samedi 24 juillet 2010

Xi'an 3/4: Printemps ...

 
... des lanternes du Nouvel An au cerisiers du printemps

C'est sur le rempart vers la fin de l'hiver, autour de la fête du printemps que nous emmène cette troisième visite de Xi'an. Pendant un mois, la nuit, le mur s'éclaire des figurines de la fête du printemps, véritable balade enchanté entre la porte du sud (Nan Men) et HePingMen. Des thèmes traditionnels ou actuels sont abordés sur ce parcours qui commence, à Nan Men, par des danses du lion et du tigre, puisque l'on commençait l'année du tigre, des équilibristes et diverses danses et musiques traditionnelles. La foule est au rendez-vous, bien sûr et c'est entouré de cris d'enfants enthousiastes portant des cornes lumineuses que l'on va longer les remparts. Gare au verglas! On le voit mal malgré les illuminations! Dans le ciel, des lanternes enflammées s'élèvent. Fin de la balade au chaud au restaurant chinois de Hepingmen devant une bonne soupe.


La fin de la fête du printemps marque aussi la fin soulageante des pétarades (on se croirait en guerre) et le début de ma saison préférée: le printemps. Dès le mois de mars, on peut se régaler de fraises et de mangues et plus la saison avance, plus le choix de fruit se multiplie! A cela s'ajoute la merveilleuse période des floraison! Direction les parcs!

Fin avril-début mai, c'est la fête des cerisiers en fleur. Comme au Japon! Ca vient de là d'ailleurs et comme déjà signalé dans un précédent billet, le Japon a offert au parc Xing Qing une allée de cerisiers. Xing Qing est donc à nouveau un beau but de balade, avec ses magnolias et ses cerisiers en fleur, à peu près en même temps. Et d'y admirer la passion préférée des chinois: la photographie. On se sinise vite d'ailleurs, rejoignant les troupeaux de photographes tentant de faire une belle macro de fleur de cerisier. L'université Jiaoda connaît aussi sa période touristique, étant elle-même très connue pour ses cerisiers. Mais c'est au parc Qinglongsi, le temple du dragon turquoise, au sud de Jiaoda, que vont se diriger la majorité des chinois. C'est en effet là-bas qu'il est coutume de se balader parmi les multiples arbres en fleur, à travers les diverses cours proposant diverses espèce. Superbe! Mais il s'agit de bien viser. Une semaine trop tôt ou trop tard, et c'en est fait de la journée floraison! Bien sûr, Qinglongsi au printemps, surtout pendant la floraison, est très peuplé. Surtout, de futures mariées qui viennent faire à l'avance leurs photos de mariage, histoire d'y avoir les fleurs et le bau temps. Tant pis si le fiancé n'aura pas la surprise de la mariée en blanc à la dernière minute.

Le printemps, c'est aussi la bonne saison pour aller visiter le quartier musulman et son bazar. Les touristes de l'été ne sont pas encore là, les prix sont plus bas. Et surtout, la mosquée, superbe bâtiment ancien de style chinois, mêlant les arabesques aux idéogrammes, est aussi en fleur. Je m'y suis liée d'amitié avec une adorable chatte blanche. Dehors, il est possible de s'attabler aux nombreuses grillades de mouton, ou de déguster les fameux raviolis chinois dans le grand restaurant musulman au centre de la rue à droite (depuis la tour des tambours), juste à côté du vendeur de thé et en face du magasin de qipao. Même moi qui n'aime pas les jiaozi (et non, je passe pour une vraie païenne, là), je les apprécie. Et pour le dessert, de délicieux halva aux cacahuètes.

vendredi 23 juillet 2010

Xi'an 2/4: Hiver...

 
... la magie des pavillons chinois

Xi'an bénéficie d'un vrai climat continental: on fond en été en jouant aux abords des 40 degrés (37 l'été dernier), on est cryogénisé en hiver dès que l'on met le nez dehors. Mais il faut l'avouer, les parcs chinois sous la neige sont de toute beauté: lions, dragons, chiens de pierre, pins et pavillons prennent une toute autre valeur. De quoi faire des photos superbes. Mais attention, les chinois sont de grands amateurs de ce genre de paysage: le silence de la neige ne dure pas longtemps et il faut se lever très tôt pour en profiter avant que les parcs soient envahit de photographes amateurs enthousiastes.

Pour en profiter, direction le parc Xing Qing 兴庆公园, près de l'université de Jiaoda (porte du nord). Dire au taxi: jiaoda bei men ou Xing Qing Gong Yuan Nan Men. Pins, cerisiers, quelques roses qui pointent encore le nez, pont aux colonnes de lotus, statues de pierre et pavillons, le parc de Xing Qing, superbe en toute saison et ignoré des touristes, devient féérique.

Malgré la neige et le froid, les habitués du parc, imperturbables, viennent y faire leur gymnastique matinale, s'entraîner au Tai Chi ou au Kung Fu, s'exercer à la chorale ou, individuellement, pratiquer leur instrument favori. Ainsi, le matin, autour de la pagode, le promeneur se faufile entre joueur de saxophones, de trompette ou de flûte qui font de comiques "pwet" selon l'habilité du musicien amateur. Plus poétique ce flûtiste traditionnel qui pose devant le grand pavillon et se réchauffe au son de sa flûte tandis qu'un homme pratique son kung fu à l'épée sous les yeux ébahis des curieux. Plus loin, des amateurs d'opéra du Shaanxi donnent de la voix dans un amplificateur crépitant et agressif sous les yeux admiratifs des connaisseurs. C'est spécial, peut-être trop "exotique" à mon goût, mais ça vaut le détour, au moins une fois. D'autres marchent en arrière, ou marche en tapant dans les mains, un fois devant, une fois derrière et ponctue leur exercice de cris intermittents. Tous emmitouflés, certains avec des cache-oreille tricotés maison. Tous avec des masques de tissu qui tiennent chaud et embuent leurs lunettes de leur respiration.



