Alors pour commencer, mes billets viennent avec l'inspiration du moment et ne suivent pas une logique chronologique. Si dans les billets précédents je quittais Shanghai pour Shenzhen et ensuite parlais de mes débuts à Hong Kong, dans celui-ci, je suis toujours à Shanghai.
Shanghai....
Autant le dire, ma première idée de cette ville était une jungle urbaine ultra moderne pour adeptes des jungles urbaines et du shopping de luxe. Donc pas pour moi. D'autant moins que les gens autour de moi, à Chongqing, étaient plutôt critiques envers les habitants de Shanghai: arrogants, froids, antipathiques, imbus d'eux-même: bref, j'en ai entendu tellement de mal que arrivée là-bas, je m'attendais au pire. Et je les ai finalement trouvé, sinon tout à fait normaux (c'est à dire de vrais citadins), assez sympathiques. J'ai même eu droit à une déclaration d'amour dans un parc. Un trentennaire qui s'était assis à côté de moi pour regarder les nénuphares (enfin moi je bouquinais avant son arrivée, mais dans ce pays, on ne peut pas bouquiner tranquille dans un parc public) saisit soudain ma main et me dit: "je t'aime". En chinois, bien sûr. D'ailleurs, autant le dire, le gars était plutôt modéré, il n'a pas utilisé le verbe "ai". C'est comme ça ici, les gens sont (presque) modérés dans l'expression de leurs sentiments les plus spontannés. Je lui ai bien sûr demandé poliment de me rendre ma main...
J'ai eu aussi une expérience étrange: un couple, chinois, m'a demandé son chemin. Je leur ai répondu. Il m'a fallu 5 minutes pour réaliser létrangeté de ce qui venait de se passer...Bernoise un jour, bernoise toujours...
Voilà pour les quelques anecdotes de Shanghai. Mais si j'étais là-bas, c'était pour faire un visa pour l'Inde. J'avais choisi Shanghai plutôt que Beijing (trop loin et pas pendant la période des Jeux!) ou Hong Kong (trop chère) afin de profiter aussi de visiter Suzhou et même Hangzhou durant la semaine qu'allait durer la procédure. Le lundi, je débarque donc au consulat, avec tous les papiers nécessaires, et même plus, pour être sûre. J'avais auparavent essayé de téléphoner pour savoir si c'était bon, si je pouvais faire mon visa là-bas, mais le no. renvoit à un répondeur qui renvoit à un répondeur qui renvoit à un répondeur. Finalement, quand ça sonne enfin, presonne ne répond. Procédure typique des consulats: mettre le plus d'infos inintelligibles sur leur site et balader les appelants pour s'en débarasser.
J'arrive donc au guichet, papiers en main, contente de ne pas avoir trop attendu. On prend mes papier, on regarde mon permis de résidence chinois et on me fait remarquer que je travaille à Chongqing. "Oui, je sais." "Dans ce cas, vous dépendez de l'administration de Beijing. Vous devez aller faire le visa à Beijing. Je suis désolé." Je le regarde, perplexe. "Vous plaisantez?" "Non, désolé." "Si, vous plaisantez! Je sais que vous plaisantez!" ce gars là et moi on a certainement pas le même humour mais il ne peut que plaisanter, c'est sûr. Je lui explique que, au cas où il ne le saurait pas, Beijing est de l'autre côté du pays et que là, on parle de la Chine, un pays pas petit. Que j'ai déjà dû acheter un billet d'avion pour venir faire mon visa à Shanghai parce qu'il n'y a pas possibilité de le faire à Chengdu, et que les avions ne sont pas gratuits, les hôtels non plus, vu qu'il faut rester sur place une semaine. Il est désolé. Moi, j'ai envie de tout casser. D'autant plus qu'il me donne un no. de téléphone pour pouvoir discuter du problème plus haut. Le fameux no. aux répondeurs....
J'appelle Beijing et leur demande si tout cela est vrai. Il me disent oui, mais ils ajoutent que je peux faire le visa à Hong Kong. Après confirmation de Hong Kong (miracle! ils ne répondent pas au téléphone mais il se sont senti obligés de répondre à mon courriel fort pressant, il faut l'avouer), départ pour la péninsule. Ouf. Beijing a été évitée de justesse. Je ne me voyais pas y débarquer à l'heure de l'inflation olympique. Mais cela restera tout de même le visa le plus cher que j'ai jamais obtenu!