S'expatrier. Quiconque d'un peu prévoyant et organisé faisant une recherche sur le sujet trouvera le guide de l'expatrié fournit par l'administration fédérale. On y explique plusieurs questions pratiques relatives à divers sujets comme retirer ses papiers de Suisse, traiter l'AVS, chercher des assurances ou revenir en Suisse.
Il y a des pièges, et je suis tombée dedans. Après avoir bien arrêté l'assurance maladie qui ne pouvait pas me suivre en Chine et l'AVS à laquelle mon employeur n'allait pas participé depuis là-bas, retiré mes papiers du contrôle des habitants pour les déposer plus tard à l'ambassade, je n'ai pas forcément cherché à savoir comment continuer à cotiser pour l'AVS sans être en Suisse. Le fait est qu'à l'époque je ne devais gagner que RMB 3500.- par mois, ce qui équivaut aujourd'hui à CHF500.-. C'est le salaire normal pour commencer à enseigner dans les universités chinoises. Il y a de meilleures propositions, j'allais en bénéficier plus tard. Autant le dire, avec ce salaire je voyais mal comment j'allais pouvoir cotiser pour quoi que ce soit. Même si sur place, tout est pris en charge par l'employeur, des assurances aux impôts en passant par le logement qui est offert. Je ne pensais pas non plus rester aussi longtemps en Chine. Pour moi, mon aventure chinoise était temporaire.
Oui... mais. Que j'apprécie ou non de vivre dans des mégapoles hyper-polluées, c'est là qu'il y a du travail et les offres intéressantes en Europe ne se bousculent pas au portillon. Là-dessus il faut concéder que les étudiants chinois sont un public agréable. Et j'aime vivre à l'étranger... juste parce que c'est l'étranger, c'est ailleurs quoi. C'est ce que j'ai toujours voulu faire. Difficile à expliquer. Le temporaire s'étire donc en permanent, le salaire s'améliore et je commence, dès la 2ème année, à songer à me préoccuper de ce qui adviendra de ma retraite lorsque je reviendrai en Suisse, n'ayant pas forcément l'intention de passer mon vieil âge... ou même le restant de ma vie professionnelle en Chine. Il existe la possibilité de cotiser volontairement à l'AVS. Mais, premier piège, il faut s'inscrire dès la première année d'expatriation ou on y a plus droit. La raison de cette mesure? Aucune idée. Mais cette possibilité fragile m'ayant claqué au nez, il me fallait me tourner vers les assurances privées.
Il suffit alors de faire une, deux, une dizaine si on veut, de recherches sur Internet pour réaliser que la Suisse n'offre absolument rien à ses expatriés. Elle qui célébrait la cinquième Suisse lors des festivités du 1er août l'année dernière, se préoccupe surtout de voir ces fameux suisses de l'étranger venir profiter d'offres touristiques soit disant intéressantes, qui ne concernent en fait que ceux qui ont la bonne idée d'avoir fait fortune à l'étranger. Il faut en effet être complètement stupide pour aller bosser pour des salaires de misère à l'étranger à un âge plus avancé que celui de la découverte. Bref, pour être prof de FLE.
Mais des offres il y en a. En France, qui a une tradition de l'expatriation plus ancienne... et en Belgique. Reste qu'il est difficile de trouver des offres qui ne concernent pas cette tranche d'expatriés bénis des Dieux de l'économie, qui ont été généralement envoyés par une entreprise et qui bénéficient d'un confortable salaire européen. Là encore, l'expat indépendant travaillant sur contrat local fait figure de crétin fini: l'expat doit être riche ou ne pas être. Les offres tournent donc facilement autour des 250-300 euros par mois pour l’hospitalisation et les soins ambulatoires. Et là on parle d'assurances santé, pas de prévoyance.
Pour la prévoyance, la meilleure solution proposée a été l'assurance vie, qui permet de compléter son assurance vieillesse. Informations prises, la Suisse fournissait autrefois un tel service aux expats, mais ce n'est plus le cas. Là encore, il faut se tourner vers l'étranger: la France, la Belgique ou le Luxembourg. Ajoutons cette cotisation à une assurance maladie, et l'on voit son porte-feuille devenir anorexique. L'idée ici est de se priver de tout pour ne pas être clochard plus tard.
On peut alors se demander comment il se fait que les filières de Master FLE s'emplissent ainsi, lorsque l'on sait que, si le métier permet de découvrir le monde et de nouvelles cultures, d'enrichir son expérience et ses connaissances, le prof de FLE tient plus du missionnaire que de l'ambassadeur de la langue et culture française (francophone pour la pluralité), le premier étant nettement plus humble que le second: on prise facilement son choix généreux de répandre dans le monde la culture française tout en faisant voeux de pauvreté. Il suffit de faire une petite enquête sur le prix des formations et ensuite sur les salaires pour les postes offerts pour comprendre que prof de FLE, c'est tout d'abord une vocation. Pas étonnant que la plupart des postulants soient des jeunes peu difficiles, à la recherche de stages ou d'une première expérience professionnelle. A quand une vraie considération et des vrais droits pour les enseignants de FLE? A quand un vrai soutien? Enseigner le FLE à l'étranger n'est pas juste un poste pour routards en mal de petites économies, c'est un vrai métier avec de vrais professionnels.
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