Je dois avouer que j'aime énormément ce parc, dans lequel on rencontre la Chine des gens, loin des sentiers touristiques dictés par l'office du tourisme. Peut-être un peu trop exploité touristiquement dans sa partie nord, il est très agréable au sud. C'est un ancien parc impérial et les monuments d'époques plongent le promeneur dans la Chine d'époque, cette vieille Chine que les voyageurs viennent chercher à Xi'an.


Juste à gauche en sortant de la porte sud (en face de la porte nord de l'université), il y a un très bon restaurant avec menu photos. Il font d'excellent Jidan Dofu ou tofu aux œufs, une recette japonaise. A droite de la même porte, il y a un excellent restaurant de nouilles et, beaucoup plus bas, après avoir longé le parc sur toute sa longueur et traversé la petite route qui longe son côté ouest, il y a dans le coin (après les garages) un très bon restaurant de crêpes chinoise. Très facile à reconnaître, il est tout vert. 

A l'est du parc, la sortie fait face à un restaurant de canard (pas essayé) et à sa droite, à un restaurant de bonnes soupes de nouilles. Plus loin à gauche, de l'autre côté de la route, il y a un excellent restaurant de poisson.


jeudi 22 juillet 2010

Xi'an 1/4: Automne...


... petite balade au pays des grenades

Dès septembre, les grenadiers dans les jardins publics voient leurs fruits rougir et les marchands exposent sur les trottoirs grenades et jujube. Les élèves et collègues se mettent à offrir des grenades dont on ne sait que faire, à moins d'être une excellente cuisinière russe et l'office du tourisme organise le pomegranate festival, ou festival de la grenade dans le comté de Litong, autour de Bing Ma Yong - l'armée de terre cuite. D'accord, on ne sort pas des sentiers battus, la célèbre armée de terre cuite est un passage obligé à Xi'an. Elle est même pour beaucoup le but du voyage. Mais peu de touristes le savent, le fameux musée est entouré de vergers de grenadiers . C'est donc en automne que cela vaut le plus a peine de visiter Bing Ma Yong. 

Une fois passé tous les commerçants vendeurs de tout et n'importe quoi (jusqu'à des peaux de chiens et peaux d'animaux protégés) - moment pénible et long car on est obligé de traverser tut le complexe commercial du site et les vendeurs sont plutôt agressifs, on arrive enfin au musée, qui est fait de trois parties. Il faut le savoir, tous les guerriers n'ont pas encore été déterrés - ce n'est que la pointe de l'iceberg - et c'est à couper le souffle. C'est une rencontre solennel que de pouvoir les voir, ces rangées de guerriers à peine sortis de la terre, avec leurs visages incroyablement expressifs. Les coiffures sont des chefs-d’œuvre de détails et marquent leurgrade. Certains ont encore de la couleur... car autrefois, ils étaient colorés. Une rencontre à ne pas rater.



J'aime personnellement beaucoup le restaurant en face du parking de Bing Ma Yong qui propose des spécialités de la région, dont des pommes de terres caramélisées absolument délicieuses!

Dans la catégorie festival, c'est en septembre qu'a lieu le festival des arts traditionnels et de la culture à Xi'an, sur lequel je ne peux dire grand chose, l'ayant malheureusement raté.

L'automne est aussi la meilleure saison pour faire de belles randonnées en montagne, dans les monts trop blancs, ou Tai Bai Shan, qui ne sont pas blancs du tout en automne mais prennent les couleurs de l'or. ou dans les montagnes Qinling, où vivent encore des pandas.Difficile cependant de trouver le bon bus pour s'y rendre. Hua Shan, l'immanquable Hua Shan, qui s'escalade autant de nuit que de jours, est réservée à tous ceux qui ne souffrent pas du vertige. On y risque l'insolation en été, l'automne reste donc la meilleure saison pour grimper. Les bus pour Bing Ma Yong et Hua Shan se côtoie, devant la gare, tout à droite quand on fait face à la gare, sur le grand parking. Généralement, on va se précipiter vers le touriste désorienter pour lui proposer des trajets. Attention: ne pas prendre les tours touristiques, qui s'arrêtent sur tous les sites pour des visites éclairs et coûtent bien trop cher. Le bus public prend plus de temps, mais coûte moins et personne ne vous dit ce que vous avez à faire ou voir!

Pour trouver adresses et évènements, consultez les site d'expatriés (en anglais):
Xianease, qui publie aussi un magazine mensuel gratuit à disposition dans les auberges de jeunesses et bars fréquentés par les étrangers.
China grooves qui est l'autre magazine gratuit de Xi'an, et autres grandes villes.

dimanche 18 juillet 2010

Coup de coeur pour les femmes peintes par les paysans du Shaanxi


Les peintures des paysans du Shaanxi sont l'une des spécialités de Xi'an. A tel point que, même si elles sont toutes originales, la peinture elle-même peut être reproduite plusieurs fois. Il s'agit de bien les choisir, il y en a beaucoup. Autant prendre son temps. Pleine de couleurs gaies, elle représentent des scènes de la vie traditionnelle, généralement autour de la femme. En souvenir de Xi'an, je me suis offerte trois de ces peintures qui m'ont plu plus que les autres, dans mon magasin préféré, où l'on peint aussi avec les doigts (à venir, j'attends que l'amie à qui j'offre la peinture la déballe avant de faire une photo).

Xi'an 西安 - retrospective...

  
... à l'heure des adieux.

