samedi 20 août 2016

Kashgar, enfin!


Depuis le temps que j'en rêvais. Kashgar, un nom qui fait voyager. Sans vraiment savoir où la ville se trouvait, enfant, en entendant son nom je m'étais réjouie de grandir pour pouvoir voyager, et la découvrir. En 2008, après le tremblement de terre du Sichuan, la Chine avait décrété qu'il fallait raser les vieux quartiers de Kashgar pour des raisons de sécurité. Communauté internationale en émoi et je faisais le deuil de mon rêve de voir Kashgar. Trop tard. Un article (ne me demandez pas de citer lequel je ne possède as ce genre de mémoire) se demandait si Kashgar allait survivre à ce nouvel assaut elle qui en avait tant subi tout au long de l'histoire. Aux visiteurs de juger, surtout ceux qui l'on connue avant. Car Kashgar ce n'est pas seulement des ruelles étroites, c'est un esprit. Cet esprit a-t-il survécu?

Il y a aujourd'hui trois Kashgar: les restes de la vieille ville, mystérieux ïlot qui semble impénétrable, entouré de modernité, près du "grand bazar", que je mets entre guillemets car les bazars à Kashgar ne manquent pas, des rues entières sont des bazars, les sous-sols sont des bazars, Kashgar est un grand bazar!

La nouvelle "vieille ville" autour de la mosquée Id Kah qui marque le centre-ville et le centre touristique. La nouvelle vieille ville a son charme même si elle est flambant neuve, entre ruelles spécialisées dans des marchandises (rue des chapeaux ouïgours, rue de la médecine traditionnelle, rue des objets en bois...) et ruelles étrangement vides. Les rues sotn plus espacées que dans la vieille ville, plus aérées, le style plus ou moins respecté mais avec un objectif touristique très évident.

Et la ville moderne, chinoise, toujours la même, qui n'a pas beaucoup d'intérêt.

J'ai tout d'abord choisi un motel pas cher près de la mosquée mais si le personnel était assez sympa, la femme de ménage avait dû perdre l'aspirateur. Il se trouvait peut-être avec le balai. Bref, je ne comprendrai jamais cette habitude de mettre de la moquette dans un pays où personne ne retire ses chaussure et où l'usage de l'aspirateur reste un mystère. A ce niveau là je préfère toujours les chambres au sol nu. Elles ont une petite chance d'être un peu plus propres. Je prépare mon voyage sur la route du Karakoram et contacte donc l'agence Old Road Tours. J'y suis chaleureusement accueillie et je réserve un véhicule avec chauffeur pour 3 jours et 2 nuits. L'hôtel Seman, un trois étoile, où se trouve l'agence me semble plus attractif même si plus éloigné du centre et le patron de Old Road Tours négocie un prix plus avantageux pour moi. J'y logerai à mon retour de Tashkorgan. Ma chambre me réserve une belle surprise :-) Moi qui râlait en voyant le bâtiment dans lequel on m'avait envoyée, je me suis retrouvée dans un couloir genre Mille et une nuits avant de découvrir la déco et.... une baignoire!!! Dans un trois étoiles! La troisième que je rencontre en 9 ans de vie en Chine!

Bon, je reviens à Kashgar mais ce sera court: j'adore cette ville. J'adore son atmosphère. Les vendeurs de fruits tous absolument délicieux, les gens serviables (je cherchais une adresse pour acheter un billet de train sans aller à la gare et on m'a conseillée et même accompagnée, malheureusement l'agence était fermée et j'ai finalement dû aller à la gare quand même), les nombreux marchés, restaurant de rue, vendeurs de pain... Après avoir visité les sites incontournables, Kashgar est une ville où il faut se perdre, errer, se laisser inspirer par les petites ruelles, fouiner.

Au fait, les chauffeurs de taxi de Kashgar sont assez difficiles et c'est eux qui vous accueillent à la gare, pouvant laisser une mauvaise impression de départ. Ils refusent de mettre leur taximètre et demande systématiquement 20 yuans, remplissant le taxi (ce qui fait qu'ils gagnent par exemple 80 yuans sur une course à 20 yuans) - et c'est habituel de prendre plusieurs clients. Il faut donc négocier sévère, connaître les distances et possiblement, utiliser le bus. Par exemple les bus à la gare: beaucoup vont au centre-ville. Il suffit de demander "Id Kah?" Pour revenir du mausolée, j'ai pris un taxi-tricycle jusqu'au bazar pour 2 yuans. Et c'est bien plus pittoresque.

