dimanche 23 juin 2013

Enfin je vois une course de bateaux dragons!


Depuis 6 ans que j'avale des congzi...

Duan Wu Jie ( 端午節), double 5, le 5 du 5ème mois selon le calendrier lunaire, se célèbre en allant pique-niquer le long des berges quelques gâteaux de riz glutineux fourrés de viande ou de haricots rouges, graines et tant d'autres choses tout en admirant la course des bateaux dragons.

Pour cela, il faut une rivière. On a plus de chance de les voir dans le sud de la Chine même si, en étant bien informé sur les villages surtout, on peut aussi les observer dans le reste de la Chine.

Cette fête marque le temps qui passe dans le roman de François Cheng, L'éternité ne sera pas de trop.

Le Duan Wu est un jour important pour se protéger des démons. Il y a donc de nombreux rituels ce jour-là. Mais la course des bateaux dragon, inscrite au patrimoine immatériel de l'UNESCO, est plutôt liée à une légende. Le poète et politicien Qu Yuan se serait jeté à l'eau et du riz aurait été jeté dans la rivière, pour que le corps ne soit pas mangé par les poissons. Tandis qu'on le recherchait, sur des bateaux. Mais d'autres légendes sont liées à l'évènement, selon les lieux.

Les courses n'ont pas toujours lieu le jour dit de la fête. A Canton, la course internationale (je n'ai pas beaucoup vu d'international hier mais c'est sous cette dénomination que je l'ai trouvée) avait lieu hier aux portes de l'université Sun Ya Tsen à Canton. Journée à la météo étrange et capricieuse - grand beau, quelques moutons, grisaille épouvantable et averse, petite bruine, grand beau, grisaille puis grand beau... le temps était indécis mais c'est le soleil qui a accompagné les courses. Ambiance pépère et bonne humeur, la foule mais pas compacte, c'était très agréable de pouvoir enfin observer les bateaux dragons à l’œuvre tout en flânant, parfait pour les photos:

 
 
 
 

 
 
 
 

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Demain c'est Duan Wu (2010)

dimanche 16 juin 2013

Le Guangxi... à la recherche des singes à tête blanche


A mon grand-père, qui nous a quitté en 2008 alors que je parcourais les rizières  de Yangshuo à vélo et pour qui j'ai déposé un nénuphar de papier dans le ruisseau de Lijiang. Depuis, chaque fois que je vadrouille, je sens que c'est son sang qui m'emmène sur les routes.

Comme mentionné dans le billet précédent, une semaine de vacances providentiellement hors congés nationaux m'a permis de prendre reprendre la route... et de redécouvrir la première région de Chine dans laquelle j'avais fait du tourisme.

 C'était en 2008, pour la fête du printemps. J'avais découvert avec bonheur que l'on avait 5 semaines de vacances! Et toute la Chine a explorer... Comme beaucoup de voyageurs qui viennent en Chine pour la première fois, je voulais voir les monts karstiques embrumés du billet de 20 yuans. Je me souviens encore que la solitaire que je suis avait été un peu offusquée de la question de ma collègue: "alors pour les vacances, on va où?" Comment ça "on"? J'ai répondu "Moi (avec un petit appui sur le "moi" je vais à Yangshuo." Je venais de nommer le lieu qu'elle voulait absolument voir... j'allais devoir apprendre à voyager en compagnie.

Au final, j'ai des merveilleux souvenirs de ce voyage qui nous a emmené à travers le Guangxi (bateau, vélo dans les rizières!) puis le Yunnan (Dali et tous ses français, Lijiang!) pour revenir ensuite sur le Sichuan: 28 heures de bus dans des cols de montagne enneigé, moi malade, ma collègue pas trop en forme (appréhensive) et le bus qui se ramasse la montagne à mi-voyage, en pleine nuit dans la montagne, la gigantesque fenêtre arrière qui explose.

