pas. On voit dès lors les élèves des écoles s'aligner devant l'entrée attendant leur tour, tandis que des gardiens amusés prend leur température. A l'université, idem. Mais en moins strict.
Et le temps passe. Et les pistolets se mettent à pendre à bout de bras de policiers qui peu à peu s'inquiètent plus de leur propre température soumise aux frimas de l'hiver que de la température des passants emmitouflés qui pressent le pas. La mesure s'assouplit au point qu'on ne nous contrôle plus du tout. En revanche, avec le froid, les masques apparaissent. Si on les voyaient déjà sur le nez des personnes les plus prudentes (surtout dans les lieux touristiques), ils se sont complètement généralisés au moment où le baromètre a sérieusement chuté.
Car ici, le masque ne sert pas seulement à se protéger de la maladie (ou de la poussière), il sert surtout à tenir chaud. Du coup, depuis que l'hiver s'est installé, les visages se sont couverts de masques multicolores, allant du médical au fantaisie. Pour trois yuan, on peut acheter partout, parmi les écharpes et les gants, le masque qui plaît et qui va avec sa tenue. J'ai demandé si cela datait de la période du SRAS et que les chinois s'étaient habitués aux avantages du masque contre le froid à l'époque. Apparemment, non, cela se fait depuis plus longtemps.
Couleurs d'hiver pour le froid et couleur d'été pour la tunique et contre la pollution
On commençait donc à penser que la grippe avait quitté les esprits. Eh bien non. Depuis mardi, les élèves ont l'interdiction de sortir de l'université, à moins d'avoir une autorisation spécialement délivré pour une bonne raison. Quotidiennement, je vois les policiers refouler ceux qui tentent d'entrer ou sortir sans papier tandis que je passe sans être inquiétée. Apparemment, les profs ne risquent pas d'attraper pas la grippe.

jeudi 26 novembre 2009

Hôpitaux chinois - se soigner en Chine

  
Assise sur la un banc métallique du couloir froid et sale d’un vieil hôpital, j’attends mon tour. Mon premier hôpital chinois n’est pas le grand hôpital du district, mais un petit hôpital populaire, bondé, où les médecins passent leurs consultations à la chaîne. Les patients, à l’exception d’un vieil homme assis à côté de moi, s’entassent dans le cabinet, autour de la table du médecin invisible, complètement submergé par son public. Certains lui tendent des feuilles, lui posent des questions, d’autres poussent pour mieux voir. Ça m’inquiète un peu : faut-il donc que comme eux je pousse pour obtenir mon tour, ou y a-t-il un ordre de passage qui me permette de rester assise ? La réponse ne tarde pas. D’une belle gueulée, le médecin chasse la foule hilare qui se précipite au-dehors et attend derrière la porte fermée, puis entrouverte… Il aura environ 10 minutes de répit. 

C’est donc entourée de monde que je passe en consultation. On s’étonne que je parle un peu le chinois, on admire mon étudiante qui parle si bien le français tandis que le médecin fatigué, surchargé me pose quelques questions, m’examine un peu et m’envoie à la pharmacie. J’ai la grippe. Il ne peut rien faire mais m'envoie au guichet des médicaments. On paie à l'avance. Puis la pharmacienne se présente avec un petit panier remplit de médicaments dans de belles boites chinoises aux symboles mystérieux : licornes, chevaux, dragons et calligraphie dorée. Parmi tous ces médicaments, celui que je devais prendre le soir me réserva une belle nuit blanche: c'est en relisant la posologie que je découvris qu'un pourcentage très élevé de caféine entrait dans sa composition. Je l'ai donc arrêté. Et recevais peu de temps plus tard un courriel d'une élève qui me tançait: "j'ai appris que tu ne prenais pas tes médicaments. Ce n'est pas bien!" S'ensuit, une recette de sa grand-mère pour se soigner.

Il n'est pas possible de rester plusieurs années en Chine sans  passer à un moment où à un autre par la case Hôpital. Eh oui, en Chine on s'y rend assez automatiquement, dès que le médecin-pharmacien s'avère dépassé ou que le problème est plus important qu'un simple rhume.

Le médecin pharmacien? Ici, les pharmacies ont leur médecin qui offre un consultation rapide et bon marché avant de nous diriger vers le traitement (de médecine chinoise) approprié. Il y a aussi beaucoup de petites chambres de consultation de quartier, des chambres ou des tentes de repos (un ou deux lits en vitrine ou sous tente) dans les quartiers les plus défavorisés, et un(e) représentant(e) du personnel médical qui s'ennuie en attendant. 

L’hôpital militaire du district de Shapingba - Chongqing. C'est celui qui a très bonne réputation, le meilleur de la région, en fait. Il faut avouer que Chongqing a de la chance, les hôpitaux de Xi'an sont lamentables. Le hall  gigantesque donne l'impression d'être dans un aéroport. Les hôtesses en uniforme participent parfaitement à l'impression. Les gens se pressent comme s'ils partaient en voyage. Au fil de la visite, je compte cinq uniformes différents, sans parler de l’uniforme militaire des médecins.

