... pour comprendre
Petite rando dans le district de Nansha que j'avais décidé d'explorer en long et en large. Visite très révélatrices des tendances actuelles au niveau du développement urbain d'un côté, et de la nouvelle classe moyenne chinoise - ou plutôt cantonaise.
Mentionné dans les textes de mes élèves qui avaient dû rédiger une lettre donnant des conseils de sites à visiter dans leur région, le parc des Mille tournesols se trouve assez loin du centre du district de Nansha, dans une zone mi-campagne, mi-chantiers que Canton est en train de grignoter - comme je l'ai déjà mentionné ici. On traverse donc des villages, passe plusieurs canaux avant d'arriver au fameux parc qui doit forcément être bien vu le prix du billet d'entrée: 150 yuans! De quoi faire reculer pas mal de monde, surtout une fois que l'on sait ce que l'on obtient pour un prix pareil : du fake du fake et du fake - assaisonné de kitsch. Pour le coup, autant se dire que pour ce prix-là on a tout de même droit à une belle étude sociologique - ce genre de parc est en effet typique en Chine et donne au moins l'opportunité de vraiment se sentir "ailleurs" - même si ce n'est pas l'ailleurs que l'on cherchait. En ce qui me concerne, un ailleurs loin de toutes mes valeurs les plus essentielles - mais n'est-ce pas justement pour rencontrer "l'autre" que je suis partie vivre à l'étranger? Qu'il me plaise ou non, cet autre - il est là, loin de ma compréhension et je ne peux qu'observer (bien que je trouve très difficile de ne pas juger). Je me rends bien compte que je me sens plus d'affinités avec un paysan travaillant tranquillement son champ qu'avec cette faune urbaine insouciante à la recherche de distractions. Des goûts et des couleurs - du rêve en toc - mais à quoi donc rêve-t-on au fait?
Au contes de fées, de toute évidence. Version occidentale, car il existe aussi des fées chinoises mais, si on en trouve beaucoup dans les dessins animés - elles n'apparaissent pas dans des parcs d'attraction. On y rêve d'un monde à la Walt Disney - Mickey Mouse reste une star pour toujours et côtoie Kitty - mais aussi de la vieille Europe romantique: faux moulins hollandais, fausses arches italiennes... devant lesquels les gens viennent se photographier - pas juste les touristes - le parc est fait pour attirer les jeunes couples qui veulent de belles photos de mariage exotiques - et romantiques. Or le romantisme - c'est exotique - c'est l'Europe. L'Amérique comme modèle de réussite, l'Europe pour rêver et flâner.
Mais le parc est aussi et surtout, un parc de fleurs - en Chine, les gens adorent photographier les fleurs, l'un des rares points communs que je partage - mais il semble que l'on apprécie plus la nature domptée par l'homme, modifiée, réarrangée et maîtrisée, que la nature sauvage - d'où les montagnes couvertes d'escaliers et de routes et ponctuées de fausses pierres - hauts-parleurs diffusant de la douce musique (le plus souvent, il arrive d'y entendre des airs d'opéra - il faut aimer - ou le prendre comme une curiosité). La nature sauvage est-elle donc perçue comme une force négative? C'est bien possible dans un pays qui est très souvent soumis aux caprices de la nature - sécheresses, inondations, tremblements de terre, typhons... D'où ce paradoxe d'adoration de la beauté de la nature - mais enfermée dans un contexte maitrisé, humain - tant pis pour les alentours parfois peu harmonieux.
C'est ainsi que les gens viennent se balader dans une campagne qui n'en est déjà plus une, sur un site entretenu par les ex-paysans du coin - de la fausse campagne - au milieu de la campagne en train de disparaître - plantée devant des gratte-ciels en chantier, nouveau quartier de luxe à naître.
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