mercredi 27 août 2014

Prise de conscience


Petites transformations lentes mais significatives... ose-t-on espérer?

Depuis plus de sept ans que je suis en Chine, je peux dire que je l'ai vue se transformer - tout en restant la même. Ce pays aux mille facettes, en pleine mutation permanente, au point que cela fasse partie du quotidien de voir apparaître et disparaître des immeubles, routes, ponts rues, restaurants favoris...

Je l'ai vue aussi atteindre l'un de ses objectifs - devenir le pays le plus puissant, économiquement parlant. Mais pour se hisser au sommet de l'économie mondiale, la Chine a beaucoup sacrifié. La Chine a sacrifier sur l'autel de la croissance à tout prix son environnement. Les terres arables polluées, il n'y a plus une seule nappe phréatique qui ne soit pas polluée, l'eau potable est chargée de métaux lourds et le choix de l'eau se fait sur la base de savoir quelle marque propose le taux le moins élevé d'arsenic, par exemple. Ou de produits chimiques ajoutés pour "rendre le goût meilleur" - comme c'est le cas des bouteilles que l'on achète pour les fontaines. Filtrer l'eau du robinet ou acheter l'eau en bouteille? Voilà une question parmi d'autres que l'on peut se poser. Et les fruits et légumes qui poussent dans ces terres et ce gorgent des ces eaux... ?

Et puis il y a eu accumulation de scandales alimentaires: l'huile frelatée récupérée dans les restaurants, le lait assassin, les cochons crevés à cause des produits "pour attendrir la viande" dont on les a gavé et qui ont été jeté dans la rivière près de Shanghai... A cela s'ajoute les conséquences visibles de la destruction - comme ces hommes-abeilles au Sichuan qui pollinisent eux-mêmes les fleurs des arbres fruitiers car il n'y a plus d'abeilles ou - sujet très à la mode depuis que Pékin s'est mise à suffoquer plusieurs années de suite: "airpocalypse". Mais surtout, les chiffres sont impressionnants. Chaque année, c'est par millions que les gens meurent de problèmes liés à la pollution (les chiffres varient selon les articles mais ne comptent que la pollution de l'air).

Le discours de mes élèves change aussi. Autrefois, quand ils parlaient de protection de l'environnement, ils parlaient des baguettes jetables (fort utilisées dans les restaurants, encore aujourd'hui), aujourd'hui ils parlent de l'air. Ils omettent l'eau ou les produits chimiques sur les aliments car c'est surtout la qualité de l'air qui fait du bruit ici. Néanmoins, leur prise de conscience est plus forte.

Il y a aussi de plus en plus de manifestations visibles - il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de manifestations en Chine qui sont tues par les médias, histoire de donner l'impression d'un pays heureux et harmonieux - dont certaines ont aboutis tandis que d'autres ont été réprimées dans le sang - j'admire le courage de ces gens qui osent protester malgré les risques, ce sont eux qui font bouger les choses et prendre conscience des problèmes - ces manifestations concernent souvent la construction d'usines chimiques en ville.

J'ai aussi vu peu à peu apparaître sur les murs des villes ds campagnes de sensibilisation pour économiser l'eau ou 'énergie, parfois pour protéger la faune. Difficile pour moi de décrire cette évolution car parallèlement, je me suis déplacée et la sensibilité n'est bien sûre pas la même à Chongqing, à Tianjin ou à Canton.

J'ai néanmoins pu constater qu'après les scandales alimentaires, les gens s'inquiètent. Ceux qui le peuvent préfèrent produire leur alimentation - jardins sur les toits, poulets sur la terrasse - ça coûte moins cher aussi - mais surtout, la classe moyenne qui en a maintenant les moyens, se tourne vers les produits d'importation (Hong Kong est submergée par les shoppeurs du continents et la vente de lait en poudre est limitée - par exemple) tandis que peu à peu apparaissent sur le marché des produits bio - nouvelle tendance chère et chic pour nouveaux riches attentifs - les bobos chinois - végétariens, attentifs, qui veulent autre chose... Je ne les avais jamais rencontrés avant de venir à Canton - l'influence de Hong Kong? Ils sont du moins assez nombreux pour créer une demande conséquente qui génère une offre de plus en plus étoffée. Ainsi, il y a deux ans, quand je suis arrivée, je tombais de temps à autres sur des céréales bio et j'achetais le lait bio de Nouvelle-Zélande. Aujourd'hui, je peux trouver dans plusieurs centres commerciaux non seulement des produits frais bio (légumes et oeufs) ainsi qu'un grande variété de laits et céréales, mais également des produits de ménages non polluants. La gamme s'étoffe partout - il faut croire que les gens en redemandent. Si c'est le cas, alors un pas important vers la prise de conscience a été franchis. Espérons que ce n'est pas juste une tendance - et que les prix vont se démocratiser pour être accessibles à des couches moins fortunées de la population. 

Pendant ce temps, le nouveau gouvernement semble vouloir prendre le problème à bras le corps, en tapant dessus très fort - toujours très subtil - et en édictant des lois: on peut se demander s'il va aller jusqu'au bout de sa lutte ou si celle-ci va s'essouffler face à la corruption - c'est un travail très lourd car le problème est généralisé et souvent, le gouvernement tape fort et s'en va taper ailleurs, pendant que ça repousse. Il est évident que rien ne pourra être résolu avant d'avoir éliminé la corruption  problème qui semble-t-il est lui aussi au centre des préoccupations de l'état. A voir donc... 

Bien sûre, la pessimiste indécrottable que je suis essaie du moins de positiver et d'espérer.... exercice hautement spirituel d'une très grande difficulté.... Mais si je suis devenue végétarienne et que j'achète des produits écolos, il faut croire que j'y crois quand même un peu... s'pas?

Produits écologiques, huile de coco bio... Aujourd'hui j'ai le choix de mes achats

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