mardi 29 juin 2010

Mariage "à l'ancienne"

   
Ma collègue russe a eu une chance incroyable. Elle a été témoin d'un mariage traditionnel, "à l'ancienne" qui a défilé sous son nez, sans prévenir. Elle était là. Un vieil homme lui a dit: "Vous avez de la chance, c'est la première fois que je vois cela!"

Il faut dire que si la Chine s'est énormément occidentalisée, beaucoup de jeunes sont nostalgiques des temps anciens. Comme ce jeune couple.

Je reproduis ici ses photos avec sa permission. Je demanderai à un(e) élève de m'expliquer plus en détails le cortège qui suit les fiancés, car je n'y comprends goutte.
La fiancée
Le fiancé
Le cortège

L'article en russe d'où sont tirées les photo.

dimanche 27 juin 2010

"Kafka sur le rivage" - Haruki Murakami

   
Un chef-d'œuvre onirique du réalisme fantastique

Un jeune homme quitte son père et trouve refuge dans une librairie habitée de personnages énigmatiques. Un vieil homme qui peut parler aux chats commet un crime dont le sang salit les mains d'un autre et prend la route. Un vieil homme, un jeune homme, deux destins qui s'entremêlent sans se croiser, qui prennent la route pour se trouver. Et toute la poésie de la réalité de Murakami pour les raconter.

Difficile de présenter un roman aussi connu, un best-seller au succès retentissant qui fit connaître Haruki Murakami à tous ceux qui ne le connaissaient pas encore. J'en faisais partie.

A l'époque, participant à un forum de lecture qui avait choisi Murakami comme lecture du moi, je m'étais lancée avec méfiance dans Après le tremblement de terre que j'avais très moyennement apprécié. Mais devant les ronronnements élogieux de mes compagnons virtuels de lecture au sujet de Kafka, j'embarquais dans un de ces voyages qui vous marquent à jamais. La couverture de Kafka était certes prometteuse, mais ignorante du monde de Murakami, je fus un peu hésitante au début. Le fait de prendre des noms de personnage associés à des marques célèbres me dérangeait. Mais le mystère était en place, il fallait aller jusqu'au bout. Et une fois bien installée  dans le train du récit, j'eus conscience que j'étais en train de lire ce qui allait directement rejoindre le Panthéon de mes favoris: un roman nouveau, dans lequel la réalité temporelle et physique se replie délicatement sur elle-même,  discrètement. Le fantastique s'y insinue comme un courant d'air qui fait frissonner le récit. La beauté de Kafka, c'est cette subtilité qui superpose les réalités comme des voiles transparent. Et sa poésie. Car Murakami est autant peintre et musicien que poète quand il écrit.

Kafka est de loin mon Murakami préféré, même s'il dispute sa place avec les Chroniques de l'oiseau à ressort. Il est allé rejoindre dans ma bibliothèque ces livres qui font rêver, qui vous emportent complètement dans leur voyage onirique. Le chef-d'œuvre du réalisme fantastique Cent ans de solitude de Marquez et le fabuleux  Le Maître et Marguerite de Boulgakov.

Découvrez ici l'opinion de quelques chats de bibliothèque.

samedi 26 juin 2010

Se noyer dans la verdure des vallons du Kham sous de splendides cieux dramatiques


3. Derge

Le guide est clair là-dessus: la route pour Derge est difficile, monte très haut et est fréquemment fermée. Il faut donc un certain sens de l'aventure pour s'y risquer, un estomac bien accroché, et tout ce qu'il faut contre le mal des montagnes: y compris le courage de renoncer. On  trouve à Chengdu des pilules contre le mal des montagnes, certaines auberges en vendent  (Sim's guesthouse par exemple) pour ceux qui veulent s'aventurer au Tibet. Le Kham, c'est le Tibet. Pour atteindre Derge (un peu plus de 3'000 m), il faut passer le col de Trola à un peu moins de 6'000 m. Il faut donc prévoir beaucoup d'eau, et se forcer à boire au maximum. L'aspirine aide. Et s'assurer d'avoir ses pilules contre le mal des montagnes. Surtout, il faut s'acclimater un peu à l'altitude avant d'aller faire le col.