Kashgar en quelques photos:

Nouvelle "vieille ville"


La mosquée Id Kah avec des familles ouïgoures en visite. Les parasols et
la robe de la femme au fond portent les motifs de l'Atlas très en vogue
dans le sud du Xinjiang

La rue "des chapeaux" où on peut voir la fabrication de ces fameux chapeaux
que portent surtout les hommes mais aussi les femmes ouïgours. Au centre
de la rue une femme porte une robe avec les motifs de l'Atlas.

La "rue des chapeaux": à droite, des oreilles en bois et au-dessus un
plumeau en queue de yak. A gauche de nombreux motocyclistes
sillonnent rues et trottoirs sur des scooters électriques silencieux.
Au sud du Xinjiang plus qu'à Urumqi on peut voir que "si ça ne brille pas,
ça ne se porte pas", comme c'est le cas pour la femme qui conduit le scooter.
J'ai croisé une femme avec robe, chaussures, voile et sac à main scintillants au soleil
qui vous obligeait à porter des lunettes de soleil pour la regarder. Tiens, elle aussi portait
des lunettes de soleil, qui scintillaient bien sûr :-)

L'un des nombreux restaurant avec barbecue sur la rue. A Kashgar, on peut
aussi se délecter de délicieuses glaces épaisses tout en écoutant un joueur
de guta près de la mosquée. Dans les tasses en métal à droite, de la soupe.
En arrière-plan, on aperçoit quelques chaussons à la viande de mouton. les
nouilles et les raviolis au Xinjiang sont absolument délicieux. Les meilleures
lamian de Chine! (Et les meilleures glaces, et les meilleurs abricots, pêches,
raisins... j'y retourne!!!)

La première salle de prière du mausolée Apak Khoja. Chaque colonne
en bois est différente

Le mausolée Apak Khoja, une ancienne école coranique du 17ème siècle
devenu mausolée de la famille Khoja. Une légende raconte que l'empereur
Qianlong prit comme concubine la magnifique Iparhan dont le corps
était naturellement parfumé. Dans le version chinoise de l'histoire elle
aurait vécu des jours heureux alors que selon la version ouïgoure elle se serait
suicidée. Elle serait enterrée ici. Un panneau à l'entrée présente donc le site
comme le lieu de repos de Xinafei, la fragrante concubine.

Tombes. 

Chaque fenêtre a une motif différent. La mosquée est recouverte de mosaïques
aux motifs bleus parfois complétés par des catelles très différentes (coin
haut-gauche de la photo qui suit) et de catelles vertes au vernis irisé typiques de
l'art islamique du 17ème siècle.



La salle de prière principale utilisée pour les grands évènements

La vieille vieille ville de Kashgar, ou ce qu'il en reste

Marchande de fruits devant le grand bazar

Pause "ketik ?" - une boisson à base de yogourt - on dirait du petit lait de
yogurt et pour une fois ce n'est pas sucré. Au fait, ai-je mentionné les
délicieux yogourts du Xinjiang? Si on saute sur la personne qui le sert
avant qu'elle ait ajouté du sucre, on peut avoir un yogourt nature! Rareté
inestimable en Chine! Mais il faut être rapide. C'est généralement du
yogourt au lait de brebis, plus acide donc.

Les enfants ouïgours portent tous les cheveux courts, filles comme garçons.
Ici la fillette en blanc porte une robe traditionnelle avec le motif de l'Atlas
et les pantalons associés.

La "vieille" vieille ville depuis le fouillis sauvage qu'est le parc.

2 commentaires:

Redbaron a dit…

Saluten, che pasais par là, so che te laisse un petit mot... Pien tourné le billeten, mais ch'ignorais, Ô nièce céleste que tu dreamais sur une ville nommée Kashgar... Ou en avais-tu donk kedonk entendu, lu, causer?

Mbutsetsefly a dit…

Oui, beaucoup, dans la littérature de voyage, à commencé par Ella Maillart :-)

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