Dans deux jours, départ. Un mois au pays puis retour vers la Chine, encore une nouvelle ville. Cette fois, Tianjin. Proche de Pékin, que je me réjouis d'explorer plus intensément et peut-être, enfin, voir la muraille (en trois ans en Chine je n'ai pas encore posé les yeux sur cette fameuse muraille qui décore les bouteilles de vin Great Wall que j'ai vu défiler - à mon grand dame, moi qui n'aime pas le vin!)

Voilà 18 mois que je n'ai ps revu ma famille ni mes amis, je me réjouis donc beaucoup de partir, malgré un très gros vague à l'âme, celui des adieux. Je ne peux pas dire que la vie à Xi'an ait été facile et mainte fois j'ai eu envie de planter là mon université trop bureaucrate, mon appartement invivable entouré de chantiers de gratte-ciels qui s'élèvent bruyamment de 5-6h00 à 22h00 (parfois toute la nuit) devant mes fenêtres, emplissant l'appartement et les poumons d'une très fine poussière, les 5 étages à monter à bout de bras sur les béquilles.

Chaque pièce a son revers, aiment dire mes élèves. Premièrement, il m'est difficile de quitter une classe avec laquelle j'ai eu un très bon contact, enseignant de plus ma matière préférée, la littérature. que j'enseignais à domicile le pied en l'air. Deuxièmement, dans tous les désert on trouve des trésors. Si cette première moitié de l'année a effectivement ressemblé à une traversée du désert, elle m'a rapporté le trésor de l'amitié de ma collègue russe et de ses délicieuses salades, et de ma collègue japonaise pleine d'humour, qui continue d'alimenter en moi ce coup de cœur que j'ai eu pour son pays. Troisièmement, Xi'an est indéniablement une ville superbe, regorgeant de trésors culturels et historique. Il lui manque le côté sauvage qui fait le charme de Chongqing, mais malgré son exploitation touristique elle garde le charme des vieilles villes chinoises. Et c'est un délice que d'aller se perdre dans les ruelles le long du rempart.

Une année à Xi'an, c'est beaucoup de choses à dire. A l'heure de quitter la vieille ville pour la moderne, je vais consacrer à Xi'an quatre articles, en suivant les quatre saisons et en essayant de conseiller au mieux ceux qui voudraient sortir un peu des sentiers battus (même si ces derniers six mois mon exploration s'est arrêtée. Je complèterai donc avec celle de ma collègue russe qui me propose gentiment de partager des photos).


dimanche 11 juillet 2010

"Chroniques de l'oiseau à ressort" - Haruki Murakami

   
Un homme oisif, fan de jazz et de spaghetti, que sa femme quitte après la disparition de leur chat, découvre la magie et les multiples sens de son environnement urbain tandis que défilent dans sa vie divers personnages aux destins croisés qui se livrent à lui, l'homme sans destin. Des femmes l'aiguillonnent, l'histoire lui parle, et l'oiseau ponctue ce chemin initiatique où rien n'est hasard, où les destins les plus éloignés sont liés, où chaque chose a un sens.

Chroniques de l'oiseau à ressort,  c'est du tout grand Murakami. Peut-être le meilleur. En tout cas, le plus subtil. Et le plus japonais. En ce qui me concerne, il m'a permis de mieux comprendre cette pensée dans laquelle rien n'est hasard, tout est lié et tout a un sens.

C'est avec grand art que Murakami extrait toute la poésie omniprésente dans l'environnement urbain (Tokyo) du personnage. La poésie d'une banlieue urbaine qui n'a rien de spécial. Une banlieue comme les autres. Il faut tout l'art de l'écrivain pour rendre la magie d'un lieu aussi commun. L'étrange se mêle à la réalité et la transforme subtilement tandis que défilent des histoires de vie mêlant le fantastique et l'horreur qui viennent se superposer à la monotonie de la vie oisive et trop paisible de l'anti-héros. Un récit d'une rare violence (qui donne envie de fermer les yeux) tout en étant poétique et sensuel.

Shiritani Unsuikyo - la forêt aux esprits


Hier, lors d'un repas avec un ami, je tentais de lui faire comprendre la magie de la forêt de Shiritani Unsuikyo. "Les japonais sont animistes", expliquais-je, "et à Shiritani, tu comprends pourquoi!" Et de lui expliquer que plus que n'importe quelle autre forêt, celle-ci semble vous regarder et que partout, les branches, les pierres prennent des formes animales ou humaines. Il m'opposait la raison: on voit ce que l'on veut (un peu comme quand on regarde les nuages) dans les formes des branches. Se tournait vers notre amie japonaise qui souriait de son incrédulité et lui signifiait en riant que oui, elle croit aux esprits de Shiritani. Imagination? Bien sûr. Mais à Shiritani, l'imagination fleurit plus facilement  qu'ailleurs, et il n'y a pas besoin de se forcer pour voir des silhouettes humaines et animales dans les excroissances végétales. Et d'expliquer que soudain on se retrouve face à un daim qui n'était pas là l'instant d'avant, et qui ne fuit pas. On se sent bienvenu. Que les photos prises de la rivière montrent un visage, certes une pierre, mais avec un visage qui vous regarde. Il restait incrédule. Bon. Cet article  est pour cet ami. Et pour vous. Voici quelques photos pour soutenir mes propos. Je vous laisse juge.


samedi 10 juillet 2010

Langmusi-Taksang Lhamo

  
Prairies, nomades, loups et vautours

Fuir Songpan. La station touristique de Songpan. Là où les voyageurs affluent pour faire des randonnées à cheval ou envahir Jiuzhaigou la belle. Le choc. Après avoir erré dans des régions ignorées des masses touristiques, Songpan me rebute.

A l'origine, j'aurais dû passer la frontière du Qinghai (Amdo) à Manigango, mais une épidémie de peste pulmonaire y sévissait et la région était fermée. Contournant le Qinghai, pour le rejoindre par l'autre côté, je suis donc obligée de passer par le Gansu. Quelle chance! J'en avais entendu que du bien. Et je confirme, le Gansu est une province absolument superbe!

