S'il
y a une chose qui frappe en Chine, ce sont les jeux d'esthétique, dans
les parcs et les lieux publics, et la fascination que ceux-ci
engendrent. En effet, la ville peut être étouffante, les immeubles
peuvent être vieux, vétustes et le confort intérieur parfois minimal (je
n'ai vu de vraie décoration intérieure que chez les gens aisés. Ceux
qui survivent plutôt qu'ils ne vivent se contentent souvent d'un petit
autel à une divinité et de quelques photos ou posters. Tel était
l'appartement dans lequel nous allions acheter nos dvd en secret.)
Je reviens
donc aux lieux publics. Première chose: on y diffuse de la musique. A
l'heure de la pause sur le campus, à toute heure à Shapingba où l'on
baigne le soir dans la musique traditionnelle chinoise, lorsque
spontanément, les gens se réunissent pour danser sur les places.
Viennent
ensuite les espaces verts. En Chine, on trouve assez souvent une petite
pièce d'eau, fontaine où étang (j'habite à côté d'un petit lac, père de
nombreux moustiques, mais dans lequel coasse crapauds et grenouilles au
milieu des nénufars). Généralement, on y trouve des poissons rouges, ou ides.
Jusqu'ici, rien d'étonnant. Et pourtant, il n'est pas rare, ici, de voir
les gens s'arrêter près des étangs pour observer, nourrir et
photographier les poissons. Poissons rouges qui ont d'ailleurs
l'habitude d'être ainsi traités et se comportent facilement comme nos
moineaux: non, ils ne piaillent pas, mais on les voit s'amasser les uns
sur les autres, sortir de l'eau la bouche ouverte, grouiller et il n'y a
que la voix qui leur manque, qu'ils compensent largement avec leurs
nageoires en battant l'eau. Un spectacle en soi. Esthétique toujours -
mais cela horrifiera les amis des animaux - il est possible et tout à
fait normal d'offrir des fleurs dans un vase transparent dans lequel
nagent les poissons. C'est en fait des plus raffinés.
Mais on ne nourrit pas les poissons rouges juste pour le plaisir d'être sympa avec eux, il y a là aussi un jeux d'esthétique: il faut tenter de faire faire aux poissons, des figures harmonieuses. Les attirer ici, puis là, pour les faire tourner, faire une spirale, un beau mouvement de boucle. Cela peut se faire aussi avec mes poissons sur le blog, ils suivent la souris et, si on concentre la nourriture au milieu d'un lotus, on peut leur faire faire un petit soleil, têtes à l'intérieur et queues dehors! Essayez, entraînez-vous et ensuite, venir le faire avec de vrais poissons!
On
remarquera ensuite que les poissons rouges sont très présents dans la
peinture chinoise, tout comme la libellule, les oiseaux, les grillons,
les montagnes et les nuages (les dites montagnes sont d'ailleurs souvent représentées par des rochers dans les
fontaines), quant aux oiseaux et aux grillons, on trouve les premiers
dans de belles cages que les propriétaires baladent volontiers, les
suivants étaient également collectionnés dans de petites cages, mais en
trouver aujourd'hui est plus rare, surtout à Chongqing. Dans le nord en revanche, la tradition perdure.
Revenons à nos ides dorées, blanches, noires et rouges...
Il faut d'abord savoir que le poisson rouge est originaire de Chine. Et
il est considéré, depuis l'antiquité, comme une merveille céleste.
C'était le privilège des nobles de le posséder et on ne s'étonne plus,
sachant qu'il est considéré comme un porte-bonheur, de le retrouver un
peu partout, surtout dans les étangs et points d'eau communs, qui en ont
bien besoin. En effet, depuis que je suis ici, je n'ai pas rencontré un
seul point d'eau dont on ne m'ait pas dit qu'il était maudit! Ah!
Fantasque pays! Plein de légendes et de mystères!
Je terminerai
par ce petit jardin de Suzhou qui, dans un coin, cache un petit étang,
un trou d'eau plutôt, coincé dans les rochers. Dans ce trou d'eau nagent
quelques poissons. Bien. Mais, oh génie de l'architecte! Il y a un jeu
de trompe l'oeil! Après tout, les jardins sont des jeux de visions,
extérieur-intérieur, reflet et réalité... La petit muraille qui borde
l'eau, et sa lucarne ouverte sur le ciel, se reflète dans l'eau calme et
les poissons semblent nager sur la roche, le mur et par la fenêtre!
C'est juste... parfait!
Mur et montagne se reflètent dans la marre aux poissons créant l'illusion que les poissons s'échappent par la fenêtre vers le ciel... |
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