Première étape : acheter un carnet (5 mao).
Deuxième étape : passer au guichet et décrire le problème afin d’être dirigé vers la bonne section et d’être enregistré. Il faut ensuite trouver la section. Cette étape se fait donc difficilement sans un guide chinois.
Troisième étape : attente dans le couloir de la section. Consultation no. 1.
Quatrième étape : payer les soins à venir.
Cinquième étape : se rendre à la section des soins – attendre son tour. Là, il faut vraiment venir tôt. Avec de la chance, on attend pas plus d'une demi-heure. Avec de la chance...
Sixième étape : soins, radiographies, consultation (selon le problème). Si radiographie: une heure d'attente avant de retourner voir le médecin consultant.
Septième étape : payer les médicaments
Huitième étape : aller chercher les médicaments.L'hôpital a toujours deux guichets: les médicaments occidentaux et la médecine chinoise. La médecine chinoise est parfois volumineuse et on voit des gens quitter l'hôpital avec un caddy plein!

Huit parties. Comme la dissertation. On se balade beaucoup. Et il y a énormément de monde ce qui en résulte en des attentes interminables et parfois l’obligation de revenir l’après-midi ou le lendemain, le médecin n’étant plus là l'après midi. Tout se paie avec le porte-monnaie électronique de l’hôpital sur lequel il faut mettre une bonne somme d’argent dès le départ. On est remboursé à la fin.

J’ai vu des familles faire plusieurs fois le tour de la section dans laquelle j’attendais avec le lit d’un parent franchement mal en point, car ce sont les familles qui s’occupent des malades et qui les trimballent dans leur chaise, lit, à travers l'hôpital. Le personnel infirmier est limité et ne s'occupe pas de ce genre de choses. Étonnant, dans un pays avec autant de chômage, mais les coûts de la santé sont extrêmement bas. C'est ainsi qu'on les garde aussi bas. Il faut ajouter ici que la consultation ne coûte presque rien (3 yuans pour voir le médecin et ce n'était pas la consultation mais l'inscription), ce sont les médicaments et les soins qui coûtent quelque chose. Et là encore, selon les procédures, le prix peut être étonnement bas, ou on peut être pris par surprise par un prix assez élevé. La radiographie par exemple coûte cher, ainsi que certains médicaments. Personnellement, je n'ai jamais dépassé 200 yuans, sauf lors de l'achat de l'attelle pour ma cheville fracturée (1300 yuans).

L’un de mes amis a dû être hospitalisé avec une crise d’appendicite. A minuit, il sort de la salle d’opération. On charge sa femme de le tenir éveillé pour les 8 prochaines heures. De minuit à 8h00, elle reste donc à son côté et le secoue un peu chaque fois qu’il s’endort. Épuisée, elle rentre enfin chez elle à 8h00 et va se coucher. Une heure plus tard, l’hôpital l’appelle : son mari réclame des anti-douleurs. Il faut qu’elle vienne les payer à l’avance. C’est elle également qui va s’occuper de nourrir son mari, de le laver, bref, de lui donner les soins que donnent normalement les infirmières. Du coup, la question se pose : que fait-on quand on est un(e) célibataire solitaire et que l’on doit être hospitalisé ? Être seul en Chine tient réellement de la malédiction. Les chinois trouvent cela inimaginable. C’est quand on tombe malade que l’on comprend pourquoi.

Extraits repris de l'ancien blog
Source photo: cliquer sur la photo

jeudi 12 novembre 2009

Promotion


"Chère Dr. Amaudruz"

Je ne pensais pas lire cela un jour. Pourtant, voilà que je reçois un courriel d'une étudiante s'adressant ainsi à la modeste lectrice que je suis. Je pense que finalement, je vais rester en Chine encore un moment. Je prends vite du gallon ici.

jeudi 5 novembre 2009

Séisme à Xi'an




Ce matin, on est tous tombé du lit à 7h30: un petit séisme, rien de plus efficace pour ceux qui ont de la peine à sortir des plumes.

mercredi 4 novembre 2009

On a volé la route!



4 novembre 2009. Souvenirs en vrac.
Ce matin, comme tous les matins, je me suis rendue aux cours. J'ai suivi la rue, passé le pont, traversé l'université, donné mon cours et je suis revenue. Rien d'extraordinaire, en-dehors du fait que ce soir, j'allais revoir une amie que je n'avais pas vue depuis longtemps et qui était de passage à Xi'an. Le soir venu, je m'empresse donc. Je suis la rue, j'arrive au pont et... la route à disparu! Elle était pourtant encore là le matin même! Comment peut-on voler une route sans que personne ne remarque rien?
Comme le disent certains de mes étudiants, la Chine est un perpétuel chantier. Je ne vais pas les contredire sur ce points, moi qui ai vécu à Chongqing, la ville où l'on ne peut poser le regard sur aucun point de paysage sans y  voir au moins une grue (si on a de la chance, généralement on en vois au moins trois), moi qui ai traversé de nombreuses villes et toujours trouvé le même paysage: un chantier de métro en construction (Chongqing, Chengdu, Xining, Xi'an...).
Je remarques d'ailleurs que je n'ai jamais vécu nul part sans que la route ou le trottoir, à un moment ou à un autre, disparaisse pour réapparaître après bien des inconvénients, tout neuf, pour disparaître à nouveau. Une façon de diminuer le chômage?
Une amie me disait récemment qu'une chinoise lui avait parlé de la construction de gratte-ciels qui se dressaient ensuite quelques années avant d'être rasés pour faire un parc ou un autre groupe de logements. Le dynamisme chinois, au premier coup d'œil, c'est un paysage qui change sans arrêt, des quartiers qui disparaissent, apparaissent, des routes qui s'envolent en quelques heures: comme un grand bac de pâte à modeler où des enfants hyperactifs jouent à construire pour détruire et reconstruire. Il y a là-dessous non seulement le sacro-saint développement (mes élèves adorent ce mot), mais aussi tout un monopoly d'investissements immobiliers assez difficile à suivre.
Fenêtre sur chantier

samedi 17 octobre 2009

Dame pipi...