Le contrefort rocheux au-dessus de Langmusi
 Langmusi avait l'air isolée à souhaits,  et il est possible de faire des randonnées découverte de quelques jours à cheval, pour un prix plus bas qu'à Songpan et en évitant la foule des touristes. Cette petite ville nichée entre des monts verdoyants au-dessus desquels planent les vautours, à cheval sur la frontière du Sichuan et du Gansu,  est peuplée de tibétains et de musulmans. Autour, des prairies à l'infini, dont la mer de fleurs, des rivières qui serpentent en brillant sous le soleil, et des yaks, des yaks, des yaks.

Cela vaut la peine de se balader un peu dans la ville, jusqu'à la mosquée pour la dominer puis de faire une pause "tarte aux pommes" dans l'un des nombreux restaurants qui s'adaptent rapidement au déferlement croissant des touristes. Une seule auberge, sommaire, mais vu la croissance de la ville, elle deviendra rapidement une petite ville à la "Songpan" pour sûr. 

A une journée de cheval à travers les prairies, proche d'un site d'enterrement céleste, se trouve un campement de nomades. Un parmi d'autres. Ici, on élève des yaks mais aussi et surtout des moutons. Une espèce que je ne connais pas, dont les femelles autant que les mâles ont des cornes. Ce sont les chiens qui nous accueillent. Ils sont là pour garder et je suis un élément étranger. Ils font donc leur boulot. Je vais loger avec une famille, sous la tente en poil de yaks. L'agence qui m'a fourni le cheval et le guide, lui-même nomade et dont la famille tient son camp non loin, m'a donné des informations sur la vie traditionnelle, les usages et les tabous à respecter, ainsi qu'un lexique. Mais mon chinois suffit pour m'exprimer, au travers de mon guide avec lequel je n'aurais échangé que des informations pratiques par lexique interposé si je n'avais eu quelques bases. Au contraire de Songpan, ici les gens ne parlent pas anglais. Connaître un peu de chinois permet de sortir de la frustration de devoir rester muet tout le long du voyage. Quant au tibétain, ça peut aider mais on parle ici un dialecte très différent du tibétain de Lhasa.

Tente de nomade en poils de yak
La tente est formée de 20 panneaux de poils de yak. Chaque année, les nomades ramassent les poils dans la prairie (les yaks ne se laissent pas volontiers tondre, non, non) et tissent un panneau. La tente est donc entièrement renouvelée tous les 20 ans. A l'intérieur, un tas de bouse séchée fournit le combustible pour le thé que l'on me sert en même temps que du fromage et un  peu de viandes séché de mouton. Mon guide se met à raconter des histoires et toute la famille l'écoute attentivement, concentrés sur ses histoires que je ne peux qu'imaginer. Ca doit être passionnant vu comme son auditoire l'écoute. Après le repas, les hommes jouent aux cartes, et peu à peu on s'installe pour la nuit.

Toute la nuit, les chiens aboient autour de la tente. Il y a des loups. Le lendemain matin, non loin du campement, des vautours dansent autour du cadavre d'une chèvre. On retrouvera plus tard le cadavre d'une yak, de la même façon. 

La  bouse séchée pour combustible
Thé pour le petit déjeuner. Il est interdit de se peigner les cheveux dans la tente, il semble que ce soit un tabou. On fait donc sa toilette dehors, au milieu des chèvres, la jeune fille  nourrit au biberon un agneau orphelin qui a passé la nuit sous la tente avec nous puis se lave les cheveux dans la rivière, sa mère étale la bouse de yak pour la faire sécher, des béliers se battent.  Les hommes se mettent à cheval pour aller garder les yaks et les chèvres sur le flanc des montagnes, ils comptent et recomptent les bêtes avant de partir. Et nous repartons aussi. La jeune fille nous accompagne sur son propre cheval, elle va rejoindre la ville pour la reprise des cours. En passant, elle nous montre la maison d'hiver dans laquelle sa famille passe la saison froide, une maison en dur proche de la ville, mais très isolée quand même.

Jamais je n'ai été si proche des loups, même si on ne les a pas vu. Je comprends mieux pourquoi, alors que je tentais de m'aventurer seule en dehors de Langmusi histoire de se balader dans la nature, un tibétain a tant insisté pour me ramener en moto. C'est une belle aventure et une très belle expérience. Même si le cheval, formaté pour les touristes, était trop lent à mon goût.

Moutons mâles et femelles ont des cornes
Vautours près d'une carcasse de yak
  
Maisons en dures pour l'hiver

Petite fille au nuage

  
Le musée de l'Elysée à Lausanne expose les oeuvres de jeunes photographes du monde entier. Parmi eux, quelques artistes chinois dont Liu Xiao Fang, avec sa très poétique petite fille regardant un nuage. A voir cet été à Lausanne du 19.06.2010 au 26.09.2010. Ça tombe bien, je serais justement rentrée :-)

mardi 29 juin 2010

Mariage "à l'ancienne"

   
Ma collègue russe a eu une chance incroyable. Elle a été témoin d'un mariage traditionnel, "à l'ancienne" qui a défilé sous son nez, sans prévenir. Elle était là. Un vieil homme lui a dit: "Vous avez de la chance, c'est la première fois que je vois cela!"

Il faut dire que si la Chine s'est énormément occidentalisée, beaucoup de jeunes sont nostalgiques des temps anciens. Comme ce jeune couple.