J'ai de la chance, mon estomac passe le test avec succès, et le mal des montagnes n'a pas montré le bout de son nez. En revanche, mes poumons s'en prennent plein les bronches: autre petit accessoire très utiles: acheter un masque en tissu à Ganzi, on en trouve plein. Ce n'est pas pour rien que les Tibétaines sont masquées, la route de terre reçoit peu de pluie et l'on respire de la poussière pendant des heures, même avec la fenêtre fermée! Fenêtre que l'on a très très très envie d'ouvrir, vu que les tibétains conducteurs ou passagers s'adonnent au culte du tabagisme clope sur clope!

Sur le col du Chola
Pour rejoindre Derge, il y a un bus officiel difficile à prendre car généralement plein (et difficile à trouver aussi), et beaucoup de minibus privés qui partiront quand ils auront assez de clients ou un prix convenable. Là, il faut négocier sec. C'est ce que fait une américaine travaillant dans la région, et habituée à négocier en tibétain. Je la laisse faire. Elle sera une agréable compagne de voyage durant trois jours. Le minibus en question nous dépose à Manigango où il nous trouve un autre véhicule: il faut un peu se battre pour s'assurer que l'on ne va pas payer plus, que le prix négocié à Ganzi va jusqu'à Derge. Mais le problème est vite résolu. On attend quand même 2 heures avant de repartir.

Lâcher les chevaux de vent au Col du Chola
Manigango est un bon point de départ pour visiter le lac sacré au pied du mont Chola, et faire des randonnées à cheval avec le Chola pour cadre. En revanche, la ville dégage une terrible pauvreté et un grand sentiment d'insécurité, renforcé par la meute de chiens errants qui traînent entre nos jambes. Nous sommes assaillis par de vieilles mendiantes pendant environ tout le temps de l'attente, à qui s'ajoute les curieux. Notre nouveau conducteur, clope au bec (annonçant ainsi le programme du voyage: il faut quand même supporter, sur des cols qui tourbillonnent, le parfum si particulier de la clope-voiture, fumet particulièrement écœurant qui n'aide pas), achète des petits chevaux de  vent en papier. J'en achète aussi. J'aime beaucoup les chevaux de vent, longda, et la tradition de les libérer au point culminant des cols. Une fois qu'ils touchent terre, dit-on, ils deviennent de vrais chevaux.

Imprimeurs au travail
Derge, qui abrite dans son monastère parmi les plus sacrés la plus ancienne imprimerie bouddhiste encore en fonction, n'est pas un but en soi. C'est un lieu de pèlerinage et l'on rencontre sur la route qui y mène un pèlerin qui fait tout le trajet à plat ventre (il doit recouvrir toute la route de son corps). La route qui y mène est à couper le souffle, et l'on ne sent pas les heures s'écouler dans un paysage aussi grandiose. Rien que pour cela, le trajet vaut le coup. On passe des vertes vallées aux rocs impitoyables, la route vertigineuse plonge vers des précipices, passe sous des arcs de roche qui semblent en équilibre. Le bus saute plus qu'il ne roule, dérape parfois et soulève des tempêtes de poussière! Coincée entre un moine, une américaine et un paysan, ma tête atteint plusieurs fois violemment le plafond et mon postérieur se bat avec les ressort des mauvais sièges. 

Arrivées à Derge, épuisées, un peu oppressées par cette ville prise dans d'étroites parois de  roches alors que nous quittons les plaines ouvertes, nous trouvons un hôtel non officiel, encore en train d'être construit, avec ds chambres neuves et une famille accueillante. Douches publiques non loin de là et petite balade digestive après le souper.

Derge
Derge est jolie, mais étroite et n'offre pas vraiment de possibilités de randonnée. On y va pour le monastère et son imprimerie, mais cela ne vaut pas la peine d'y rester plus de 2 jours. Ma nouvelle amie américaine va rejoindre un monastère bouddhiste pour se retirer quelques temps. C'est, certainement, la seule autre possibilité à Derge.

