Vivre la campagne chinoise plutôt que juste la traverser
La semaine dernière, vacances. Mes élèves passent la Gaokao, le bac chinois et le lycée est fermé puis on enchaîne avec Duanwu, la fête des bateaux dragons.
J'en profite donc pour partir en vadrouille. Je suis aussi invitée par une amie dans la ville de sa belle famille, Maoming, un petit coin de Guangdong inconnu des touristes, qui pourtant a une très belle plage et surtout, est entouré de montagnes recouvertes d'arbres à litchis, les Litchi chinensis. Et oui, la Chine est le pays du litchi!
Après avoir quitté la ville on traverse des villages, sans transition, peu sûre d'être encore à Maoming ou dans un village. C'est jour de marché et la rue est très animée. Cela faisait longtemps que je n'avait pas voyagé en Chine les yeux grands ouverts, à m'étonner sans arrêt (après 6 ans je suis quand même un peu blasée, mais je n'étais, bizarrement jamais allée dans un village un jour de marché. Des vendeurs de paniers pour transporter les animaux, cochonnets et volailles, de chapeaux tressés ronds comme ceux des hakkas, des femmes portant leur bébé sur le dos dans une tissu bariolé brodés de symboles de bonheur, du bruit, des odeurs, des regards aussi curieux de nous que nous sommes curieux du spectacle que l'on traverse au pas, coincés derrière des tracteurs qui ont l'air d'avoir été fabriqués par un bricoleur fou, de voitures de luxes, de volailles, chiens et passants.
Déjà la route est bordée de litchis... nos premiers Litchi chinensis!
Et puis on quitte le village et les plantations de litchis se succèdent. On se demande un peu pourquoi on ne s'arrête pas pour les cueillir, il y en a plein! Bien assez pour se régaler! Et on est très pressé de goûter.
Mais on continue vers les montagnes. On arrive dans une réserve agricole. C'est plus touristique. Les villages, plutôt des hameaux, se succèdent le long de la route. Animaux en liberté, et familles entières en train de trier les litchis, des les empaqueter dans des sacs plein de glace, produite sur place avant de charger les cargaisons sur d'énormes camions. Le long de la route, manguiers, litchis, jaquiers... à la découverte des fruits du sud de la Chine. Le seul que j'éviterai personnellement, c'est le durian (je trouve qu'il a une odeur de fond de poubelle... et mes papilles gustatives - parce que j'ai goûté malgré tout - partagent mes préjugés envers cet énorme fruit qui ressemble au jaquier.... Du coup, je n'avait pas goûté le jaquier, ananas de miel en chinois, qui est très bon mais aussi, très allergène pour les personnes sensibles. Il y a des fruits comme ça, au premier contact on sent les aphtes pousser. A déguster donc avec modération.
Mais revenons aux litchis. On est enfin arrivé. Au milieu de nul part, on s'arrête le long de la route, aborde des paysans et négocient pour un carton de 5 kg chacun, à récolter sur l'arbre (nous ne sommes pas là par hasard, mes amis avaient une adresse et un bon GPS). En attendant la fin des négociations, on picore les litchis de l'arbre sous lequel on se tient. Délicieux!
On est d'accord sur le prix, 110 yuans pour 5 kg, pour des litchis d'une qualité supérieure à ceux que l'on vient de goûter... Ah bon? Mais il sont super bons ceux qu'on vient de manger! Au premier abord, pas de différence mais en mettant les litchis côte à côté, la peau est plus granuleuse (genre peau de dragon) et la couleur plus rouge. Le fruit est plus petit mais a plus de chaire car le noyau à l'intérieur est très petit, et parfois divisé. Un régal, mais j'admets ne pas avoir la subtilité de voir la différence de goût avec le premier litchi. Il y a en ce qui me concerne, plus de chaire, mais ils sont tous incroyablement sucrés et délicieux. Rien à voir avec les litchis qui vous déssèchent la bouche que j'ai mangé en Europe.
Mes amis - et mes collègues plus tard quand je partage ma récolte avec eux - eh, 5kg de litchi à moi toute seule à avaler en 3 jours... c'est un peu rude quand même - me disent de ne pas trop en manger (oui, mais... on vient de négocier 5 kg par personne et ça ne se conserve pas bien...) car c'est un fruit de feu. Ah bon? Pourtant, il donne l'impression de rafraîchir. Mais je comprends qu'il dessèche aussi, c'est vrai.
On grimpe sur l'arbre avec une échelle de bambou (tandis que le paysan est au sommet de l'arbre en 2 temps 3 mouvements sans échelle... s'accroche aux branches pour ne pas tomber, réalise que les litchis sont trop loin sur la branche... redescend et laisse faire les paysans. Ce qui nous laisse tout le temps pour nous gaver de litchis... et jouer les paparazzis aux mains collantes.
Photos:
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Litchi chinensis |
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Tout le monde n'a pas besoin d'échelle... |
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... surtout lorsque qu'il suffit de lever la main pour cueillir les fruits |
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On va faire comme si... |
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Nous récoltons la variété de gauche, peau de serpent plutôt que dragon, rouge plus foncé, fruit plus petit avec plus de chaire |
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Les litchis sont empaquetés avec branches et feuilles pour une meilleure conservation |
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La glace est produite dans une usine à proximité |
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Les litchis sont emballés avec de la glace... |
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... avant d'être entreposés dans des caisses de polystyrène puis dans des camions revêtus de paille pour garder la fraîcheur. |
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Toute l'activité ici tourne autour du litchi |
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Les paysans produisent leur propre tabac, qu'ils fument dans des pipes à eau généralement en bambou |
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Des kumquats |
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Jaquier ou ananas de miel |
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Un papayer en fleurs et en fruits |
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Repas dans un petit restaurant du village - oh mon Dieu le goût authentique des produits du terroir! |