Je reproduis ici ses photos avec sa permission. Je demanderai à un(e) élève de m'expliquer plus en détails le cortège qui suit les fiancés, car je n'y comprends goutte.
La fiancée
Le fiancé
Le cortège

L'article en russe d'où sont tirées les photo.

dimanche 27 juin 2010

"Kafka sur le rivage" - Haruki Murakami

   
Un chef-d'œuvre onirique du réalisme fantastique

Un jeune homme quitte son père et trouve refuge dans une librairie habitée de personnages énigmatiques. Un vieil homme qui peut parler aux chats commet un crime dont le sang salit les mains d'un autre et prend la route. Un vieil homme, un jeune homme, deux destins qui s'entremêlent sans se croiser, qui prennent la route pour se trouver. Et toute la poésie de la réalité de Murakami pour les raconter.

Difficile de présenter un roman aussi connu, un best-seller au succès retentissant qui fit connaître Haruki Murakami à tous ceux qui ne le connaissaient pas encore. J'en faisais partie.

A l'époque, participant à un forum de lecture qui avait choisi Murakami comme lecture du moi, je m'étais lancée avec méfiance dans Après le tremblement de terre que j'avais très moyennement apprécié. Mais devant les ronronnements élogieux de mes compagnons virtuels de lecture au sujet de Kafka, j'embarquais dans un de ces voyages qui vous marquent à jamais. La couverture de Kafka était certes prometteuse, mais ignorante du monde de Murakami, je fus un peu hésitante au début. Le fait de prendre des noms de personnage associés à des marques célèbres me dérangeait. Mais le mystère était en place, il fallait aller jusqu'au bout. Et une fois bien installée  dans le train du récit, j'eus conscience que j'étais en train de lire ce qui allait directement rejoindre le Panthéon de mes favoris: un roman nouveau, dans lequel la réalité temporelle et physique se replie délicatement sur elle-même,  discrètement. Le fantastique s'y insinue comme un courant d'air qui fait frissonner le récit. La beauté de Kafka, c'est cette subtilité qui superpose les réalités comme des voiles transparent. Et sa poésie. Car Murakami est autant peintre et musicien que poète quand il écrit.

Kafka est de loin mon Murakami préféré, même s'il dispute sa place avec les Chroniques de l'oiseau à ressort. Il est allé rejoindre dans ma bibliothèque ces livres qui font rêver, qui vous emportent complètement dans leur voyage onirique. Le chef-d'œuvre du réalisme fantastique Cent ans de solitude de Marquez et le fabuleux  Le Maître et Marguerite de Boulgakov.

Découvrez ici l'opinion de quelques chats de bibliothèque.

samedi 26 juin 2010

Se noyer dans la verdure des vallons du Kham sous de splendides cieux dramatiques


3. Derge

Le guide est clair là-dessus: la route pour Derge est difficile, monte très haut et est fréquemment fermée. Il faut donc un certain sens de l'aventure pour s'y risquer, un estomac bien accroché, et tout ce qu'il faut contre le mal des montagnes: y compris le courage de renoncer. On  trouve à Chengdu des pilules contre le mal des montagnes, certaines auberges en vendent  (Sim's guesthouse par exemple) pour ceux qui veulent s'aventurer au Tibet. Le Kham, c'est le Tibet. Pour atteindre Derge (un peu plus de 3'000 m), il faut passer le col de Trola à un peu moins de 6'000 m. Il faut donc prévoir beaucoup d'eau, et se forcer à boire au maximum. L'aspirine aide. Et s'assurer d'avoir ses pilules contre le mal des montagnes. Surtout, il faut s'acclimater un peu à l'altitude avant d'aller faire le col.

J'ai de la chance, mon estomac passe le test avec succès, et le mal des montagnes n'a pas montré le bout de son nez. En revanche, mes poumons s'en prennent plein les bronches: autre petit accessoire très utiles: acheter un masque en tissu à Ganzi, on en trouve plein. Ce n'est pas pour rien que les Tibétaines sont masquées, la route de terre reçoit peu de pluie et l'on respire de la poussière pendant des heures, même avec la fenêtre fermée! Fenêtre que l'on a très très très envie d'ouvrir, vu que les tibétains conducteurs ou passagers s'adonnent au culte du tabagisme clope sur clope!

Sur le col du Chola
Pour rejoindre Derge, il y a un bus officiel difficile à prendre car généralement plein (et difficile à trouver aussi), et beaucoup de minibus privés qui partiront quand ils auront assez de clients ou un prix convenable. Là, il faut négocier sec. C'est ce que fait une américaine travaillant dans la région, et habituée à négocier en tibétain. Je la laisse faire. Elle sera une agréable compagne de voyage durant trois jours. Le minibus en question nous dépose à Manigango où il nous trouve un autre véhicule: il faut un peu se battre pour s'assurer que l'on ne va pas payer plus, que le prix négocié à Ganzi va jusqu'à Derge. Mais le problème est vite résolu. On attend quand même 2 heures avant de repartir.

Lâcher les chevaux de vent au Col du Chola
Manigango est un bon point de départ pour visiter le lac sacré au pied du mont Chola, et faire des randonnées à cheval avec le Chola pour cadre. En revanche, la ville dégage une terrible pauvreté et un grand sentiment d'insécurité, renforcé par la meute de chiens errants qui traînent entre nos jambes. Nous sommes assaillis par de vieilles mendiantes pendant environ tout le temps de l'attente, à qui s'ajoute les curieux. Notre nouveau conducteur, clope au bec (annonçant ainsi le programme du voyage: il faut quand même supporter, sur des cols qui tourbillonnent, le parfum si particulier de la clope-voiture, fumet particulièrement écœurant qui n'aide pas), achète des petits chevaux de  vent en papier. J'en achète aussi. J'aime beaucoup les chevaux de vent, longda, et la tradition de les libérer au point culminant des cols. Une fois qu'ils touchent terre, dit-on, ils deviennent de vrais chevaux.