Néanmoins, l'imprimerie est impressionnante et superbe et je dois l'admettre, j'ai adoré le trajet: quelle belle route! Au retour, j'en profiterai encore plus: le bus étant plein, j'ai dû faire de l'autostop (en fait, pas mal de propriétaires de véhicules amortissent volontiers le prix du trajet avec des passagers. Une ou deux heures d'attente au bord de la route. Une jeune tibétaine en costume traditionnel me rejoint, puis un homme qui m'expliquera plus tard qu'il est imprimeur à la fameuse imprimerie, et une autre femme qui distribuera à la ronde les clopes qui enfumeront notre véhicule pendant une bonne partie du trajet. Véhicule que j'hésite à prendre d'ailleurs: je vais faire le col du Trola à 5 dans une minuscule changan, la fiat 500 des chinois! Son radiateur nous abandonnera d'ailleurs bien avant notre arrivée au col. Arrivée à Manigango, je me serai fait une amie d'une jeune tibétaine qui ne parle qu'avec des sourires, mais qui viendra me serrer la main quand on se rencontrera par hasard dans une rue de Ganzi. Après avoir mangé ensemble un ragoût de champignons (spécialité de la région), on se sépare de notre conducteur et on continue la route avec une famille tibétaine un peu plus aisée (la voiture est neuve), dont la petite fille fascinée par l'étrangère, se met en tête de me donner un cours de chinois tandis que l'on se partage de la viande de yak séchée.


Voici un petit film sur l'impression de feuillets de prière

vendredi 25 juin 2010

"Sokout" - Mohsen Makhmalbaf

  
 

"Le silence", film iranien, plonge le spectateur dans l'univers sonore d'un enfant aveugle, accordeur d'instruments, obsédé par un thème musical récurrent et qui erre au fil des mélodies, au grand damne de sa mère préoccupée par des soucis matériels réels qui n'affectent en rien l'univers de l'enfant. 

"Le silence" est un trésor à découvrir absolument. Pour sa poésie, pour la beauté de sa photographie, pour sa peinture des sentiments, pour la musique enfin.

Zoziau

 
Avant de prendre les routes africaines, je me souciais peu des oiseaux. Cette passion m'est venue au Kenya où je m'étonnais de tout: des plantes, arbres (ah, les arbres à saucisses!) et oiseaux. Les prendre en photo est devenu une petite marotte. Il faut dire qu'ils ne sont pas facile à prendre, mais qu'ils sont quand même plus aisés que les papillons qui sont rapidement venus à bout de ma patience déjà fort limitée d'authentique bélier.

C'est le chant très nourri sur le bord de ma fenêtre de celui-là qui m'a mise aux aguets: je le connaissais, il y en a beaucoup à Chongqing. Mais à Xi'an, je ne l'avais vu qu'en cage. Il ressemble au garrulax à sourcils blancs. Sorte de merle chinois. Mais pas complètement.


samedi 19 juin 2010

Tain Ya Bain Mei Ren Gui by Clare Fader and the Vaudevillains

 
Je découvre aujourd'hui cette chanteuse américaine très sympa qui chante ici en cantonnais.  J'aime beaucoup.

 

vendredi 18 juin 2010

Interdits à l'hôtel

Hier, des étudiants sont venus me demander quelques conseils sur une traduction qu'ils avaient fait pour un hôtel. Il s'agissait des informations et autres instructions pour le client.

En-dehors des habituels avertissements figuraient quelques interdictions fort logiques: interdit de fumer au lit, de dealer, de posséder des matières toxiques ou radioactives, de sécher ses habits sur les abats-jours et la télévision et d'être superstitieux. Pardon?

La phrase n'était pas très bien traduite. "Oui, il est interdit de faire ds rituels contre la superstition", m'explique mon étudiant. par exemple? "Et bien, pour la fête des morts, par exemple, les gens brûlent de la fausse monnaie." Dans l'hôtel???