Cette fois, je prends le train pour Nanning: direction, le sud. Je veux voir les "white headed leaf monkeys" (je vous laisse traduire en français, moi je n'arrive pas à trouver de mot pour leaf monkey. Au mieux, singe arboricole à tête blanche?) à Congzuo et Ningming. Congzuo d'abord.

Le trajet entre Nanning (ville peu touristique mais très sympa... mon chauffeur de taxi est tout content de me la présenter entre la gare ferroviaire et la gare routière) et Congzuo est très beau. Le bus traverse une campagne étrange. Le terrain est plat, et en même temps recouvert de monts détachés, comme si on les avait semés dans la campagne rase. A Congzuo, ville habitée par les Zhuangs, on ne voit pas beaucoup d'étrangers et je deviens le centre de l'attention, surtout des adolescents (des jeunes filles derrières moi piquent un fou rire et se penchent pour mieux me voir alors que j'attends au feu. Quand je me retourne, elles gloussent et se cachent le visage dans les mains... Ca faisait longtemps...)

L'information de fermeture du parc
Congzuo est très bien située pour faire ds virée dans le magnifique paysage qui l'entoure (elle-même est une petite ville plus intéressante pour son atmosphère que pour son charme physique). Je négocie avec un taxi pour rejoindre le centre écologique où l'on peut observer les singes... 30 minutes de taxi, dans un paysage splendide, heureusement. Car la déception est au bout: le centre est fermé pour travaux et les gardiens n'ont aucune idée de quand il rouvrira. Mieux vaut donc téléphoner pour se renseigner avant d'y aller.

Le lendemain, départ pour NingMing à 1h30 de bus de Congzuo. NingMing est un peu plus grande et fort sympathique avec ses façades colorées avec bas-reliefs de plâtres allant du motif floral à l'aigle américain... Je loue un tape-cul pour faire les 40 km de route de terre poussiéreuse qui me séparent de Panlong, un village dans les montagnes depuis où on peut embarquer sur de vieux bateaux touristiques pour aller voir les HuaShan, montagnes peintes, sur lesquelles courent des personnages vieux de 2'000 ans peints par les ancêtres des Zhuang. L'occasion aussi d'explorer la forêt, à la recherche des singes. Pas de sentiers pédestres, et les villageois trouvent trop
Les façades colorées de NingMing, prises avec un iPod
depuis le tuk-tuk tape-cul
dangereux mon projet d'aller m'aventurer dans la forêt. Je loue finalement les services du garde forestier qui m'emmène sur les sentiers de sa montagne, 4 heure de randonnée ardue (il fait très chaud, ça grimpe et les insectes... apparemment pas seulement des moustiques, sont agressifs) mais splendide dans une forêt présentée avec amour par mon guide. Il adore son métier, me fait goûter des baies, des tiges rafraîchissantes, me présente son arbre préféré... Je ne comprends pas les noms des végétaux - l'arbre par exemple dont j'adorerais connaître le nom - ou les quelques animaux dont il me parle. Mais la balade m'enchante vraiment et je rapporte quelques beaux clichés, dont cet arbre splendide. Pourtant, la photo ne peux pas rapporter l'émerveillement de voir des nuées de papillons s'envoler à notre passage, une variété incroyable de superbes lépidoptères trop agités pour la photo, le chant obsédant et métallique des cigales, les cris d'oiseaux inconnus.

Pas de singes donc. Ce qui me donne une raison pour revenir.

Les flèches indiquent des peintures (cliquer pour agrandir)

Détail

La paroi principale



Le site est aussi magnifique que Yangshuo,
les touristes en moins

Toujours de superbes créatures à découvrir

Les papillons pullulent

Majestueux


samedi 15 juin 2013

Récolte des litchis dans la campagne de Maoming


Vivre la campagne chinoise plutôt que juste la traverser

La semaine dernière, vacances. Mes élèves passent la Gaokao, le bac chinois et le lycée est fermé puis on enchaîne avec Duanwu, la fête des bateaux dragons.