Imprimeurs au travail
Derge, qui abrite dans son monastère parmi les plus sacrés la plus ancienne imprimerie bouddhiste encore en fonction, n'est pas un but en soi. C'est un lieu de pèlerinage et l'on rencontre sur la route qui y mène un pèlerin qui fait tout le trajet à plat ventre (il doit recouvrir toute la route de son corps). La route qui y mène est à couper le souffle, et l'on ne sent pas les heures s'écouler dans un paysage aussi grandiose. Rien que pour cela, le trajet vaut le coup. On passe des vertes vallées aux rocs impitoyables, la route vertigineuse plonge vers des précipices, passe sous des arcs de roche qui semblent en équilibre. Le bus saute plus qu'il ne roule, dérape parfois et soulève des tempêtes de poussière! Coincée entre un moine, une américaine et un paysan, ma tête atteint plusieurs fois violemment le plafond et mon postérieur se bat avec les ressort des mauvais sièges. 

Arrivées à Derge, épuisées, un peu oppressées par cette ville prise dans d'étroites parois de  roches alors que nous quittons les plaines ouvertes, nous trouvons un hôtel non officiel, encore en train d'être construit, avec ds chambres neuves et une famille accueillante. Douches publiques non loin de là et petite balade digestive après le souper.

Derge
Derge est jolie, mais étroite et n'offre pas vraiment de possibilités de randonnée. On y va pour le monastère et son imprimerie, mais cela ne vaut pas la peine d'y rester plus de 2 jours. Ma nouvelle amie américaine va rejoindre un monastère bouddhiste pour se retirer quelques temps. C'est, certainement, la seule autre possibilité à Derge.

Néanmoins, l'imprimerie est impressionnante et superbe et je dois l'admettre, j'ai adoré le trajet: quelle belle route! Au retour, j'en profiterai encore plus: le bus étant plein, j'ai dû faire de l'autostop (en fait, pas mal de propriétaires de véhicules amortissent volontiers le prix du trajet avec des passagers. Une ou deux heures d'attente au bord de la route. Une jeune tibétaine en costume traditionnel me rejoint, puis un homme qui m'expliquera plus tard qu'il est imprimeur à la fameuse imprimerie, et une autre femme qui distribuera à la ronde les clopes qui enfumeront notre véhicule pendant une bonne partie du trajet. Véhicule que j'hésite à prendre d'ailleurs: je vais faire le col du Trola à 5 dans une minuscule changan, la fiat 500 des chinois! Son radiateur nous abandonnera d'ailleurs bien avant notre arrivée au col. Arrivée à Manigango, je me serai fait une amie d'une jeune tibétaine qui ne parle qu'avec des sourires, mais qui viendra me serrer la main quand on se rencontrera par hasard dans une rue de Ganzi. Après avoir mangé ensemble un ragoût de champignons (spécialité de la région), on se sépare de notre conducteur et on continue la route avec une famille tibétaine un peu plus aisée (la voiture est neuve), dont la petite fille fascinée par l'étrangère, se met en tête de me donner un cours de chinois tandis que l'on se partage de la viande de yak séchée.


Voici un petit film sur l'impression de feuillets de prière

vendredi 25 juin 2010

"Sokout" - Mohsen Makhmalbaf

  
 

"Le silence", film iranien, plonge le spectateur dans l'univers sonore d'un enfant aveugle, accordeur d'instruments, obsédé par un thème musical récurrent et qui erre au fil des mélodies, au grand damne de sa mère préoccupée par des soucis matériels réels qui n'affectent en rien l'univers de l'enfant. 

"Le silence" est un trésor à découvrir absolument. Pour sa poésie, pour la beauté de sa photographie, pour sa peinture des sentiments, pour la musique enfin.

Zoziau

 
Avant de prendre les routes africaines, je me souciais peu des oiseaux. Cette passion m'est venue au Kenya où je m'étonnais de tout: des plantes, arbres (ah, les arbres à saucisses!) et oiseaux. Les prendre en photo est devenu une petite marotte. Il faut dire qu'ils ne sont pas facile à prendre, mais qu'ils sont quand même plus aisés que les papillons qui sont rapidement venus à bout de ma patience déjà fort limitée d'authentique bélier.

C'est le chant très nourri sur le bord de ma fenêtre de celui-là qui m'a mise aux aguets: je le connaissais, il y en a beaucoup à Chongqing. Mais à Xi'an, je ne l'avais vu qu'en cage. Il ressemble au garrulax à sourcils blancs. Sorte de merle chinois. Mais pas complètement.


samedi 19 juin 2010

Tain Ya Bain Mei Ren Gui by Clare Fader and the Vaudevillains

 
Je découvre aujourd'hui cette chanteuse américaine très sympa qui chante ici en cantonnais.  J'aime beaucoup.

 

vendredi 18 juin 2010

Interdits à l'hôtel

Hier, des étudiants sont venus me demander quelques conseils sur une traduction qu'ils avaient fait pour un hôtel. Il s'agissait des informations et autres instructions pour le client.

En-dehors des habituels avertissements figuraient quelques interdictions fort logiques: interdit de fumer au lit, de dealer, de posséder des matières toxiques ou radioactives, de sécher ses habits sur les abats-jours et la télévision et d'être superstitieux. Pardon?

La phrase n'était pas très bien traduite. "Oui, il est interdit de faire ds rituels contre la superstition", m'explique mon étudiant. par exemple? "Et bien, pour la fête des morts, par exemple, les gens brûlent de la fausse monnaie." Dans l'hôtel???

Ah.

mardi 15 juin 2010

Demain c'est Duan Wu...

   
...et en trois ans, je n'ai toujours pas vu la course des bateaux dragons.

