mercredi 23 décembre 2009

"Vie et passion d'un gastronome chinois" - LU Wenfu


Quarante ans d'histoire depuis la cuisine


Lorsque l’on m’a prêté ce livre, malgré les carottes sur la couverture, je n’étais pas très en appétit. C’est donc parce qu’il fallait que je le rende que je l’ai ouvert, curieuse quand même des petits plats inhabituels que j’allais y découvrir mais curieuse surtout de savoir comment l’auteur allait parvenir à faire une bonne histoire sur un thème comme celui-là. Et j’ai été surprise en bien, comme on dit chez moi (j’adore cette expression) : dés le début, ce petit roman au ton léger et plein d’humour (et ça, c’est un joli tour de force, si l’on tient compte du fait qu’il traite de 40 ans de vie et d’histoire  avant, pendant et après la révolution culturelle) m’a accrochée.

Nous sommes à Suzhou, petite ville réputée pour sa gastronomie. Le jeune Gao Xiaoting observe quotidiennement le rentier épicurien Zhu Ziye mener une vie oisive entre les trois repas raffinés qu’il prend chaque jour. Gao, pauvre, bénéficiant de la « charité » du goinfre, se sent humilié et promet de se venger. C’est ce qu’il fera quelques années plus tard lorsque, jeune communiste idéaliste, il s’attaque à la cuisine de Suzhou, confondant son idéalisme populaire avec sa rancune. Mais l’adversité lui réserve bien des surprises, et son extrémisme est bien gentil comparé à celui de certains opportunistes révolutionnaires : ainsi se trouvera-t-il tour à tour patron d’un restaurant de luxe,  debout aux côtés de son « adversaire », avec une pancarte « agent du capitalisme » autour du cou ou encore s'alliera-t-il à son "ennemi" pour quelques traffic... de choux. Surtout, sa vie restera toujours liée à celle de Zhu, avec lequel il va partager plus qu’il n’aurait jamais cru et surtout voulu. Jusqu’à devoir mettre un peu d’eau dans son alcool de riz.

Ce petit roman est écrit à la première personne, du point de vue de Gao dont les déboires font beaucoup sourire. Il faut dire ici que ce n’est pas l’un ou l’autre personnage qui gagne le duel, mais la gastronomie chinoise, qui a la vie dure, très dure. Et on s’en réjouit ! Dans un pays où, pour saluer, on dit : « Bonjour ! As-tu mangé ? »

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