... et avec le sourire

Etrangement, cette histoire est liée à un KTV - un karaoké.

Nous avions bien mangé, bienn bu, qu'elle meilleure façon de continuer la soirée que d'aller pousser un coup de chansonnette à un des nombreux KTV de Shapingba. On monte à l'étage d'un immeuble à la mine patibulaire avec des néons qui flashent KTV dans nos cerveaux. Mais dès l'ascenseur arrivé au bon étage, on a l'impression d'être arrivé dans un hôtel de luxe! Il y a des larbins habillés comme Spirou qui nous guident, vers le petit supermarché où faire le plein de carburant pour la soirée - et pour se donner du courage: bouteilles d'alcools de toute sortes, bonbons, gelées de fruits, fruits secs et surtout, graines de tournesol. Un des larbins porte mon panier et me suit comme mon ombre. On casse la tirelire ce soir, on a une chambre KTV privée, à boire et à manger et on va pouvoir se défouler.

Nous accompagnent quelques amis chinois. Et là il faut dire qu'ils n'ont pas la même conception du KTV que nous: tout dans la performance, ils prennent la chose très au sérieux, font toujours de leur mieux alors que de notre côté, nous nous éclatons à faire les pitres... on ne sait pas chanter et les chansons  étrangères proposées sont vieillotes, on est surtout là pour rire.

Il y a de tout: chants à la mode du jour, chants patriotiques et, pour les étrangers, les classiques genre Beatles, Britney Spears et quelques chansons en français, commme ... hirondelle, je te plumerai! Mais qui a eu l'idée de la lancer... ça ne s'arrête jamais ce truc? Et en voilà un autre qui nous lance Happy Birthday. On voit aussi défilé sur l'écran des images qui n'ont rien à voir les chansons. C'est tout un arsenal militaire qui nous est présenté tandis que passe: this is my way!

Bon, c'est bien de rigoler mais moi j'ai besoin de faire pipi. Là, je m'éclipse. Toilettes de grand hôtel de luxe (mais turques qand même) avec damme pipi en uniforme, souriante, comme une gentille grand-mère. Ah, ayis, si vous n'étiez pas là...

Les toilettes sont étincelantes, mais la chasse ne fonctionne pas. C'est une chasse automatique avec rayon infrarouge, qui détecte les mouvements je crois. Ben je ne dois pas bouger assez...

Bref, je vais trouver Ayi et lui demande comment ça marche. Je ne dois pas m'être bien exprimée car elle me fait toute un démonstration... en mime, de comment me mettre au-dessus des toilettes, me positionner... je passe les détails. Ceci, devant toutes les autres clientes qui la regadent avec beaucoup d'intérêt.

Ayi, tu fais définitivement partie de ces moments inoubliables que j'ai vécu en Chine.

vendredi 18 septembre 2009

Coup de coeur pour...


... Lang Shining!


Je lis en ce moment un roman sur la cité interdite (écrit par un auteur japonais). Le livre est distrayant, sans plus. Mais tout au long du roman revient l'ombre d'un empereur d'envergure, et de l'artiste qui le servait, Lang Shining.

Or Lang Shining, dont la peinture chinoise est admirable, s'appelle de son vrai nom: Giuseppe Castiglione. Cet artiste de talent avait, très tôt, choisi la voix de la religion en se faisant jésuite et, de manière assez inattendue, s'est retrouvé en 1715... en Chine. Jusqu'à la fin de
sa vie. Peintre de l'empereur, il marie le style italien à la peinture chinoise. Le résultat est époustouflant! C'est à découvrir absolument!

S'il y a eu en Chine une série télévisée sur lui, il demeure totalement inconnu en Europe.


vendredi 5 juin 2009

La télévision en période de censure généralisée...


Heureuse télévision qui affiche en permanence le caractère du bonheur!

mercredi 6 mai 2009

Amours paramilitaires


De vrais petits anges...

Prise dans la salle d'attente "maman et enfant" (un gros progrès à noter) de la gare ferrovière de Jianbei à Chongqing

Elles sont pas mignonnes ces petites filles avec leur flingue?
Il n'y a pas de slogan, juste des phrases en anglais genre "sufficient love with only you"... Pas de chinois. Il est donc assez évident que cette affiche ne vend rien. Mais alors, à quoi sert-elle? C'est la déco?


dimanche 15 février 2009

Rouge de honte again...


... et rebelotte, mais en chinois cette fois

Saviez-vous que "à la claire fontaine" est une chanson très appréciée en Chine? Refrain en français, texte en chinois, une chanteuse célèbre en a fait un must.

Alors comme on doit remonter sur scène, et que l'année dernière on s'était senties bien seules, ma collègue et moi, on a décidé d'impliquer un peu nos collègues chinoises. Nous, on chante chacun à notre tour une partie en chinois, elles chantent le refrain en français.

Merci  mes chers élèves ingénieurs du nucléaire pour le superbe bouquet de fleur!


mercredi 24 décembre 2008

Veille de noël à Chongqing...


... vous n'aurez jamais vu un délire pareil

Une curiosité en soi, la veille de noël à Chongqing! Depuis quelques années, les jeunes s'adonnent à un étrange rituel qui, personnellement, me faire prendre mes jambes à mon cou.

La foule s'équipe de massues, morgenstern, maillets gonflables et, à minuit, se tape joyeusement dessus.

