Difficile d'y échapper en Chine, cela fait un peu partie de l'obligation sociale si l'on ne veut pas passer pour un parfait éteignoir! Et se montrer bon "panyou". Les chinois adorent KTV au point que ceux-ci pullulent, de l'homme ambulant avec tout le matériel disponible pour pousser la chansonnette dans la rue ou sur la terrasse d'une maison de thé, entre deux pipas et une tasse de thé, au super KTV de luxe rutilant de lustres, de tapis et de néons, en passant par la cellule pourrie dans une bâtisse croulante et le KTV flottant sur les rives du Yangtse. Une soirée KTV fait en revanche rarement partie du programme d'une bonne sortie entre amis en Europe. Parce que chanter devant ses potes avec un taux peu élevé d'alcool dans les veines, ça ne se fait pas. C'est, comme qui dirait, la honte. Une honte que les chinois ne comprennent pas, eux qui dansent dans les rues et chantent à plein poumons sans aucune inhibition. Du coup, les premières fois, afin de bien faire comprendre ce que l'on ressentait à nos élèves fous de chansonnette, il a fallut que mes collègues profs et moi utilisions le vocable le plus explicite: "on aime pas chanter parce que ça nous fait perdre la face!"
"Ben pourquoi?" fut la seule réponse étonnée et on s'est retrouvé sur les planches, à chanter devant les foules enthousiastes. C'est connu, si on veut un bon fan club, il faut venir en Asie!
Une fois l'épreuve passée, hop, sortie au KTV avec des amis. C'est ce qu'il y a de plus banal comme sortie ici. En une année, on se retrouve finalement à jouer souvent des cordes vocales et il faut finalement se faire une raison: si on veut vivre en Chine, on doit chanter. Bon. Une fois la chose acceptée, autant en titrer le maximum de plaisir, car c'est finalement très amusant. Même délirant. Les KTV proposent un grand choix de chansons chinoises, bien sûr, mais il faut lire le chinois. Ils proposent aussi des chansons en anglais, pas des plus récentes, dans lesquelles figurent bien sûr immanquablement les Beatles (pas une soirée KTV n'a passé sans que l'on aie chanté au moins une fois Hey Jude) et, au miracle, quelques chansons françaises! Et là, catastrophe! On se retrouve à chanter pendant de très très longues minutes: alouette! Oh humiliation! Le plus drôle, c'est que la télévision propose, pour illustrer les chansons, des diaporamas fort incongrus. Ainsi, nous nous sommes retrouvés à chanter "this is my way" sur des photos de matériel militaire lourd! Et "Let it be" sur des paysages très british, églises, prairies avec haies, Londres...
Mais bon. Ça, c'est pour les débuts. Sachant que les chinois adorent quand les étrangers chantent en chinois, et que c'est agréable d'avoir un public enthousiaste, autant faire un petit effort et se mettre à la chanson chinoise. Pour cela, il y a ce splendide site malheureusement lisible seulement avec un proxy depuis la Chine, mais qui aidera ceux qui veulent se préparer, avant de venir affronter l'enthousiasme des chinois en les épatant avec le tube du moment! En attendant, je m'exerce de mon côté sur you are a song in my heart de Wang Lee Hom qui est ce que j'ai trouvé de plus facile à chanter avec un élève, pour la fête de noël. Et oui, chaque année qui passe, est marquée de ce petit rituel fort apprécié des étudiants: le prof sort de sa peau de prof, l'étudiant s'éclate et déploie ses talents, on se voit sous un autre jour avant de reprendre, l'air de rien, le cour normal des classes avec toutefois cette sensation de se connaître un petit peu mieux. J'ai arrêter de dire "non, non, non". Après tout... c'est tellement plus sympa! Bon, je retourne m'entraîner...
Filmé brièvement par un collègue. Le son est mauvais
et je suis paralysée par le trac, je me plante aussi
mais... c'est en CHINOIS!!!
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