J'en profite donc pour partir en vadrouille. Je suis aussi invitée par une amie dans la ville de sa belle famille, Maoming, un petit coin de Guangdong inconnu des touristes, qui pourtant a une très belle plage et surtout, est entouré de montagnes recouvertes d'arbres à litchis, les Litchi chinensis. Et oui, la Chine est le pays du litchi!

Après avoir quitté la ville on traverse des villages, sans transition, peu sûre d'être encore à Maoming ou dans un village. C'est jour de marché et la rue est très animée. Cela faisait longtemps que je n'avait pas voyagé en Chine les yeux grands ouverts, à m'étonner sans arrêt (après 6 ans je suis quand même un peu blasée, mais je n'étais, bizarrement jamais allée dans un village un jour de marché. Des vendeurs de paniers pour transporter les animaux, cochonnets et volailles, de chapeaux tressés ronds comme ceux des hakkas, des femmes portant leur bébé sur le dos dans une tissu bariolé brodés de symboles de bonheur, du bruit, des odeurs, des regards aussi curieux de nous que nous sommes curieux du spectacle que l'on traverse au pas, coincés derrière des tracteurs qui ont l'air d'avoir été fabriqués par un bricoleur fou, de voitures de luxes, de volailles, chiens et passants.

Déjà la route est bordée de litchis... nos premiers Litchi chinensis!

Et puis on quitte le village et les plantations de litchis se succèdent. On se demande un peu pourquoi on ne s'arrête pas pour les cueillir, il y en a plein! Bien assez pour se régaler! Et on est très pressé de goûter.
Mais on continue vers les montagnes. On arrive dans une réserve agricole. C'est plus touristique. Les villages, plutôt des hameaux, se succèdent le long de la route. Animaux en liberté, et familles entières en train de trier les litchis, des les empaqueter dans des sacs plein de glace, produite sur place avant de charger les cargaisons sur d'énormes camions. Le long de la route, manguiers, litchis, jaquiers... à la découverte des fruits du sud de la Chine. Le seul que j'éviterai personnellement, c'est le durian (je trouve qu'il a une odeur de fond de poubelle... et mes papilles gustatives - parce que j'ai goûté malgré tout - partagent mes préjugés envers cet énorme fruit qui ressemble au jaquier.... Du coup, je n'avait pas goûté le jaquier, ananas de miel en chinois, qui est très bon mais aussi, très allergène pour les personnes sensibles. Il y a des fruits comme ça, au premier contact on sent les aphtes pousser. A déguster donc avec modération.

Mais revenons aux litchis. On est enfin arrivé. Au milieu de nul part, on s'arrête le long de la route, aborde des paysans et négocient pour un carton de 5 kg chacun, à récolter sur l'arbre (nous ne sommes pas là par hasard, mes amis avaient une adresse et un bon GPS). En attendant la fin des négociations, on picore les litchis de l'arbre sous lequel on se tient. Délicieux!

On est d'accord sur le prix, 110 yuans pour 5 kg, pour des litchis d'une qualité supérieure à ceux que l'on vient de goûter... Ah bon? Mais il sont super bons ceux qu'on vient de manger! Au premier abord, pas de différence mais en mettant les litchis côte à côté, la peau est plus granuleuse (genre peau de dragon) et la couleur plus rouge. Le fruit est plus petit mais a plus de chaire car le noyau à l'intérieur est très petit, et parfois divisé. Un régal, mais j'admets ne pas avoir la subtilité de voir la différence de goût avec le premier litchi. Il y a en ce qui me concerne, plus de chaire, mais ils sont tous incroyablement sucrés et délicieux. Rien à voir avec les litchis qui vous déssèchent la bouche que j'ai mangé en Europe.

Mes amis - et mes collègues plus tard quand je partage ma récolte avec eux - eh, 5kg de litchi à moi toute seule à avaler en 3 jours... c'est un peu rude quand même - me disent de ne pas trop en manger (oui, mais... on vient de négocier 5 kg par personne et ça ne se conserve pas bien...) car c'est un fruit de feu. Ah bon? Pourtant, il donne l'impression de rafraîchir. Mais je comprends qu'il dessèche aussi, c'est vrai.

