vendredi 5 août 2011

Hohhot - Mongolie Intérieure


Vingt-quatre heures entre ciel et prairie

- Comment ça s'appelle déjà là où on va?
- Huhehaote.
- Huhe...?
- ... haote. Hushi si tu veux... ou Hohhot. Un peu ce que dirait un bègue anglo-saxon qui se brûle les doigts...

Le LP n'est pas très emballant au sujet de la Mongolie intérieure. Le message est clair, si vous voulez vivre la Mongolie, allez en Mongolie. Et de tous les lieux en Mongolie intérieure, Hohhot n'est pas le meilleur choix. On ne s'attend donc pas à grand chose, en dehors de l'habituel cirque touristique pour touristes chinois. Il faut dire que cela ne fait pas longtemps que les chinois, du moins ceux qui en ont les moyens, découvrent le sens du mot loisir... et le tourisme. Les deux sont naturellement associés. Il y a de plus en plus de jeunes chinois backpackers aussi, mais ils restent une minorité. Si une de mes élève m'a annoncé partir faire le Tibet et le Népal en autostop avec une amie, elle fait exception. Beaucoup de chinois, rencontrés sur ma route ou parmi mes élèves, me trouvent "courageuse" de voyager seule, et ne comprennent pas.

Voyageant avec la toute dernière version du LP, nous choisissons l'Anda guesthouse à Hohhot, nouveau venu de choix dans les pages du LP. Au grand bonheur du propriétaire qui voit la nouvelle édition avec son auberge inscrite pour la première fois et offre la tournée générale de bière pour toute la soirée pour célébrer la chose. Pas de démarcheurs pour nous proposer des tours, quelques tours sont proposés par l'auberge elle-même, affichés au mur. On a le choix entre le désert et les prairies, entre le tourisme de masse et une nuit dans une yourte avec une famille. On choisit la famille.

Nous serons dix à faire ce choix. Un peu trop à mon goût, mais bon, finalement, l'équipe est sympa. Il y a deux yourtes que l'on se partage, la famille vit dans une maison en dure. On sera assez peu en contact avec elle, la vie de la ferme continue à son rythme sans faire attention à nous. Dans la yourte, ainsi que la cuisine, un portrait de Gengis Khan en brûlis sur peau de mouton.

Devant nous, une plaque de sel, reste d'un petit lac saumâtre asséché et des kilomètres de steppe se déroulent sous un ciel infini, d'un bleu profond sur lequel les nuages semblent collés, sans lui appartenir. Ca faisait longtemps, depuis le Kenya en fait, que je n'avais vu un ciel pareil. C'est pour des ciels comme celui-là que l'on vient ici.

Plus loin, un troupeau de chevaux prend le galop, comme soudainement pris de folie. Il traversent l'horizon, reviennent, ruent puis se calment, et se remettent à brouter. Ils seront tout autour des yourtes à l'aube, quand le spectacle le plus extraordinaire de la steppe nous sera offert: le lever de soleil, sous un ciel dramatique d'orage et de pluie, avec un double arc-en-ciel reliant deux points extrêmes de l'horizon.

Malgré les quelques camps touristiques visibles au loin, avec leurs fausses yourtes en béton, et leurs feux d'artifices, ce lieux est paradisiaque et on y resterait volontiers quelques jours de plus... voire toutes les vacances. L'un des plus beau moment de ce voyage. Comme quoi, quand on entend trop de mal d'un lieu, on peut être déçu en bien.

Crédit photo: Nathalie Senn

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