Ah.

mardi 15 juin 2010

Demain c'est Duan Wu...

   
...et en trois ans, je n'ai toujours pas vu la course des bateaux dragons.

Il faut dire que si toute la Chine célèbre Duan Wu (c'est une jour de congé national), cette tradition prend ses origines dans le sud. Et c'est dans le sud que l'on peut admirer les courses et surtout, les superbes bateaux dragons. J'en avais vu un au repos sur une île à côté de Hong Kong.

Comme la tradition le veut, les gens s'offrent des cong zi, le gâteau de riz glutineux emballé dans une feuille de bambou. Pour les artistes gastronomes, j'ai trouvé une très bonne présentation de la recette. Cette année, à Xi'an, je remarque aussi l'apparition de petits gâteaux de haricot!

Mais surtout, depuis deux jours, je vois les gens acheter des gerbes de chrysanthèmes. Sans fleur. Mon chinois n'est assez bon pour comprendre les réponses à ma question, mais un voisin a attaché sa gerbe sur sa porte d'entrée et il semblerait que l'on purifie sa maison avec. Cela me fait un peu penser à une même tradition pour le nouvel an.

Du coup, dans tous les coins de rue, on trouve  des vendeurs de gerbes de chrysanthèmes, des vendeurs spontanés de cong zi, des femmes présentent suspendus à un bâton toutes sortes de petits pendentifs de tissu brodés à offrir comme porte-bonheur (les papillons sont superbes!)

J'avais déjà fait un article à cette occasion l'année passé.

Source photo: cliquez sur la photo

dimanche 13 juin 2010

Se noyer dans la verdure des vallons du Kham sous de splendides cieux dramatiques

   
2. Ganzi

De Tagong à Ganzi, il y a un bus public qui passe le matin. Généralement il est presque plein. Un groupe y trouvera difficilement de la place mais la voyageuse solitaire que je suis a réussi à se faufiler et à enjamber les bagages qui encombrent le couloir pour aller se tenir en équilibre sur une fesse sur un siège à moitié défoncé. Mon hôtesse s'est occupée d'arrêter le bus. Les gens de Tagong sont très serviables et vraiment sympathiques.

On ne va pas loin ce pendant. La route est coupée par le fleuve qui a débordé. En été, à la saison des pluies, c'est une chose courante dans le Sichuan et cette année (2009) est particulièrement dangereuse. Il y a eu déjà plusieurs morts à cause des inondations. Le fait est que lorsque l'on prévoit de voyager dans le Sichuan, on doit compter avec les crues,  vérifier chaque jour si on peut passer, s'il vaut mieux changer son itinéraire. Le Sichuan est sauvage, superbe mais dangereux. Il est obligatoire, dans les régions à risque, de se renseigner sans cesse sur la météo, l'état des  routes.

La route qui mène de Tagong à Ganzi est une petite route de montagne qui glisse facilement. Qui tourne beaucoup. Il faut avoir l'estomac bien accroché, et beaucoup, beaucoup de patience. Le voyage ne se fera pas sans problème. Nous restons bloqués à cause d'un bus embourbé. Au final, 10 heures de voyage pour rejoindre Ganzi (8 heures prévues) Le lendemain, à Ganzi, je rencontre un compagnon de route croisé à Tagong: le voyage lui a pris 12 heures! Sur la carte, Tagong a l'air d'être tout à côté. La réalité est toute autre. En Chine, "juste à côté veut dire" = une journée de bus au minimum.

Ganzi. Un vrai coup de cœur.  C'est une sorte de chef-lieu tibétain, reculé, peu développé "à la chinoise". On y trouve pas d'hôtels confortables, mais quand on monte jusque là-haut, ce n'est pas forcément le confort que l'on recherche. Ganzi peu être un peu déroutante au départ, on y plonge dans des marchés où traînent des peaux ensanglantées de yaks tout juste tués le matin, leur viande fraîche, leur tête coupée. Les végétariens apprécieront peu. On y trouve des trésors en matière de vêtements chauds, bijoux pour les cheveux, tissus tibétains, et tout moins cher qu'ailleurs. Les gens vous saluent d'un puissant "Tashideleh!" en vous croisant en moto sur le pont suspendu où vous vous tenez en équilibre sur les planches pour les laisser passer.

