dimanche 13 juin 2010

Se noyer dans la verdure des vallons du Kham sous de splendides cieux dramatiques

   
2. Ganzi

De Tagong à Ganzi, il y a un bus public qui passe le matin. Généralement il est presque plein. Un groupe y trouvera difficilement de la place mais la voyageuse solitaire que je suis a réussi à se faufiler et à enjamber les bagages qui encombrent le couloir pour aller se tenir en équilibre sur une fesse sur un siège à moitié défoncé. Mon hôtesse s'est occupée d'arrêter le bus. Les gens de Tagong sont très serviables et vraiment sympathiques.

On ne va pas loin ce pendant. La route est coupée par le fleuve qui a débordé. En été, à la saison des pluies, c'est une chose courante dans le Sichuan et cette année (2009) est particulièrement dangereuse. Il y a eu déjà plusieurs morts à cause des inondations. Le fait est que lorsque l'on prévoit de voyager dans le Sichuan, on doit compter avec les crues,  vérifier chaque jour si on peut passer, s'il vaut mieux changer son itinéraire. Le Sichuan est sauvage, superbe mais dangereux. Il est obligatoire, dans les régions à risque, de se renseigner sans cesse sur la météo, l'état des  routes.

La route qui mène de Tagong à Ganzi est une petite route de montagne qui glisse facilement. Qui tourne beaucoup. Il faut avoir l'estomac bien accroché, et beaucoup, beaucoup de patience. Le voyage ne se fera pas sans problème. Nous restons bloqués à cause d'un bus embourbé. Au final, 10 heures de voyage pour rejoindre Ganzi (8 heures prévues) Le lendemain, à Ganzi, je rencontre un compagnon de route croisé à Tagong: le voyage lui a pris 12 heures! Sur la carte, Tagong a l'air d'être tout à côté. La réalité est toute autre. En Chine, "juste à côté veut dire" = une journée de bus au minimum.

Ganzi. Un vrai coup de cœur.  C'est une sorte de chef-lieu tibétain, reculé, peu développé "à la chinoise". On y trouve pas d'hôtels confortables, mais quand on monte jusque là-haut, ce n'est pas forcément le confort que l'on recherche. Ganzi peu être un peu déroutante au départ, on y plonge dans des marchés où traînent des peaux ensanglantées de yaks tout juste tués le matin, leur viande fraîche, leur tête coupée. Les végétariens apprécieront peu. On y trouve des trésors en matière de vêtements chauds, bijoux pour les cheveux, tissus tibétains, et tout moins cher qu'ailleurs. Les gens vous saluent d'un puissant "Tashideleh!" en vous croisant en moto sur le pont suspendu où vous vous tenez en équilibre sur les planches pour les laisser passer.

Le cadre est superbe. Montagnes avec des airs alpins, neiges éternelles, prairies fleuries, shtupas et monastères, et une large rivière en crue dans les eaux glaciales de laquelle les enfants s'amusent. Les paysannes gardant les yaks me demandent de m'assoir à côté d'elles, l'une d'entre elle se lave les cheveux dans la rivière. Plusieurs fois, je me vois proposé un "lift" en moto. Un paysan d'un village non loin me présente avec fierté. un petit yak né, la nuit précédente.

Ganzi est le genre de petite ville où l'on peut venir se reposer. Il y a des sources chaudes et la possibilité de faire des randonnées à cheval (deux possibilités que je n'ai pas essayées), et surtout la randonnée y est sans limites! Et les gens très chaleureux. Une adorable retraite loin des bruyantes mégapoles chinoises.

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