La vidéo suivante a été trouvée sur Internet, c'est la plus parlante que j'ai trouvé. Accrochez-vous!


vendredi 10 octobre 2008

Coup de coeur pour... Chengdu!


Je n'oublierai jamais mon premier contact avec Chengdu. C'était en février 2008, on avait passé 3 semaines sur les routes de Chine avec ma collègue et il était temps de rentrer à Chongqing. Nous avions choisi pour cela l'option la moins onéreuse, la plus folklorique et... la plus dangereuse: nous allions faire tout le trajet entre Lijiang et Chengdu en bus! 27 heures de bus couchette, la perspective était franchement effrayante et on a pas mal hésité avant d'acheter les billets. Notre premier voyage en bus couchette. Pour moi, le premier d'une bonne série d'autres, pourtant, ce voyage là aurait dû me décourager.

Je ne suis pas prête d'oublier la nuit qui a précédé le départ: j'avais mangé un truc sale et j'étais malade à en mourir. Là-dessus, mon cycle qui se pointe et qui me donne vraiment envie de mourir. Je ne me voyais vraiment pas entamer ce voyage dans ces conditions. Pourtant, assommée par les médicaments et par la nuit blanche que je venais de passer, j'ai trouvé la couchette confortable et chaude et finalement, j'ai beaucoup dormi. Les dernière 5 heures furent pénibles mais de manière générale, ces 27 heures ne furent pas l'enfer que j'imaginais.

Je n'avais pas bien regardé la carte avant d'acheter les billets: tout le trajet passait par des cols de montagne enneigés sur des routes étroites bordés de précipices. Le chauffeur croisait les files de camions qui venaient en sens inverse avec une précision d'horloger et je préférais ne pas trop regarder par la fenêtre. Environ 10 heures après le départ, de nuit, le bus glisse et heurte la montagne, la vitre arrière explose. Pas de blessés (mais moi j'arrête à ce moment de coller ma figure à la vitre) mais encore 17 heures de trajet à faire dans la tempête, avec une vitre en moins... pourrions-nous avoir une couverture supplémentaire, svp?

C'est donc un bus accidenté et boueux et des passagers harrassés de fatigue et frigorifiés qui se jour-là débarquèrent à Chengdu, sous les regards curieux des passants. Chaos habituels, moto taxis, toukstouks et taxis qui nous harcèlent et demandent 10 fois le prix normal, fatique et énervement, je ne sais plus trop bien comment on est arrivé à notre hôtel, caché dasn une cour intérieure dans laquelle on devait abattre des animaux... ça puait le sens à donner la nausée. Ce fut le premier contact avec Chengdu... mon amie détesta tout de suite cette ville.

Moi pas. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'y trouvais mon premier pixu, joyau de ma collection.

Dans tous les cas, lorsque mon frère décida de me rendre visite et me dit attérir à Chengdu, j'en profitais pour mieux découvrir ccette ville... et visiter Emei Shan, dont je rêvais depuis que j'avais vu Tigres et dragons.

Je trouvais un petit hôtel (Sam's guesthouse) genre Chine ancienne qui sentait malheureusement terriblement mauvais et, horreur, dans lequel je découvris la plus grosse araignée que j'aie jamais vue! Brrr... mauvais choix! J'aime bien les bestioles, quand elles sont plus petites que le point. Dommage car le personnel est très sympa et le jardin adorable. Une petite remise à neuf et quelque décos dans le même style que le jardin pour les chambres auraient fait de ce lieu un petit bijou. Espérons qu'il se soit amélioré...

Premiers contacts avec la Chine pour mon frère: d'abord, visiter les marché, lui faire goûter en riant le fameux poivre du Sichuan (la vendeuse riait beaucoup aussi à sa tête) puis aller se balader dans les parcs. Ah, les parcs de Chengdu! C'est la ville du thé. Les gens s'installent partout, dedans comme dehors, et boivent le thé. Pas avec style comme à Pékin, mais pénard. Il y a le thé des huit trésors, ba bao cha, ou le thé de camomille, le thé vert, du thé au goût de pain avec du riz dedans... Et pendant que l'on déguste, on se voit proposer toutes sortes de choses: un petit nettoyage des oreilles? (Ceci toutes les 5 minutes). Pousser une petite chansonnette sur le karaoké ambulant? Ou un massage? Une petite coupe de cheveux peut-être...



Les gens chantent, dansent, ou nourrissent les poissons au biberon... C'est Chengdu!


Mais Chengdu a bien d'autres qualités. En dehors du fait qu'elle est la porte vers les plus belles destinations sauvages de Chine, Kham, Amdo, Yunnan, Tibet, elle est aussi la ville d'une des gastronomies les plus réputées de Chine. Se régaler à Chengdu est un must! Puis peut-être, aller voir un spectacle de Bian Lian, l'opéra du Sichuan avec ses changeurs de visage! J'adore!

Et bien sûr, il y a les pandas!

Un air de Chengdu en vidéo:


Une auberge coup de coeur à Chengdu? Le Sim's guesthouse, avec son personnel sympa, mais très occupé, ses jardins, animaux: l'une des auberges les moins cher avec beaucoup de cachet.

