... pour vendre son charme tout en restant chinois?
Voyager, c'est certes merveilleux, mais le problème c'est qu'il faut se plier à la culture des autres. A leur gastronomie, pour commencer. Or il se trouve que si les chinois adorent manger, ils adorent manger chinois. On a pu voir récemment aux informations le retour des six membres de l'équipe Mars500, qui avaient simulé une mission de plus de 17 mois sur Mars et sortaient enfin de leur isolation. Commentaire de Wang Yue, le membre chinois de l'équipe: "C'était difficile. Je suis chinois et il n'y avait pas de nourriture chinoise." On aurait pu attendre un commentaire plus original de la part de quelqu'un qui se prépare à aller sur Mars.
Mais il n'y a pas que la nourriture. Il y a aussi le mode de vie, la barrière des langues, toutes ces contraintes qu'il faut respecter : pas de bruit après 22h00, pas trop de bruit la journée, dans les restaurants, dans la chambre d'hôtel, faire la queue, ne pas jeter des trucs par terre, fait pas ci, fait pas ça... Or du point de vue du touriste moyen, le voyage est un luxe que l'on s'offre, ça doit être confortable et amusant. Le but n'est pas tant de découvrir que de voir et de prendre du bon temps. Ceux qui partent par eux-même, sac à dos et chaussures de marche aux pieds, sont l'exception. Du coup, pourquoi ne pas reproduire en Chine les sites européens qui font le plus rêver et s'offrir de l'exotisme sans sortir de sa propre culture?
Est-ce la raison d'être des villages européens de Canton et Shenzhen (Village alsacien à Canton, village suisse de vacances à Shenzhen, le monde en miniature... )? De la copie de Hallstatt, qui avait tant fait parler d'elle dans les médias (et qui apparemment ne se porte pas si bien)?
De toute évidence, certains entrepreneurs ne se laissent pas décourager par les déboires financiers de Hallstatt-Chine. Nouveau super projet: un village suisse dans un coin idyllique du Tibet. C'est du moins ce que nous annonce cet article de CNN international. Ben voyons! Des volontaires pour aller jouer du cor des Alpes en costume à Edelweiss au Tibet?
Partons du principe, bien sûr, que le touriste chinois - à qui sera destiné le projet - cherche la Suisse quand il va au Tibet. Selon mon expérience, les voyageurs chinois rêvent du Tibet autant et de la même manière que les voyageurs occidentaux: ils veulent voir la nature sauvage et intacte, le Potala, les nomades, les pieux pèlerins... Ils ont vu les mêmes photos que nous et ils veulent faire les mêmes photos que nous. Qui va se déplacer jusqu'à un coin reculé du Tibet pour voir un faux village suisse avec des tibétains (ou pls probablement des chinois) habillés en armaillis en train de faire un remake flexible de Heidi?
Partons du principe, bien sûr, que le touriste chinois - à qui sera destiné le projet - cherche la Suisse quand il va au Tibet. Selon mon expérience, les voyageurs chinois rêvent du Tibet autant et de la même manière que les voyageurs occidentaux: ils veulent voir la nature sauvage et intacte, le Potala, les nomades, les pieux pèlerins... Ils ont vu les mêmes photos que nous et ils veulent faire les mêmes photos que nous. Qui va se déplacer jusqu'à un coin reculé du Tibet pour voir un faux village suisse avec des tibétains (ou pls probablement des chinois) habillés en armaillis en train de faire un remake flexible de Heidi?
Ou peut-être sommes-nous en train de rater un créneau? En ces temps de crise, peut-être devrait-on faire de même en Suisse? Pourquoi ne pas revivifier touristiquement la zone industrielle de Crissier en y construisant une réplique exacte de la Cité Interdite? Ou le Potala au Mont Pèlerin? Fenghuang le long de la Venoge... Suffit de mettre un costume miao à Ignacio Chollet et l'affaire est faite.
Allez, pour conclure ce billet d'humeur sombre, le générique du manga qui a façonné le stéréotype suisse en Asie, traduit en chinois. Fans de KTV, tous en coeur!
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