mercredi 22 septembre 2010

Tianjin - un nouveau campus a apprivoiser

  
Dans un monde de turbines et de bourrasques de poussieres

C'est dans un monde d'avions, de turbines et d'uniformes que m'a projete cette nouvelle aventure chinoise. Et le premier contact - lorsque perdue dans les nouveaux couloirs de mon nouveau lieu de travail je plongeais dans un flot de futurs pilotes en uniformes blancs, galants, souriants et tout aussi perdus que moi - annoncait la couleur: l'aviation, meme civile, se pare d'uniformes, les etudiants sont pour la plupart de jeunes hommes - et quelques jeunes femmes - qui ont reussi brillamment leurs bacchalaureat chinois et ont en consequence merite l'acces a l'universite de l'aviation civile. La plupart s'interessent plus aqux sciences dures qu'aux langues et mes futurs etudiants auront une pensee plus mathematique que litteraire.

一, 二, 三, 四 (Yi, er, san, si)
一, 二, 三, 四!

Il est 6h00 et les uniformes militaires turquoises, neufs et brillants dans lesquels se noient les corps maigres des nouveaux etudiants marchent au pas de l'oie autour de l'hotel dans lequel je reside temporairement depuis deux semaines. Durant les trois premieres semaines de la rentree universitaire, toutes les universites de Chine ont droit a ce meme spectacle. A cela s'ajoute les etudiants d'autres sections, futurs jeunes pilotes, cadres ou ingenieurs qui marchent en carre toute l'annee et les futurs techniciens qui rodent dans leur bleu de travail tandis que les hotesses en uniformes azur jouent les equilibristes sur leurs talons hauts. On se faufile entre carres humains et bourrasques de poussiere jaune et fine que soulevent des camions plein de terre. Un grondement sourd resonne, masquant un instant le chant lancinant des cigales; un avion s'eleve au-dessus des batisses de cours.

En attendant que les nouveaux terminent leurs trois semaines d'entrainement, les emplois du temps des enseignants sont tranquilles et l'on se rejouit de les voir integrer les classes, histoire de commencer a travailler serieusement. Ironie du programme, les vacances tombent a la fin de leur premiere semaine de cours. Eh oui! Il faudra en profiter, car ensuite il faut serrer les dents jusqu'a fin janvier! C'est l'occasion de decouvrir Tianjin et de s'echapper, pour la premiere fois, mais pas la derniere, dans la capitale. Pekin n'est qu'a une demi-heure de train!

L'universite est loin du centre ville. Accolee a l'ancien aeroport dont elle est un prolongement, elle offre une vue extraordinaire sur les decollages heureusement peu frequents (Pekin prend la plus grande partie du traffic aerien). Coin perdu, entre routes et marais, la vie y est tranquille.

En ville, les tornades de poussiere balaient les rues autant que sur le campus et les femmes se sont adaptees gracieusement au probleme: elles portent des chapeaux a resille qu'elles abaissent sur leur visage ou s'enveloppent la tete de voiles transparents. Ce qui leur donne un charme desuet particulier.

La ville elle-meme est etonnante. Loin des cites dans lesquelles j'ai vecu jusqu'a aujourd'hui, Tianjin semble flambant neuve! Les routes sont larges, les gratte-ciels reluisants ne sont pas encore acheves, tout y est propre. Du moins au centre. La premiere impression est celle d'une ville qui autrefois ancienne et peu developpee, vient de recevoir en plein visage la tornade du developpement et a fait place net, rapidement et efficacement. Tout y est neuf mais inacheve. Surtout, il n'y a pas encore d'arbres alors que les chinois adorent les arbres. Ou plutot si, ils sont la, mais maigres et petits, leur rythme de croissance n'a pas suivi celui de la ville. Pour l'ombre, il faudra donc attendre encore un peu.

Tianjin, c'est aussi des ponts. De tres nombreux ponts qui enjambent la Haihe. Je suis litteralement tombee sous le charme de ces ponts, tous differents, tous a la recherche d'un style particulier. Arrivee au centre, je vois pointer le dome de la cathedrale de Florence, qui se cache derriere un monument tout aussi florentin: c'est le quartier italien, qui rappelle, par ses constructions europeennes, que cette partie de Tianjin etait une concession italienne et que, a l'epoque de Cixi, les etrangers de Pekin etaient cantonnes ici, dans cette ile europeenne au centre d'une bourgade de province. C'est d'ailleurs autour de la ligne de chemin de fer construite par les allemands entre Qingdao et Tianjin que Mo Yan decrit une revolte liee aux boxers dans sont Supplice du santal. C'est egalement a la gare de Tianjin qu'a eu lieu l'attentat contre l'imperatrice Cixi.

Pourtant, quand j'ai rejoint cette ville, mes etudiants xianais m'ont dit: "tu verras, Tianjin n'a pas d'histoire". Par la, ils voulaient dire que l'histoire de Tianjin est recente et peu importante. Qu'elle est neuve, comme la ville. Est-ce pour cela que Tianjin consacre tout son centre a l'histoire et au tourisme? 






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