Pour aller voir un spectacle de Bian Lian:  成都市指挥街108号(中国川剧大剧院)

Chengdu - les pandas


Le panda, animal symbolique de la Chine, a de la chance: de par son statut d'emblème, il est protégé à tel point qu'il en coûte cher de le braconner. Artificiellement d'ailleurs. J'ai entendu dire que son pénis était trop petit pour se reproduire naturellement. Si c'est vrai, son existence ne dépend que de la reproduction artificielle, donc des hommes. Si ce n'est pas le cas, il demeure que son alimentation hyper spécialisée le rend très vulnérable.Mais tant que le panda sera l'étandard de la Chine, il survivra. Fait amusant, si le WWF a un certain succès en Chine , c'est grâce à son logo panda :-)

On peut trouver des pandas à l'état sauvage à Taibai dans les monts Qingling au Shaanxi. Mais il faut avoir une chance extraordinaire, et beaucoup de persévérence pour l'entrevoir. Vision garantie en revanche dans le Sichuan, soit à Chengdu, au centre de reproduction des pandas, qu'il faut visiter tôt le matin, quand ils sont nourris, histoire de ne pas les voir dormir ou ou dans la Réserve Nationale de Wolong, au nord de Chengdu, qui a été touchée par le tremblement de terre de 2008, mais fonctionne encore (il y a eu des réaménagements et des déplacements mais je ne suis pas très au courant). Tous les hotels proposent des tours vers la réserve. Il est même possible, pour un prix fort prohibitif, de toucher un panda, et d'être photographié avec bien sûr.

Personnellement, je n'ai pas voulu faire le trajet jusqu'à la réserve: c'est loin et ça reste un parc d'attraction. Trop onéreux. Autant aller le voir sir c'est sur sa route... et encore. J'ai donc rendu visite au centre de reproduction des pandas, petit zoo modeste mais suffisant pour voir l'animal. Ca fait une belle balade matinale.

Les voili les voilà:



Qui a dit que la Chine était grande?


Chaque fois que je quitte Chongqing pour aller me balader quelques centaines, voire milliers de km plus loin, je tombe sur quelqu'un que je connais!
 
Ainsi, l'année passée, avais-je profité des vacances du printemps pour aller me balader, avec ma collègue, dans le Yunnan. Cela faisait 2 semaines que nous voyagions lorsque, un soir, alors que nous finissions notre repas sur la terrasse d'un petit restaurant de Dali, à plus de 1000 km de Chongqing, nous entendons nos deux prénoms, précédés d'un "Oh!" étonné. Un élève! Avec sa famille.

Là je reviens d'une semaine de voyage à Chengdu et à nouveau, au moment où je m'y attends le moins, j'entends mon nom, toujours sur un ton étonné, avec un petit accent qui me dit que là encore, je viens de rencontrer une élève! Juste! Mais on est seulement à 350 km de Chongqing.

Mais la cerise sur le gateau, c'est cette balade de 2 jours dans les brumes d'Emei Shan. Cela faisait des heures, au  deuxième jours, que nous descendions les fameuses marches qui n'en finissent jamais, nous enfonçant dans la brume de laquelle surgissait parfois de courageux porteurs, des singes ou... mon collègue allemand, Franck! Sidérée, que j'étais!

mardi 30 septembre 2008

Une autre énigme pour les naturalistes



J'ai rencontré ce papillon dans l'escalier. Il ressemble à une feuille morte, superbe. Mais je n'ai aucune idée de son nom :-)

samedi 27 septembre 2008

Poissons rouges!


S'il y a une chose qui frappe en Chine, ce sont les jeux d'esthétique, dans les parcs et les lieux publics, et la fascination que ceux-ci engendrent. En effet, la ville peut être étouffante, les immeubles peuvent être vieux, vétustes et le confort intérieur parfois minimal (je n'ai vu de vraie décoration intérieure que chez les gens aisés. Ceux qui survivent plutôt qu'ils ne vivent se contentent souvent d'un petit autel à une divinité et de quelques photos ou posters. Tel était l'appartement dans lequel nous allions acheter nos dvd en secret.)

Je reviens donc aux lieux publics. Première chose: on y diffuse de la musique. A l'heure de la pause sur le campus, à toute heure à Shapingba où l'on baigne le soir dans la musique traditionnelle chinoise, lorsque  spontanément, les gens se réunissent pour danser sur les places.

Viennent ensuite les espaces verts. En Chine, on trouve assez souvent une petite pièce d'eau, fontaine où étang (j'habite à côté d'un petit lac, père de nombreux moustiques, mais dans lequel coasse crapauds et grenouilles au milieu des nénufars). Généralement, on y trouve des poissons rouges, ou ides. Jusqu'ici, rien d'étonnant. Et pourtant, il n'est pas rare, ici, de voir les gens s'arrêter près des étangs pour observer, nourrir et photographier les poissons. Poissons rouges qui ont d'ailleurs l'habitude d'être ainsi traités et se comportent facilement comme nos moineaux: non, ils ne piaillent pas, mais on les voit s'amasser les uns sur les autres, sortir de l'eau la bouche ouverte, grouiller et il n'y a que la voix qui leur manque, qu'ils compensent largement avec leurs nageoires en battant l'eau. Un spectacle en soi. Esthétique toujours - mais cela horrifiera les amis des animaux - il est possible et tout à fait normal d'offrir des fleurs dans un vase transparent dans lequel nagent les poissons. C'est en fait des plus raffinés.
Mais on ne nourrit pas les poissons rouges juste pour le plaisir d'être sympa avec eux, il y a là aussi un jeux d'esthétique: il faut tenter de faire faire aux poissons, des figures harmonieuses. Les attirer ici, puis là, pour les faire tourner, faire une spirale, un beau mouvement de boucle. Cela peut se faire aussi avec mes poissons sur le blog, ils suivent la souris et, si on concentre la nourriture au milieu d'un lotus, on peut leur faire faire un petit soleil, têtes à l'intérieur et queues dehors! Essayez, entraînez-vous et ensuite, venir le faire avec de vrais poissons!