On grimpe sur l'arbre avec une échelle de bambou (tandis que le paysan est au sommet de l'arbre en 2 temps 3 mouvements sans échelle... s'accroche aux branches pour ne pas tomber, réalise que les litchis sont trop loin sur la branche... redescend et laisse faire les paysans. Ce qui nous laisse tout le temps pour nous gaver de litchis... et jouer les paparazzis aux mains collantes.

Photos:
Litchi chinensis
Tout le monde n'a pas besoin d'échelle...
... surtout lorsque qu'il suffit de lever la main
pour cueillir les fruits
On va faire comme si...
Nous récoltons la variété de gauche, peau de serpent
plutôt que dragon, rouge plus foncé, fruit plus petit
avec plus de chaire
Les litchis sont empaquetés avec branches et feuilles pour
une meilleure conservation
La glace est produite dans une usine à proximité
Les litchis sont emballés avec de la glace...
... avant d'être entreposés dans des caisses de polystyrène
puis dans des camions revêtus de paille pour garder la fraîcheur.
Toute l'activité ici tourne autour du litchi
Les paysans produisent leur propre tabac, qu'ils fument
dans des pipes à eau généralement en bambou
Des kumquats
Jaquier ou ananas de miel

Un papayer en fleurs et en fruits
Repas dans un petit restaurant du village - oh mon Dieu
le goût authentique des produits du terroir!

dimanche 2 juin 2013

Visite d'une ferme bio à Canton...


... des jardins engloutis par la ville et de l'eau sale

Cela faisait un petit moment que je voulais visiter une ferme bio en Chine et c'est pour cette raison que je me suis réjouie de voir un meetup organisé ce samedi pour en visiter une près de chez moi. J'avais pas mal de questions en tête.

La personne qui avait organisé le meetup avait trouvé les informations sur Internet mais admettait ne pas avoir trouvé beaucoup d'information. Au final, juste un nom: "jardin de fruits et légumes", et, je suppose, une mention que la production était bio

Je ne m'attendais pas aux vertes prairies du Sichuan ni aux valons de l'Anhui, pas même à de la campagne en fait. J'ai déjà traversé la région pour me rendre à Hong Kong et bien que l'on voie beaucoup d'élevages de canards, de campagne, point. Toute la région est industrialisée. Je m'attendais, néanmoins, à voir une ferme.

Je pense à une erreur, une information erronée sur Internet ou un marchand malhonnête, tout simplement. Dans tous les cas, une fois le lieu trouvé... il manquait la ferme, les fruits et les légumes. Le terrain, ressemblait à un reste de jardins familiaux, des parcelles qui disparaîtront bientôt comme le quartier qui l'entoure, sous les gratte-ciels champignons, les condominium de luxe, les jardins artificiels purement décoratifs.

Ainsi va la Chine. Et l'on comprend mieux pourquoi elle cherche tant à acquérir des terres arables en Afrique... les siennes disparaissant sous les ville-pieuvres... et les sources d'eau étant toutes polluées au dernier degré. Tel ce ruisseau d'où les potagers survivants tirent leur eau.


La balade a donc mené au triste mais habituel constat que le développement et la croissance en Chine ont un arrière goût de suicide.

Restés sur notre faim, nous nous sommes ensuite laissés embarqué vers un marché de fleurs - idée de l'organisatrice qui avait envie de sauver la journée. L'occasion pour moi d'acquérir des graines de menthe et des graines de basilic européen... dans des canettes. Je n'ai pas tout compris des illustrations du mode d'emploi... on verra ce que ça donnera.

Photos:
Des enfants cueillent des fruits
Un raz-de-marée urbain...
 

Jamalac (lianwu en chinois)
Marchande de fleurs préparant des œillets
Il fait très chaud...une sieste s'impose
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