Il faut dire que si toute la Chine célèbre Duan Wu (c'est une jour de congé national), cette tradition prend ses origines dans le sud. Et c'est dans le sud que l'on peut admirer les courses et surtout, les superbes bateaux dragons. J'en avais vu un au repos sur une île à côté de Hong Kong.

Comme la tradition le veut, les gens s'offrent des cong zi, le gâteau de riz glutineux emballé dans une feuille de bambou. Pour les artistes gastronomes, j'ai trouvé une très bonne présentation de la recette. Cette année, à Xi'an, je remarque aussi l'apparition de petits gâteaux de haricot!

Mais surtout, depuis deux jours, je vois les gens acheter des gerbes de chrysanthèmes. Sans fleur. Mon chinois n'est assez bon pour comprendre les réponses à ma question, mais un voisin a attaché sa gerbe sur sa porte d'entrée et il semblerait que l'on purifie sa maison avec. Cela me fait un peu penser à une même tradition pour le nouvel an.

Du coup, dans tous les coins de rue, on trouve  des vendeurs de gerbes de chrysanthèmes, des vendeurs spontanés de cong zi, des femmes présentent suspendus à un bâton toutes sortes de petits pendentifs de tissu brodés à offrir comme porte-bonheur (les papillons sont superbes!)

J'avais déjà fait un article à cette occasion l'année passé.

Source photo: cliquez sur la photo

dimanche 13 juin 2010

Se noyer dans la verdure des vallons du Kham sous de splendides cieux dramatiques

   
2. Ganzi

De Tagong à Ganzi, il y a un bus public qui passe le matin. Généralement il est presque plein. Un groupe y trouvera difficilement de la place mais la voyageuse solitaire que je suis a réussi à se faufiler et à enjamber les bagages qui encombrent le couloir pour aller se tenir en équilibre sur une fesse sur un siège à moitié défoncé. Mon hôtesse s'est occupée d'arrêter le bus. Les gens de Tagong sont très serviables et vraiment sympathiques.

On ne va pas loin ce pendant. La route est coupée par le fleuve qui a débordé. En été, à la saison des pluies, c'est une chose courante dans le Sichuan et cette année (2009) est particulièrement dangereuse. Il y a eu déjà plusieurs morts à cause des inondations. Le fait est que lorsque l'on prévoit de voyager dans le Sichuan, on doit compter avec les crues,  vérifier chaque jour si on peut passer, s'il vaut mieux changer son itinéraire. Le Sichuan est sauvage, superbe mais dangereux. Il est obligatoire, dans les régions à risque, de se renseigner sans cesse sur la météo, l'état des  routes.

La route qui mène de Tagong à Ganzi est une petite route de montagne qui glisse facilement. Qui tourne beaucoup. Il faut avoir l'estomac bien accroché, et beaucoup, beaucoup de patience. Le voyage ne se fera pas sans problème. Nous restons bloqués à cause d'un bus embourbé. Au final, 10 heures de voyage pour rejoindre Ganzi (8 heures prévues) Le lendemain, à Ganzi, je rencontre un compagnon de route croisé à Tagong: le voyage lui a pris 12 heures! Sur la carte, Tagong a l'air d'être tout à côté. La réalité est toute autre. En Chine, "juste à côté veut dire" = une journée de bus au minimum.

Ganzi. Un vrai coup de cœur.  C'est une sorte de chef-lieu tibétain, reculé, peu développé "à la chinoise". On y trouve pas d'hôtels confortables, mais quand on monte jusque là-haut, ce n'est pas forcément le confort que l'on recherche. Ganzi peu être un peu déroutante au départ, on y plonge dans des marchés où traînent des peaux ensanglantées de yaks tout juste tués le matin, leur viande fraîche, leur tête coupée. Les végétariens apprécieront peu. On y trouve des trésors en matière de vêtements chauds, bijoux pour les cheveux, tissus tibétains, et tout moins cher qu'ailleurs. Les gens vous saluent d'un puissant "Tashideleh!" en vous croisant en moto sur le pont suspendu où vous vous tenez en équilibre sur les planches pour les laisser passer.

Le cadre est superbe. Montagnes avec des airs alpins, neiges éternelles, prairies fleuries, shtupas et monastères, et une large rivière en crue dans les eaux glaciales de laquelle les enfants s'amusent. Les paysannes gardant les yaks me demandent de m'assoir à côté d'elles, l'une d'entre elle se lave les cheveux dans la rivière. Plusieurs fois, je me vois proposé un "lift" en moto. Un paysan d'un village non loin me présente avec fierté. un petit yak né, la nuit précédente.

Ganzi est le genre de petite ville où l'on peut venir se reposer. Il y a des sources chaudes et la possibilité de faire des randonnées à cheval (deux possibilités que je n'ai pas essayées), et surtout la randonnée y est sans limites! Et les gens très chaleureux. Une adorable retraite loin des bruyantes mégapoles chinoises.

samedi 5 juin 2010

Le "Rush" du mois de juin

  
Le mois de juin est définitivement le mois le plus chargé. Mes cinq élèves diplômant doivent bientôt rendre définitivement leur mémoire de fin d'études, je vois donc défiler leur travail à la chaîne et lis, relis et relis. A cause de ma cheville, je ne peux toujours pas aller en classe, mes élèves viennent donc chez moi pour les cours, par petits groupes car mon salon ne se prête pas à l'exercice. Ce qui double mes heures de cours. Les examens à préparer. Bref, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour le blog.

J'essaie donc de publier quelque chose de temps en temps, mais vais reprendre quelques articles de l'ancien blog, ceux qui montre le plus la vie en Chine par exemple. 



Source image : Mix et Remix

vendredi 4 juin 2010

Trains et brosses à dents

   
17 heures. Assise. On doit pouvoir survivre a cela. 
C'est sur. Je le confirme aujourd'hui, on survit.
 