On remarquera ensuite que les poissons rouges sont très présents dans la peinture chinoise, tout comme la libellule, les oiseaux, les grillons, les montagnes et les nuages (les dites montagnes sont d'ailleurs souvent représentées par des rochers dans les fontaines), quant aux oiseaux et aux grillons, on trouve les premiers dans de belles cages que les propriétaires baladent volontiers, les suivants étaient également collectionnés dans de petites cages, mais en trouver aujourd'hui est plus rare, surtout à Chongqing. Dans le nord en revanche, la tradition perdure.

Revenons à nos ides dorées, blanches, noires et rouges...

Il faut d'abord savoir que le poisson rouge est originaire de Chine. Et il est considéré, depuis l'antiquité, comme une merveille céleste. C'était le privilège des nobles de le posséder et on ne s'étonne plus, sachant qu'il est considéré comme un porte-bonheur, de le retrouver un peu partout, surtout dans les étangs et points d'eau communs, qui en ont bien besoin. En effet, depuis que je suis ici, je n'ai pas rencontré un seul point d'eau dont on ne m'ait pas dit qu'il était maudit! Ah! Fantasque pays! Plein de légendes et de mystères!

Je terminerai par ce petit jardin de Suzhou qui, dans un coin, cache un petit étang, un trou d'eau plutôt, coincé dans les rochers. Dans ce trou d'eau nagent quelques poissons. Bien. Mais, oh génie de l'architecte! Il y a un jeu de trompe l'oeil! Après tout, les jardins sont des jeux de visions, extérieur-intérieur, reflet et réalité... La petit muraille qui borde l'eau, et sa lucarne ouverte sur le ciel, se reflète dans l'eau calme et les poissons semblent nager sur la roche, le mur et par la fenêtre! C'est juste... parfait!
Mur et montagne se reflètent dans la marre aux poissons
créant l'illusion que les poissons s'échappent par la fenêtre
vers le ciel...







lundi 1 septembre 2008

Des routes, des trains et des ponts peu ordinaires



Un dernier petit billet sur l'Inde, au fil des souvenirs qui émergent...
J'ai déjà parlé de l'avion pour Leh, je ne réaborderai pas le sujet, de peur d'avoir à nouveau le mal de l'air. Alors parlons plutôt des routes:
A peine arrivé à Leh, un taxi sympa nous embarque pour notre auberge. Nous traversons un petit pont en très mauvais état et il nous explique que celui-ci a été emporté il y a une année par une crue de la rivière. Jusque là, rien d'anormal, ça peut arriver. Il est vrai que le pont n'a pas bonne mine et que ce n'est pas rassurant de voir les camions de l'armée passer dessus (en ignorant les protestations de la population consciente que les camions prennent de gros risques ce faisant).