Le cadre est superbe. Montagnes avec des airs alpins, neiges éternelles, prairies fleuries, shtupas et monastères, et une large rivière en crue dans les eaux glaciales de laquelle les enfants s'amusent. Les paysannes gardant les yaks me demandent de m'assoir à côté d'elles, l'une d'entre elle se lave les cheveux dans la rivière. Plusieurs fois, je me vois proposé un "lift" en moto. Un paysan d'un village non loin me présente avec fierté. un petit yak né, la nuit précédente.

Ganzi est le genre de petite ville où l'on peut venir se reposer. Il y a des sources chaudes et la possibilité de faire des randonnées à cheval (deux possibilités que je n'ai pas essayées), et surtout la randonnée y est sans limites! Et les gens très chaleureux. Une adorable retraite loin des bruyantes mégapoles chinoises.

samedi 5 juin 2010

Le "Rush" du mois de juin

  
Le mois de juin est définitivement le mois le plus chargé. Mes cinq élèves diplômant doivent bientôt rendre définitivement leur mémoire de fin d'études, je vois donc défiler leur travail à la chaîne et lis, relis et relis. A cause de ma cheville, je ne peux toujours pas aller en classe, mes élèves viennent donc chez moi pour les cours, par petits groupes car mon salon ne se prête pas à l'exercice. Ce qui double mes heures de cours. Les examens à préparer. Bref, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour le blog.

J'essaie donc de publier quelque chose de temps en temps, mais vais reprendre quelques articles de l'ancien blog, ceux qui montre le plus la vie en Chine par exemple. 



Source image : Mix et Remix

vendredi 4 juin 2010

Trains et brosses à dents

   
17 heures. Assise. On doit pouvoir survivre a cela. 
C'est sur. Je le confirme aujourd'hui, on survit.
 
Le wagon est plein a craquer. Si on veut avoir une vraie impression de ce a quoi ressemble ce wagon, il suffit de prendre le metro a Paris (ou à Pékin) durant les heures de pointe ou de faire le trajet Lausanne-Geneve a l'heure ou les pendulaires vont au boulot ou en revienne (ce qui est pire parce que a ce moment, ils ne somnolent plus mais sont fatigués et pressés de rentrer donc plutot agressifs). Bref, prenons donc le Lausanne-Geneve, en plus large, avec plus de monde et remplacons la demi-heure d'enfer (j'ai toujours pensé que ce train allait me rendre psychopathe) par 17 heures. Fais abstraction Mbu, fais abstraction!
 
Le train Shanghai-Shenzhen part à 12h30, donc tout le monde mange. Il y a de l'eau chaude gratuite dans tous les trains pour les bols de nouilles (mais comment font les gens pour ne pas s'en mettre partout?) on voit donc des équilibristes se faufiler dans la foule qui obstrue le couloir, assis, debouts, partout... Tout a coup, un gros gaillard qui ressemble à un gorille gradé à l'armée, ton autoritaire, voix très portante (le gars derriere lui se bouche les oreilles) se plante juste a coté de moi (je suis au milieu du wagon, côté couloir) et se met à aboyer plein de trucs en chinois (ce qui est logique, en Chine), d'un air des plus sérieux. Il vend... des brosses a dent. Flexibles s'il vous plait. Je connais la scène, je l'ai déjà vécue dans le train Chengdu-Chongqing: dans les trains chinois, on vend des brosses a dent!  Et ou! Et les passagers sont intéressés, écoutent, regardent et tâtent les brosses, éprouvent leur flexibilité. Après tout, avec 17 heures à tuer, autant se distraire, même d'une brosse à dents. Mes six compagnons de siège en achetent trois. Et ça continue... Le gaillard vend aussi des bracelets. Puis, beaucoup plus tard, il revient avec un petit classeur que je connais bien (déjà vu dans le train de Chengdu aussi) et se met a faire un démonstration. Les gens plaisantent, sont curieux, touchent, rient, essayent un petit gadget infraviolet qui permet de voir si les billets de banques sont vrais. Et hop, mes voisins achètent.
17 heures. 16 heures. Plus que 2 tiers, plus que la moitie... La musique, parfois chinoise, parfois moderne, baigne le wagon. On mange, encore et encore. Mon voisin adore les graines de tournesol. 

