dimanche 17 janvier 2010

Aujourd'hui, c'est sûr, je vais à la poste (tiré de l'ancien blog)

 
 
Il est dimanche. 10h00. Le réveil ne sonne pas. Il faut dire que mon réveil, c'est mon téléphone, et qu'il m'a quitté hier. Depuis, on ne se parle plus. Un jour gris teinté d'un peu de soleil éclaire le squelette du colosse de béton qui se construit sous ma fenêtre. Lui, ça fait un moment qu'il grince, tape, résonne. Même le dimanche, les ouvrier s'activent tôt (et parfois tard) sur le chantier. Mais j'ai l'habitude, et depuis quelques temps les machines les plus bruyantes ce sont arrêtées. D'un œil entrouvert, j'observe l'ascenseur externe monter et descendre le long des étages sans murs. Les casques jaunes se détacher sur la grisaille bétonneuse. Ce n'est ni déprimant, ni joyeux. C'est juste étrange.

Je n'ai pas envie de me lever. Mal à la tête. Rien à manger. La vaisselle sale traîne dans l’évier. Et puis... il faut que j'aille à la poste. Ohhhh ! Refermons les yeux.

Finalement debout. Routine d'un matin: je prends la cafetière italienne, la remplis à la fontaine d'eau minérale. Jusqu'à la vis. J'allume le gaz: première manette en bas, tirer sur le gligli1 noir à pression, allumer. Éteindre. C'est prêt. Musique sur les oreilles. A table.
1
C’est un bitogneau aurait dit mon grand-père

Vient ensuite la terrible épreuve de la douche. J'hésite, je lambine. Peut-être que je devrais m'habiller d'abord pour aller..., pour aller à la poste! Ah. Je vais aller prendre ma douche.

La salle de bain-wc est très petite. Et sans lumière (pas d'échelle pour changer l'ampoule). J'ouvre l'eau à fond, pour créer la pression suffisante à déclencher le chauffe-eau qui est à la cuisine. Mais plus il y a d'eau, plus l'eau est froide, donc je baisse la pression, gentiment. L'eau devrait devenir presque tiède. Devrait...  Et m.... On se rhabille vite fait, passe à la cuisine-balcon, pèse sur le bitogneau2 noir, remonte la manette du gaz et retourne dans la salle de bain. Cette fois, il y a de l'eau  tiède. Notons bien le mot tiède. Depuis qu’il fait froid, la douche n’est pas très coopérative. Il faut serrer les dents un bon coup, retenir sa respiration et hop, un coup de jet d’eau. Sans crier de préférence. Pour sûr, ça réveille!
2
C’est comme un gligli dirait ma mère

Douche terminée, j'ai écopé l'eau de la douche. Et maintenant? Maintenant, il faut aller à la poste. Oh. Demain. J'ai pas fini d'écrire les messages (ben écris-les!), et puis je n'ai pas trouvé tous les emballages (oui mais tu sais bien que la poste, elle emballe tout), et puis je ne sais pas si je peux envoyer de la nourriture (ben tu essaies, et tu verras), et puis ce serait plus facile en prenant un étudiant (ça suffit, tu y es déjà allée maintes fois sans étudiants!). Restons zen. Respirons un bon coup. J'ai les adresses, j'ai mon adresse, j'ai bien séparé tous les cadeaux pour aller plus vite, j'ai bien vérifié le mot "Autriche" en chinois pour ne pas envoyer le cadeau vers l'Australie... Bon. Allons-y.

A la poste il y a peu de monde. C'est un évènement en soi. Je me dirige vers le préposé aux colis. J’en ai cinq à envoyer, mais on va y aller progressivement. D’abord le plus gros, pour la Suisse. C’est un peu risqué, il y a des spécialités gastronomiques. Je m’attends donc à un refus. Et par esprit de contradiction… ça passe ! Wow ! J’aurais dû apporter les bonbons au yak, ils auraient peut-être passé aussi ! Mon scepticisme ne venait pas d’une propension spéciale au pessimisme (pas cette fois en tout cas), mais aux expériences passées où innocemment, j’avais voulu envoyer des choses que l’on n’avait pas le droit de faire sortir du pays : du papier journal pour envelopper un objet fragile (ah non ! on envoie pas les journaux en chinois à l’étranger, quelqu’un pourrait les lire, l’objet fragile est donc arrivé à destination sous la forme d’un puzzle 3D) ou un cd de photos souvenir d’un voyage… Du coup, des aliments…pensez ! Et bien ça passe. Promis, à la demande, j’envoie un Huo Guo entier !

Le thermostat de l’humeur a presque grimpé au beau fixe. Il faut maintenant remplir les papiers. L’adresse du destinataire, ça, ça va, c’est la mienne qui pose problème, elle est en chinois. Logique. Mais je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je doive me pencher vers un charmant jeune homme pour lui susurrer : « Euh, hum… ? Excusez-moi, désolée, est-ce que vous pourriez écrire mon adresse sur ce papier ? Désolée, je ne sais pas comment l’écrire… » (sourire gêné et mains mises ensemble en geste d’excuse et de prière.) S’il y a un truc génial en Chine, c’est qu’on se voit rarement refuser un service. Le jeune homme en question, remplit le formulaire, deux fois, en appuyant bien puis écrit encore l’adresse sur le carton. Et moi de me répandre en remerciements. S’il y a un deuxième truc génial en Chine, c’est qu’on y prend des cours accélérés efficaces de modestie et d'humilité.

Et ça continue avec le deuxième. Un nouveau sourire charmeur à un nouveau jeune homme pour écrire mon adresse (et j’en ai 5 !). Non, ce n’est pas de la drague de ma part. Mais j’apprends. Ça peut servir.
Troisième colis, pas de jeune homme. Un groupe de personnes pressées, je n’ose pas demander, j’ai l’impression d’abuser. Je me lance donc dans la rédaction de ma propre adresse, moi-même ! En m’appliquant, lentement. Et çà marche ! Ça n’a même pas l’air d’être écrit avec la main gauche !(enfin je crois). Je suis fière de moi ! Et un peu déçue. Autour de moi, personne ne remarque cette formidable performance. On est souvent seul dans les grands moments de gloire.

Les deux derniers colis ne partiront pas. Une heure de poste, c'est suffisant. Et puis les peintures sont trop grandes et j’ai failli la crise cardiaque quand l’employé, fort patient avec moi certes, mais peu conscient de la valeur à mes yeux des dites peintures, a proposé de les plier pour les faire entrer dans un carton ! Monsieur, enfin! Nous n'avons franchement pas les mêmes valeurs!

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