Puis nous organisons notre trek de 5 jours de Lamayaru à Alchi. Sauf que, le jour avant le départ, l'organisateur nous annonce qu'il y a un "petit problème" mais que "ce n'est pas grave", le pont qui enjambe la rivière pour aller à Lamayaru a été emporté durant la nuit. Ah! En effet, c'est un petit problème. Mais cela ne nous empêche pas de partir. Nous traverserons à gué et un autre véhicule nous attendra de l'autre côté. Arrivés sur place, une longue file de camions borde la route et une foule de voyageurs attendent, déchargent, transportent des caisses et des ballots. Ceux qui ont décidé de continuer malgré tout transfèrent le contenu de leur véhicule dans un autre véhicule qui attend de l'autre côté. La rivière est encore grosse et pour l'atteindre il faut descendre en zigzag une pente escarpée puis jouer les équilibristes sur un pont improvisé fait de troncs glissants et grossièrement joints. Ceci, avec de lourdes caisses pour certains, avec les mains et le dos surchargés pour nous. D'autres, qui n'ont pas de véhicule qui les attend, montent des tentes ou dorment dans leurs camions. Ils vont attendre 3-4 jours avant que le pont ne soit réparés (en rentrant, on nous annonce en effet que le pont est réparé depuis la veille).
Côté route, le trajet entre Leh et Manali, environ 500 km en montagne, n'a pas été des plus reposant non plus bien qu'aucun problème majeur ne nous ait bloqué. Nous étions néanmoins sensés partir à 2h00 du matin, mais le soir précédent le départ, on nous annonce que le conducteur de notre agence a eu un accident et le départ est repoussé à 8h00. C'est un jeune tibétain qui nous sert de chauffeur remplaçant, accompagné d'un de ses ami, soldat en permission, qui lui tiendra compagnie durant le voyage de retour amis qui va rencontrer pas mal de problèmes aux postes de contrôle, où la police va à chaque fois lui extorquer quelques roupies. Nous ne regrettons pas de partir plus tard, en effet, le paysage vaut la peine d'être vu de jour et de nuit nous aurions raté le gompa de Thiksa. Pour ce qui est de la route, elle est toujours en construction. Nous alternons donc pistes, routes étroites de terre pleines de nids de poule et de cailloux et routes goudronnées qui nous permettent de reposer nos dos un moment. Là-dessus, la route n'étant ouverte que trois mois par année, nous croisons convois sur convois, militaires souvent, mais aussi de ravitaillement général. De beaux camions décorés que nous devons croiser sur des routes aussi larges que le camion, parfois avec de profonds précépices que les roues de notre véhicule mange peu à peu (oh! sueurs froides! quand je vois soudain la route disparaitre sous les roues de notre véhicule!) Rien à dire, notre conducteur est un maitre. Et tenace, qui plus est. Nous roulons au moins 12 heures dans ces conditions le premier jour, un peu moins le jour suivant.
Et puis il y a le train. Nous nous réjouissons de le prendre, à Chandigarh, pour rejoindre Delhi. En effet, nous ne pouvons pas passer à côté de ce moyen de transport idéal pour découvrir ce pays. La gare de Chandigarh est petite et un train occupe depuis une heure le quai depuis lequel nous devons partir. Il nous faut un long moment avant de réaliser, à la dernière minute, que c'est le notre, bien que Delhi ne soit pas mentionné. Il va en effet plus loin. Notre wagon est tout au bout du quai, près de la locomotive et des enfants nous accompagnent en mendiant. Arrivés au wagon, nos places sont déjà occupées est je suis un peu dans l'embarras pour faire valoir notre droit sur les places, même si cette situation m'arrive constamment en Chine. Ce sont des couchettes, contre la fenêtre, qui est ouverte et basse et barrée comme dans une prison. Nous nous installons à deux sur la couchette contre la fenêtre et les enfants tendent les mains à travers les barreaux et nous font signe qu'ils veulent manger. Nous finissons par lâcher un paquet de biscuits que le plus âgé saisit avant de partir en courant. Il reviendra un peu plus tard nous faire au revoir tandis que le train s'ébranle, mais nous ne sommes pas sûres qu'il va partager le paquet avec les autres.
Nous faisons connaissance avec nos voisins qui vont plus loin que nous, et qui nous ont aidées à récupérer nos places. La femme, en sari, à les mains et les pieds teints en violet et des dessins à l'henné que Nathalie rêve de photographier.
Après quelques minutes, je cède ma place à Nathalie pour qu'elle puisse aller dans le sens de la marche. Mais à peine avons-nous changé de place que la fenêtre-guillotine cède et lui tombe sur la tête. Décidément, un nuage de malédiction la suit partout! Mais ce n'est pas fini. Notre train siffle beaucoup tout en roulant, faisant fuir ceux qui occupent la voie. Tout à coup, après avoir sifflé avec encore plus d'insistance, il s'immobilise complètement, et pour longtemps. Une vache, qui était couchée sur la voie, n'a pas pu être évitée. Il faudra au moins une heure pour dégager le corps de la pauvre bête décapitée de dessous la locomotive. Un accident très fréquent en Inde, où les vaches sont libres de circuler à leur gré, en ville comme à la campagne. Un homme explique que les paysans abandonnent les vaches qui ne produisent plus de lait.
Et puis pour terminer en beauté, l'avion. Le dernier trajet, mais pas des moindres. Ma compagne de voyage et moi ne partons pas en même temps, je quitte donc Nathalie en début d'après-midi tandis qu'elle s'en va explorer une dernière fois les souks de Delhi. Arrivée à l'aéroport, je remarque très vite mon vol sur l'écran des départs, accompagné de la mention "annulé"! Après avoir dû batailler contre les soldats qui gardent les portes de l'aéroport (on entre qu'après avoir montré son billet et ils ont de la peine à comprendre que mon billet électronique est émis à partir de mon passeport, la quittance ne leur suffit apparemment pas), je rejoins le guichet, aux nouvelles: il y a un typhon à Hong Kong et tous les vols sont annulés. Après un certain temps d'attente au milieu d'un groupe de chinois et de koréens désabusés, nous sommes transférés vers un hôtel des plus luxueux, surtout pour quelqu'un qui a fait les hôtels bon marché de la capitale :-) La cage est dorée, mais c'est une cage quand même: loin du centre, devant rester accessible en cas de départ imminent, je suis obligée de rester à l'hôtel et je m'ennuie. Et mon amie qui se ballade en ville! Qu'est-ce que j'aimerai la rejoindre!
On part enfin, à 2h00 du matin. L'avion s'envole à 5h00 et personne ne peut me répondre au sujet de la correspondance que je vais rater. Mais ce n'est pas fini. Arrivés à Hong Kong, nous sommes maintenus dans le ciel à cause du trafic aérien trop intense et finalement, renvoyés sur... Bangkok! Pour la deuxième fois, je vois la carte de la Chine défiler sur l'écran, avec Chongqing, devant laquelle je passe et repasse et passerai encore une fois, quand nous rejoindrons enfin Hong Kong, à 20h00. Il me faudra ensuite beaucoup de patience (jusqu'à 0h30) avant d'avoir enfin un vol de remplacement pour ma correspondance qui part le lendemain, en début d'après-midi. Lasse, peu motivée à l'idée d'aller dans un hôtel hors de prix, je m'installe, comme beaucoup, sur les bancs confortables des salles d'attente (un petit coin tranquille m'attendait sous un escalator) et dors jusqu'à 08h00. Le lendemain, tout se passe bien. Je dois tout de même batailler contre les habituels chauffeurs de taxi malhonnêtes qui me prennent pour une occidentale (600 yuans la course! dans vos rêves!) à l'aéroport de Chongqing avant de rejoindre mon appartement où une mauvaise surprise m'attend: ma clé ne joue plus dans la serrure. Quelqu'un a soit endommagé, soit changé la serrure et il me faudra attendre encore une heure devant ma porte, avant de pouvoir enfin rentrer chez moi... mon porte-monnaie bien allégé, bien sûr.