Le temps passe. On s'assoupit. La jeune fille à côté de moi dodeline de la tête, la pose sur mon épaule, se réveille, se tourne et s'appuie sur son amie.  Dans le couloir, on s'allonge comme on peut, ou reste debout, la tête qui pend. Un homme prend ma jambe pour un oreille, un autre s'enfile sous mon siège. Mais pas longtemps. Car il faut mentionner la terreur du wagon: le chariot de bouffe qui fonce aveuglément dans la masse des gensqui s'écartent (c'est délirant de voir qu'on peut encore faire circuler quoi que ce soit avec tout ce monde), se réfugiant entre les sièges, sur les baggages, sur mes genoux.
La nuit, on fait semblant de dormir. C'est long, très long. Mais si ça, ce n'est pas vivre la Chine! Une expérience ethno-sociologique que je ne renouvellerai pas (il va donc falloir que je m'y prenne a l'avance pour le train Shenzhen-Chongqing. Parce que je rentre en train. Si, si.)
NB: Ce billet, tiré de l'ancien blog, date de juillet 2008. En août 2009, les aléas du sort m'ont forcée à renouveler l'expérience entre Xining et Xi'an. 10 heures à mourir d'ennui avec de jeunes compagnons de voyage fort sympathiques qui, après avoir éprouvé mon chinois jusqu'à ses limites, on transformé le voyage en pique-nique canadien.

Source photo: chine-information

mercredi 2 juin 2010

Hokousai comme maître de dessin

   
Toujours la BNF et ses inestimables trésors. J'adore ce petit manuel de dessin japonais produit par le plus grand des maîtres japonais !


mardi 1 juin 2010

"La Comtesse Blanche" - James Ivory

 
Fuir la réalité au fond d'un rêve

L'année passée, lors d'une conférence à Chongqing de Stefan Shomann qui présentait son dernier roman "Letzte Zuflucht Shanghai", j'avais été très surprise de découvrir quelque chose que l'on ignore en Europe: Shanghai est était pendant la guerre l'un des principaux ports vers lesquels déferlaient les réfugiés juifs fuyant le nazisme. En fait, à l'époque, entre la concession française, les réfugiés juifs et les réfugiés russes fuyant le communisme, et les japonais, Shanghai était une métropole cosmopolite, bien que les communautés ne se fréquentât que très peu.

C'est dans ce Shanghai vivant ses derniers moments de tension avant l'occupation japonaise précédée par l'horreur du "bloody saturday" que nous emmène James Ivory.
   
Un diplomate américain désillusionné et aveugle décide de bâtir son rêve: la "Comtesse Blanche", un bar cosmopolite au personnel méticuleusement choisi où se fréquenteront les divers mouvements politiques de l'époque. Sa pièce maîtresse: une comtesse russe déchue qui pour faire vivre sa belle-famille joue les hôtesses et accessoirement se prostitue. Il est aidé par le mystérieux Matsuda, un riche japonais avec qui il partage son rêve. Mais combien de temps pourra-t-il se barricader loin de la réalité?

"La comtesse blanche" est un film d'atmosphère au rythme lent,  qui mise sur la photographie et la musique pour développer la psychologie de ses personnages qui en outre sont très attachants. Ce n'est pas un grand film, mais c'est un bon film qui vaut la peine d'être vu. Ne serait-ce que pour l'originalité de ses personnages.
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