jeudi 13 février 2014

Sur le territoire du tigre


Retour au Népal dans ce petit billet qui explique comment, un loutre peut coûter un tigre.

Lorsque j'ai décidé de partir pour Katmandou, je n'avais pas grand chose en tête à part peu-être un brin de shopping - si je l'avoue, j'espérais trouver entre autre une jolie tunique et des épices introuvables en Chine. Mon idée du Népal en hivers était très loin de la réalité. J'imaginais le Népal sinon sous la neige, du moins en train de grelotter sous des tonnes de couvertures en poil de yak et de pulls en laine - en fait, on se balade en t-shirt à Pokhara, avec une petite laine à Katmandou.

J'étais loin de me douter qu'il y avait des jungles épaisses au sud - pas tropical certes, mais bénéficiant d'un climat tempéré avantageux. Et dans ces jungles, des tigres, éléphants, rhinocéros (là aussi j'ai été surprise... des rhinos au Népal!!!) et une multitude d'oiseaux.

En fait, le Népal est le meilleur endroit pour voir un tigre - et un paradis pour les ornithologues. J'ai d'ailleurs rapporté beaucoup, beaucoup de photos d'oiseaux plutôt réussies (je veux dire par là moins floues que d'habitude) et beaucoup de photos de cervidés aussi. Car dès que j'ai découvert qu'il y avait des jungles avec des tigres et qu'il était facile de les observer, je n'ai plus eu qu'une seule idée en tête, rejoindre la jungle au plus vite - j'ai choisi Bardia car moins touristique - et faire de la photographie nature - en espérant bien sûr avoir le tigre (un léopard aurait aussi été pas mal mais étant nocturne, c'est beaucoup plus difficile).

Et me voilà à me balader, avec mon guide, à pieds (sisi) sur le territoire des tigres. Petit briefing avant qui explique comment réagir en cas de rencontre (ouais... mais si la rencontre se fait... réagissons-nous vraiment comme il le faudrait?) et quelques doutes sur le raisonnable de la chose: je veux voir un tigre mais veux-je vraiment rencontrer un tigre? J'apprends par exemple que le tigre est moins dangereux que les rhinos qui ont un peu tendance à charger par défaut (l'un d'entre eux, caché dans l'herbe haute, détalera à 10 m à peine, Dieu merci dans la direction opposée. Une belle trouille quand même). En résumé, si l'on rencontre un tigre, il faut le regarder dans les yeux et reculer jusqu'à lui avoir libéré le passage. ne pas courir, ne pas lui tourner le dos. C'est simple mais... Évidement, il y a quelques situations plutôt gênantes: rencontrer un tigron (où est la mère) est certainement une situation à éviter. Déranger un tigre en train de manger ou, mauvaise idée, se retrouver bêtement entre sa proie et lui...

En chemin, on oublie un peu que l'on se balade sur son territoire. C'est une balade en forêt, dans une forêt en pleine santé. Il y a tant de choses à voir! Mais régulièrement, une bouffée chaude de fauve nous rappelle que pas loin - ou il y a peu - un tigre était là. On voit régulièrement ses empreintes, ses traces. Et les cris d'alertes des singes et des chevreuils signalent sa présence toute proche. Il est là, dans le bois. Caché.

On s'installe au bord de la rivière, sur un monticule qui surplombe une grande ouverture sur la rivière. Et on ne bouge plus. la matinée a commencé dans la brume et puis les voiles se sont dissipés. Il fait beau, le ciel et d'un bleu royal. Le soleil brille. Et on assiste à un défilé d'oiseaux, martins pêcheurs, aigles, cigognes noires, ibis, paons... Un crocodile est posé sur le sable et ne bouge pas une oreille (autant qu'il en ait). Des cervidés passent régulièrement. Les singes agitent les arbres. Et une loutre pêche dans un bras de la rivière, non loin.

Les heures passe. J'ai tenté de prendre la loutre en photo mais elle est timide et n'arrête pas de bouger, mauvaises photos. On mange puis on attend encore. Vers 14h00, on guide vient me chercher. La loutre est revenue. Mon guide, impatient, veut ensuite aller voir plus loin, histoire de trouver le tigre (c'est là qu'on trouve un rhino qui nus flanque une frousse bleue). On s'absente 20 minutes. Mais à notre retour, nus découvrons sur les appareils photo de ceux qui sont restés de superbes photos de la tigresse, qui a fait son show 5 minutes - histoire de tranquillement traverser la rivière, en plein soleil, orange sur le fond bleu de la rivière, splendide.

Et voilà comment une loutre peut coûter une tigresse.

 
Bien sûr, je peux en faire la plus grosse frustration de ma vie. Je suis revenue encore deux jours et le temps était froid et brumeux, pas de tigre. Mais je suis contente de l'avoir vue sur les photos des autres - en ce lieu que j'ai regardé pendant des heures. Elle est là. Elle existe. On était tout proche et je l'ai sentie. Et je suis contente de vivre dans un monde où il y a encore des tigres sauvages.

Trésors rapportés:









3 commentaires:

Mbutsetsefly a dit…

Et ustement lorsque j'en parle, de bonnes nouvelles des tigres du Népal:
http://worldwildlife.org/magazine/issues/spring-2014/articles/tigers-on-the-rebound?utm_source=facebook.com&utm_medium=social&utm_campaign=wwf-marketing&utm_content=140211

Mbutsetsefly a dit…

Et parce que les tigres de Sumatra, eux, ont vraiment besoin d'aide:
n'achetez pas d'huile de palme ou de produits avec de l'huile de palme
Infos ici:
http://www.greenpeace.org/international/en/news/Blogs/makingwaves/tiger-friendly-products/blog/48183/?utm_source=twitter&utm_medium=blog&utm_term=021214_0102&utm_campaign=Arctic&txtArea=twitter

Mbutsetsefly a dit…

http://www.greenpeace.org/switzerland/fr/themen/wald/protect-paradise/?domain

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