dimanche 31 août 2008

Un matin à Hong Kong



Un petit matin, je me lève tôt (ma chambre d'hôtel, sans fenêtre, et de la taille de mon lit, est un facteur de motivation pour se lever tôt), saute dans le star ferry puis dans un vieux tram en bois pour rejoindre le parc Victoria.
Partout, des groupes de personnes d'âges variés pratiquent le Tai Chi, ou des arts similaires. Je m'assieds sur un banc, en face d'un petit groupe plutôt âgé, qui se sert d'éventails dans leur chorégraphie. Ils font quelques mouvements, jambe en l'air et clac! d'un petit coup du poignet ouvrent leur éventail d'un coup. C'est beau.
Un vieil homme chenu, courbé, avec un vieux parapluie noir sous lequel il se cache du soleil, s'approche. J'ai envie de le prendre en photo. Quel vieil homme extraordinaire! Il s'assied à côté de moi, dit quelque chose en cantonnais en me montrant le groupe. Je lui répond que c'est beau. Il rit. Je sors mon éventail et essaye de l'ouvrir d'un coup, d'une torsion du poignet. Tient! C'es plus difficile que je croyais! Le vieil homme éclate de rire. Je ris avec lui....

Visa indien made in China



Alors pour commencer, mes billets viennent avec l'inspiration du moment et ne suivent pas une logique chronologique. Si dans les billets précédents je quittais Shanghai pour Shenzhen et ensuite parlais de mes débuts à Hong Kong, dans celui-ci, je suis toujours à Shanghai.

Shanghai....
Autant le dire, ma première idée de cette ville était une jungle urbaine ultra moderne pour adeptes des jungles urbaines et du shopping de luxe. Donc pas pour moi. D'autant moins que les gens autour de moi, à Chongqing, étaient plutôt critiques envers les habitants de Shanghai: arrogants, froids, antipathiques, imbus d'eux-même: bref, j'en ai entendu tellement de mal que arrivée là-bas, je m'attendais au pire. Et je les ai finalement trouvé, sinon tout à fait normaux (c'est à dire de vrais citadins), assez sympathiques. J'ai même eu droit à une déclaration d'amour dans un parc. Un trentennaire qui s'était assis à côté de moi pour regarder les nénuphares (enfin moi je bouquinais avant son arrivée, mais dans ce pays, on ne peut pas bouquiner tranquille dans un parc public) saisit soudain ma main et me dit: "je t'aime". En chinois, bien sûr. D'ailleurs, autant le dire, le gars était plutôt modéré, il n'a pas utilisé le verbe "ai". C'est comme ça ici, les gens sont (presque) modérés dans l'expression de leurs sentiments les plus spontannés. Je lui ai bien sûr demandé poliment de me rendre ma main...
J'ai eu aussi une expérience étrange: un couple, chinois, m'a demandé son chemin. Je leur ai répondu. Il m'a fallu 5 minutes pour réaliser létrangeté de ce qui venait de se passer...Bernoise un jour, bernoise toujours...
Voilà pour les quelques anecdotes de Shanghai. Mais si j'étais là-bas, c'était pour faire un visa pour l'Inde. J'avais choisi Shanghai plutôt que Beijing (trop loin et pas pendant la période des Jeux!) ou Hong Kong (trop chère) afin de profiter aussi de visiter Suzhou et même Hangzhou durant la semaine qu'allait durer la procédure. Le lundi, je débarque donc au consulat, avec tous les papiers nécessaires, et même plus, pour être sûre. J'avais auparavent essayé de téléphoner pour savoir si c'était bon, si je pouvais faire mon visa là-bas, mais le no. renvoit à un répondeur qui renvoit à un répondeur qui renvoit à un répondeur. Finalement, quand ça sonne enfin, presonne ne répond. Procédure typique des consulats: mettre le plus d'infos inintelligibles sur leur site et balader les appelants pour s'en débarasser.
J'arrive donc au guichet, papiers en main, contente de ne pas avoir trop attendu. On prend mes papier, on regarde mon permis de résidence chinois et on me fait remarquer que je travaille à Chongqing. "Oui, je sais." "Dans ce cas, vous dépendez de l'administration de Beijing. Vous devez aller faire le visa à Beijing. Je suis désolé." Je le regarde, perplexe. "Vous plaisantez?" "Non, désolé." "Si, vous plaisantez! Je sais que vous plaisantez!" ce gars là et moi on a certainement pas le même humour mais il ne peut que plaisanter, c'est sûr. Je lui explique que, au cas où il ne le saurait pas, Beijing est de l'autre côté du pays et que là, on parle de la Chine, un pays pas petit. Que j'ai déjà dû acheter un billet d'avion pour venir faire mon visa à Shanghai parce qu'il n'y a pas possibilité de le faire à Chengdu, et que les avions ne sont pas gratuits, les hôtels non plus, vu qu'il faut rester sur place une semaine. Il est désolé. Moi, j'ai envie de tout casser. D'autant plus qu'il me donne un no. de téléphone pour pouvoir discuter du problème plus haut. Le fameux no. aux répondeurs....
J'appelle Beijing et leur demande si tout cela est vrai. Il me disent oui, mais ils ajoutent que je peux faire le visa à Hong Kong. Après confirmation de Hong Kong (miracle! ils ne répondent pas au téléphone mais il se sont senti obligés de répondre à mon courriel fort pressant, il faut l'avouer), départ pour la péninsule. Ouf. Beijing a été évitée de justesse. Je ne me voyais pas y débarquer à l'heure de l'inflation olympique. Mais cela restera tout de même le visa le plus cher que j'ai jamais obtenu!
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