... et on remonte sur scène!
Comme tant de fois déjà mentionné sur ce blog (voire la liste de liens à la fin de cet article), les expats en Chine doivent toujours être prêts à pousser la chansonnette... et même parfois à danser. Au diable les inhibitions, sentiments du plus haut ridicule, la timidité ou un certain sens occidental de la dignité que les chinois ne comprennent pas frocémment. Car si les étudiants chinois peuvent se montrer très réservés en classe, timides ou muets, quand il s'agit de chanter ou de s'exhiber sur scène, ils changent du tout au tout. Là, ce n'est plus un problème, ils adorent ça. Et se mettre des oreilles de chat sur la tête ou faire de petites rondes mignonnes ne semble pas enfantin ou ridicule à leurs yeux.
L'aventure a commencé un mois avant le spectacle, d'une manière plutôt vexante. Le directeur réunit tous les étrangers et ne nous demande pas de faire un spectacle: il nous l'ordonne. Il a déjà tout un programme en tête, les étrangers vont chanter telle chanson en chinois puis telle chanson en anglais et encore ça en français et ils vont danser... Ce sera merveilleux! Une personne de l'administration doit nous entraîner.
Une semaine plus tard, la personne en question se manifeste. Il faut que l'on se réunisse le jour même deux heures plus tard pour s'entraîner. A ce moment, on est en pleine préparation d'examen et le boulot déborde. Une collègue doit attendre deux heures pour la petite réunion, en effet, elle a fini ses cours. La responsable en question finit par débarquer avec 20 minutes de retard, et elle ne s'est même pas préparée. Elle se dépêche d'imprimer les chansons sur notre imprimante. Elle n'en imprimera pas assez. Allez, tous dans la salle d'à côté! Dans la salle où ll'on se presse, elle lance de la musique chinoise que personne ne connaît et nous dit de chanter dessus. On la regarde comme si elle était folle. Il y a trois feuilles avec le texte en pinyin, dont deux recto verso, la troisième n'est pas complète et mi je n'ai rien alors elle me tend sa feuille, en chinois. Ben voyons! Je ne suis déjà pas d'humeur à jouer les caniches de cirque pour l'école et il y a un boulot de dingue qui m'attend sur mon bureau. Je lui fait comprendre mon exaspération face à ce ridicule manque d'organisation et me retire. Apparemment, elle pensait que non seulement on connaissait déjà par coeur toutes les chansons populaires de Chine, mais que si ce n'était pas le cas, on apprendrait spontnnément rien qu'en écoutant la musique. Belle pédagogie!
Résultat, face à cet échec cuisant, les étrangers sont considérés comme incapables d'apprendre une chanson en chinois. On chantera donc "Les Champs-Elysées", même si deux d'entre nous sont anglaises et n'ont pas trop le temps d'apprendre une chanson en français.
Volet 2: On nous annonce, la semaine suivante, que nous allons chanter en playback. Hop, ni une ni deux, nous voilà embarqués vers le studio d'enregistrement. Arrivés là-bas, en retard car on bosse, après tout, quand on ne nous fait pas faire des clowneries, on doit attendre un long moment avant que l'on ne s'occupe de nous. Finalement, on nous annonce que comme le studio est trop petit pour tous nous recevoir, on va y aller par petits groupes et nos voix seront superposées informatiquement. Je fais partie du premier groupe. Le technicien nous dit que cela prendra 20 minutes envirion. En effet. Cela prend 20 minutes, le temps qu'il réponde deux ou trois fois au téléphone puis essaie de comprendre pourquoi on ne l'entend pas avant qu'il finisse par réaliser que le micro n'est pas branché... No comment.
Le résultat est étrange, on entend bien nos voix mais on ne les reconnaît pas. C'est assez bon en fait... Et finalement, c'est assez rigolo comme expérience.
Volet 3, la chorégraphie. Avec toujours ce même dont pour l'anticipation dont l'administration fait preuve, on est prévenu un mercredi, jour où je commence à 7h00 avec la lecture du matin, que l'on va devoir s'entraîner le soir même à 19h30. Bien, une journée de plus de 12 heures de dur boulot! J'ai pass envie d'avoir toujours l'air de tirer la gueule, mais on m'y force un peu. Retour à l'école vers 19h30 donc... Les étudiants de 1ère année qui ont accepté de participer au spectacle sont en train de faire la chanson en langage des signes tandis que les étrangers regardent... perplexes. A nouveau, no comment. Et puis voilà que l'on doit participer aussi, ce qui est bien naturel. On entre en scène de chaque côté, encadrés par des étudiants qui nous tiennent la main. L'entrée apparemment est très importante et on la rejoue plusieurs fois. La sortie en revanche ne semble intéresser personne. On a fini, on part, dans le plus grand désordre. Cela nous rend d'autant plus perplexe qu'en Occident on travaille toujours les sorties. Au départ, il n'est pas prévu que nous dansions mais nous voir figé comme des piquets à faire semblant de chanter n'est apparemment pas une vision harmonieuse. Et hop, on nous dit de faire le langage des signes, de remuer notre popotin, de swinger en souriant de bonheur. Ceci devant un miroir de danse qui nous renvoit notre ridicule enn pleine figure.
J-2 on passe le weekend à s'entraîner. Samedi, du matin au soir, beaucoup d'attente, quelques tours de répétition durant lesquelles nos chorégraphes en herbe n'arrêtent pas d'avoir de nouvelles idées. On nous demande si on ne veut pas finalement chanter en vrai. Non! On ne va pas apprendre la chanson maintenant. Puis si on ne veut pas faire le langage des signes aussi. Hors de questions, on ne va pas l'apprendre maintenant non plus! finalement, on change quelques rondes, quelques pas... Deux répétitions générales puis rendez-vous le lendemain matin pour s'exercer encore avant le spectacle du soir. Et finalement, le spectacle. Les étudiants sont excités, bien habillés, maquillés, tout beaux, ils sautent dans tous les sens comme des puces, se prennent en photo, nous prennent en photo... J' arrête de tirer la gueule, enfin, on s'amuse quand même un peu mais ce fut pénible. Entrée sur scène ratée, on se rentre dedans en se croisant, mais spectacle réussit, tout le monde est content... et soulagé.
L'ouverture commence par une splendide danse du dragon et du tigre. Je dois avouer que j'adore les danses du dragon et du tigre...
Ouverture avec lions et dragon
Et voilà une partie du numéro
En lien avec cet article: