Alors que ma mission au Kosovo arrivait à la fin, je cherchais du travail un peu partout et j'avais envoyé une lettre de candidature pour un poste d'enseignement du français à Chongqing. Poste mal payé, mais mieux que rien. Aussitôt oublié. Je ne savais même pas où se trouvait Chongqing.
Et puis Chongqing répond. Ils sont intéressés. Et là, j'ai réalisé, que deux mois plus tard je serai... en Chine! C'était en 2007. Nous sommes en 2013 et j'y suis toujours!
Je n'aime pas les musées. Donc j'en visite peu. Mais il m'arrive de céder non pas tant à la tentation qu'à l'ennui. Pas envie de rester chez moi mais pas envie non plus d'être dehors (il fait trop chaud et puis la ville... bof) et je déteste plus les centre commerciaux que les musées (je ne déteste pas les musées, je m'y emmerde).
J'ai donc fait une petit tour - il faut bien découvrir sa ville - au Mausolée du roi Nanyue, un tombeau découvert par hasard en 1983 lors de travaux pour construire un centre commercial. La visite du site a cela d'intéressant que c'est un petit musée sur un site authentique. On peut visiter les chambres funéraires et découvrir ainsi qu'assez probablement, les femmes du rois étaient exécutées pour l'accompagner dans son voyage funèbre. Rien à faire, j'ai toujours eu de la difficulté à admirer l'humanité, surtout au travers des livres d'histoire. Certains trouvent cela intéressant, moi je trouve ça sordide. C'est donc dégoûtée et peu intéressée par les restes de ce roi qui se prenait pour un ... roi, que j'ai parcouru les salles et suis tombée sur une pièce pleine d'écrans où défilaient des films de reconstitution historique que regardait un groupe de touristes tandis que leur guide bouélait de rapides explications dans son micro. Il y en a qui ont du souffle. Je m'avançai vers une borne numérique et touchait l'écran tactile - le menu, uniquement en chinois, me proposait plusieurs flèches. Je choisis celle du bas à droite. A peine l'ai-je effleurée, que la fenêtre de cloture du programme de windows apparaît, avec sa petite musique relayée sur les hauts-parleurs tandis que tous les écrans de la salle s'éteignaient. Oups.
Il faut être loufoque pour mettre le panneau de contrôle des écrans d'une exposition sur une borne publique marmonai-je en français tout en quittant très discrètement la salle et le musée tandis qu'un groupe de touriste surpris commençait à me remarquer...
... un quotidien cantonais, petit reportage photo.
Depuis que j'habite dans le Guangdong, j'ai vu d'innombrables danses du lion. Parfois dans des sites dédiés, souvent dans la rue, dans mon quartier.
Je reconnais on premier chant du tambour une danse du lion qui commence. Elle signifie parfois un mariage mais la plupart du temps, c'est une nouvelle boutique qui ouvre et qui ne lésine pas sur la dépense pour placer la boutique sous les meilleurs hospices. Or, les boutiques, ici, elles défilent. On les voit ouvrir puis fermer quelques mois plus tard ou alors tenir, ce qui est plus rare. Pour cela, il faut non seulement qu'elles offrent ce que les autres n'offre pas, mais aussi qu'elle trouve sa clientèle. Or, dans mon quartier, la clientèle ce sont les parents d'enfants en bas-âge. Après une brève apparition d'une boutique pour faire nager les bébés, voici qu'a ouvert aujourd'hui une sorte de cabinet médical ludique pour les touts petits. Je dis cabinet médical ludique car je ne sais toujours pas lire or si la devanture est pleine de jouets, les employés sont en blouse blanche et semblent recevoir les parents et discuter. Peut-être un office de conseils ou quelque chose du genre.
Mais là n'est pas l'intérêt de la chose. Car je n'ai pas d'enfants. Non, l'intérêt c'est que pour une fois, tout s'est déroulé au bas de mon immeuble, côté balcon propre (pas celui côté route auquel j'ai renoncé vu la pollution). J'ai donc pu assister à toute la cérémonie depuis le 14ème étage, ce qui est un angle que je n'avis pas encore exploité concernant la dans du lion.
Cela faisait quelques jours déjà que la boutique avait ouvert mais l'enseigne était cachée par un rideau rouge. Il était logique que l'on attende un jour propice et le 1er mai semble être une bonne date. Je ne fus donc pas étonnée d'entendre résonner maladroitement le tambour ce matin. Fleurs devant la boutique, équipe du lion en train de se préparer et les enfants qui s'amusaient avec le tambour et les toison de lion qui reposaient par terre.
De leur côté, l'équipe des danseurs préparent les divers éléments des trois danses: les bancs, le céleri, les cigarettes, les banderolles, les enveloppes rouges et le piquet sur lequel il va falloir monter.
Tout ce matériel concernent surtout les deux dernières danses durant lesquelles les lions vont être attirés par de la nourriture - ici du céleri - qui sera d'abord caché sous une petite pyramide de banc (j'ai filmé la scène) puis au sommet d'un poteau. Avec le célerie, il y a des cadeaux. Les cigarettes et les enveloppes rouges contenant de l'argent d'abord. Il lui faudra aussi, sur le poteau, dérouler deux bannières commémoratives.
On apporte le céleri et la ficelle
Les danseurs attachent des enveloppes rouges aux paquets de cigarettes et
au céleri
On attaache une botte de céler avec des enveloppes rouges au bout
d'un bras mobile fixé au sommet du poteau de fer
On dresse le poteau
Mais avant cela, il faut lancer la cérémonie.
Devant l'échoppe, deux rangées des fleurs gardent l'entrée. A gauche, sur une petite table on dispose les offrandes: fruits, viande (du lard et un poulet) et encens. Quand tout est prêt, les propriétaires, employés (je ne sais pas si c'est une entreprise familiale) et enfants s'aligent avec de petites fusées à confettis. Ca explose, les confettis volent à la grande joie des enfants tandis que les tambours jouent puis on allume l'encens et les lions s'apprichent.
Le propriétaire reçoit un pinceau et on lui tient un plateau d'encre rouge. Il peint un petit poit rouge sur les yeux des lions puis sur son "3ème oeil" argenté, au centre - comme on pourra le voir plus tard sur une photo après la danse, le costume ayant été abandonné dans une bonne position pour le voir.
Ensuite. le propriétaire distribue une enveloppe rouge à chaque lion et les lions exécutent leur première danse, qui est plutôt une danse de salutation et de remerciements. Je l'ai filmée.
Disposition des offrandes
La cérémonie est ouverte!
On allume l'encens tandis que les lions s'approchent
Le propriétaire reçoit un pinceau
et est invité à s'approcher pour peindre un cercle rouge sur les yeux des lions
Il met ensuite des enveloppes rouges dans la gueule des lions
Après la première danse, on installe les bancs pour la seconde danse. Le lion est alors tenté par la nourriture mais hésite devant la difficulté. Il flaire, tourne autour des bancs, tente de se lancer puis renonce et finit par s'y décider. Très expressif, autant dans ses mouvements que dans ses mimiques, il bat des oreilles et cliggne des yeux, se gratte une oreille, frétille de la queue et semble vivant.
Enfin, la troisième danse, que j'ai filmée le lendemain suite à un problème (heureusement le propriétaire s'est offert une seconde tournée, ce qui est rare). A nouveau, le lion hésite, tâte, renifle, recule mais est tenté par la nourriture. Cette fois, il lui faudra aussi dérouler la bannière. Il s'amuse, joue les équilibristes, se repose, cabotine et fait durer l'épreuve avant d'attraper rapidement et aisément la nourriture et les banderoles. Puis il va humblement offrir légumes et petite banderole à la propriétaire.
La cérémonie arrive à sa fin. Les lions visitent le local puis ressortent. On installe alors le ruban rouge, le coupe puis les patrons font tomber la banderole qui cache l'enseigne. C'est fini, les badauds s'éloignent, les curieux entrent, le commerce est ouvert. Restent les fleurs que les gens vont peu à peu emporter. Ce serait dommage de les laisser pourrir.
Le lion se prépare à grimper
Après la danse il visite les locaux. Les enfants le caresse au passage
Fascinante pelure de lion. On peut voir le point rouge peint sur son 3ème oeil.