Le wagon est plein a craquer. Si on veut avoir une vraie impression de ce a quoi ressemble ce wagon, il suffit de prendre le metro a Paris (ou à Pékin) durant les heures de pointe ou de faire le trajet Lausanne-Geneve a l'heure ou les pendulaires vont au boulot ou en revienne (ce qui est pire parce que a ce moment, ils ne somnolent plus mais sont fatigués et pressés de rentrer donc plutot agressifs). Bref, prenons donc le Lausanne-Geneve, en plus large, avec plus de monde et remplacons la demi-heure d'enfer (j'ai toujours pensé que ce train allait me rendre psychopathe) par 17 heures. Fais abstraction Mbu, fais abstraction!
 
Le train Shanghai-Shenzhen part à 12h30, donc tout le monde mange. Il y a de l'eau chaude gratuite dans tous les trains pour les bols de nouilles (mais comment font les gens pour ne pas s'en mettre partout?) on voit donc des équilibristes se faufiler dans la foule qui obstrue le couloir, assis, debouts, partout... Tout a coup, un gros gaillard qui ressemble à un gorille gradé à l'armée, ton autoritaire, voix très portante (le gars derriere lui se bouche les oreilles) se plante juste a coté de moi (je suis au milieu du wagon, côté couloir) et se met à aboyer plein de trucs en chinois (ce qui est logique, en Chine), d'un air des plus sérieux. Il vend... des brosses a dent. Flexibles s'il vous plait. Je connais la scène, je l'ai déjà vécue dans le train Chengdu-Chongqing: dans les trains chinois, on vend des brosses a dent!  Et ou! Et les passagers sont intéressés, écoutent, regardent et tâtent les brosses, éprouvent leur flexibilité. Après tout, avec 17 heures à tuer, autant se distraire, même d'une brosse à dents. Mes six compagnons de siège en achetent trois. Et ça continue... Le gaillard vend aussi des bracelets. Puis, beaucoup plus tard, il revient avec un petit classeur que je connais bien (déjà vu dans le train de Chengdu aussi) et se met a faire un démonstration. Les gens plaisantent, sont curieux, touchent, rient, essayent un petit gadget infraviolet qui permet de voir si les billets de banques sont vrais. Et hop, mes voisins achètent.
17 heures. 16 heures. Plus que 2 tiers, plus que la moitie... La musique, parfois chinoise, parfois moderne, baigne le wagon. On mange, encore et encore. Mon voisin adore les graines de tournesol. 

Le temps passe. On s'assoupit. La jeune fille à côté de moi dodeline de la tête, la pose sur mon épaule, se réveille, se tourne et s'appuie sur son amie.  Dans le couloir, on s'allonge comme on peut, ou reste debout, la tête qui pend. Un homme prend ma jambe pour un oreille, un autre s'enfile sous mon siège. Mais pas longtemps. Car il faut mentionner la terreur du wagon: le chariot de bouffe qui fonce aveuglément dans la masse des gensqui s'écartent (c'est délirant de voir qu'on peut encore faire circuler quoi que ce soit avec tout ce monde), se réfugiant entre les sièges, sur les baggages, sur mes genoux.
La nuit, on fait semblant de dormir. C'est long, très long. Mais si ça, ce n'est pas vivre la Chine! Une expérience ethno-sociologique que je ne renouvellerai pas (il va donc falloir que je m'y prenne a l'avance pour le train Shenzhen-Chongqing. Parce que je rentre en train. Si, si.)
NB: Ce billet, tiré de l'ancien blog, date de juillet 2008. En août 2009, les aléas du sort m'ont forcée à renouveler l'expérience entre Xining et Xi'an. 10 heures à mourir d'ennui avec de jeunes compagnons de voyage fort sympathiques qui, après avoir éprouvé mon chinois jusqu'à ses limites, on transformé le voyage en pique-nique canadien.

Source photo: chine-information

mercredi 2 juin 2010

Hokousai comme maître de dessin

   
Toujours la BNF et ses inestimables trésors. J'adore ce petit manuel de dessin japonais produit par le plus grand des maîtres japonais !


mardi 1 juin 2010

"La Comtesse Blanche" - James Ivory

 
Fuir la réalité au fond d'un rêve

L'année passée, lors d'une conférence à Chongqing de Stefan Shomann qui présentait son dernier roman "Letzte Zuflucht Shanghai", j'avais été très surprise de découvrir quelque chose que l'on ignore en Europe: Shanghai est était pendant la guerre l'un des principaux ports vers lesquels déferlaient les réfugiés juifs fuyant le nazisme. En fait, à l'époque, entre la concession française, les réfugiés juifs et les réfugiés russes fuyant le communisme, et les japonais, Shanghai était une métropole cosmopolite, bien que les communautés ne se fréquentât que très peu.

C'est dans ce Shanghai vivant ses derniers moments de tension avant l'occupation japonaise précédée par l'horreur du "bloody saturday" que nous emmène James Ivory.
   
Un diplomate américain désillusionné et aveugle décide de bâtir son rêve: la "Comtesse Blanche", un bar cosmopolite au personnel méticuleusement choisi où se fréquenteront les divers mouvements politiques de l'époque. Sa pièce maîtresse: une comtesse russe déchue qui pour faire vivre sa belle-famille joue les hôtesses et accessoirement se prostitue. Il est aidé par le mystérieux Matsuda, un riche japonais avec qui il partage son rêve. Mais combien de temps pourra-t-il se barricader loin de la réalité?

"La comtesse blanche" est un film d'atmosphère au rythme lent,  qui mise sur la photographie et la musique pour développer la psychologie de ses personnages qui en outre sont très attachants. Ce n'est pas un grand film, mais c'est un bon film qui vaut la peine d'être vu. Ne serait-ce que pour l'originalité de ses personnages.
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