dimanche 13 mars 2011

Tableaux de pierres...

... qui rêvent.

La mer, un nuage, une ondée, quelques herbes qui tremblent sous la caresse de la brise, le printemps qui explose ou une nature figée sous le doigt givré de l'hiver. Des espaces vastes qui invitent au voyage, des détails précis qui émerveillent par leur délicatesse. Le temps qui passe, incrusté dans chaque pierre. On peut y voir tout cela, et même plus, dans ces tableaux de pierres brossés par la main de la plus grande artiste... la Nature.

Qui n'a jamais regardé les nuages prendre des formes fantaisistes mais familières? Observé un dragon de coton prendre un visage humain puis se diluer, un éléphant surgir, une aile se déployer dans les cumulus et les stratus? C'est de ces yeux-là, directement reliés à l'imagination, qu'il faut faire usage lorsque l'on pénètre dans le musée des "pierres de rêve" de Tongli. Une collection privée de tableaux de pierre aux titres poétiques appellent à l'imagination, et à la contemplation. Il faut rejoindre l'esprit voyageur du collectionneur, s'évader dans ces paysages de silice et de lychen. Un très beau musée qui en apprend long sur la perseption qu'on les chinois des paysages dasn l'art.

Un payasage de montagnes et de brume, un sentier pierreux,
des buissons que le vent caresse. Peut-être, quelqu'un vient de passer.
Delta vu du ciel? Ou pin se penchant sur un sentier
que gravit un homme, la tête penchée?
Aurore ou crépuscule?
Personnellement, j'y vois une chauve-souris de feu.

Pris d'une page d'un livre superbe
exposant les tableaux par thèmes


samedi 12 mars 2011

  
Très attristée et de tout coeur avec le Japon.

vendredi 11 mars 2011

Flâneries dans les ruelles anciennes...

 
... de la petite Venise Chinoise


Coup de coeur. On est dans le Jiangsu, région qui n'est touristique que vers son extrêmité sud, avec la célèbre ville des jardins chinois: Suzhou. Le car traverse des paysages monotones et industriels. Difficile d'imaginer que pas très loin, à une heure de route, je me plongerai dans un pittoresque vieux village traversé de canaux que surplombent de petits ponts et au bord desquels les aînés assis sur des bancs de pierre se perdent dans leur contemplations, papotent joyeusement ou jouent aux cartes ou au majong tandis que des lavandières me sourient au passage.

Tongli est un trésor. D'accord, je dis souvent ça, mais malgré le prix d'entrée (80 yuans) qui me faisait redouter un parc d'attraction culturel clinquant de faux et bourré de touristes en plein shopping, Tongli garde son charme de petit village ancien à la vie tranquille. En tout cas en hiver. 

Il faut y passer la nuit pour vraiment en profiter. Premièrement parce que le coucher du soleil y est superbe. Mais aussi parce que cela vaut la peine de flâner, plutôt que de visiter au pas de guerre, les demeures anciennes pleines de jeux de trompe l'oeil, de couloirs, de pleins vides et d'intérieurs extérieurs, et de profiter des nombreux musées sur toutes sortes de thèmes différents, comme les ornements de bois sculptés (superbes), une collection de pierres de rêve, des lits traditionnels ou le musée du sexe qui joue sur les tabous des visiteurs... alors même que le sujet est plutôt inabordable en Chine. Un must pour tout visiteur sur Shanghai qui aurait envie de s'évader un peu, de fuir la modernité et les gratte-ciels (mais peut-être pas le week-end... car Tongli est le lieu d'évasion des shanghaiens).






dimanche 6 mars 2011

Une délicate touche d'art de vivre...

 
... à la japonaise.

En yukata, autour du kotatsu
dans la chambre d'un ryokan
Le Japon. La première idée qui me vient à l'esprit quand j'y pense, c'est le raffinement. Les étoffes finement décorées de fleurs de cerisiers, les bâtisses anciennes à la ligne pure et sobre, les jardins silencieux qui plongent dans la contemplation, le silence d'une porte de bois et de papier qui glisse, le frôlement d'un pied sur le tatami. C'est ce calme et ce raffinement que je vais y chercher chaque fois que je m'échappe de Chine par le Levant.

Les bourrasques de neige obscurcissent le paysage. Mon amie s'inquiète. Le train entre en gare. Sur le quai, quelques passionnés, bien armés sont en position et titillent énergiquement l'obturateur de leur appareil photo. Je suis toujours surprise de voir à quel point les japonais sont passionnés par leur propres trains. Pas une gare sans que quelques photographes se contorsionne dans tous les sens pour avoir la meilleure vue possible sur le train.

Le nez caché dans l'écharpe, la tête basse, nous affrontons la tempête de neige. De grosses pattes d'ours tombent sans discontinuer. Heureusement, le vent se repose un peu. Devant la station, un groupe est assis sous un bel auvent de bois, les pieds trempés dans un petit canal d'eau chaude. C'est le premier onsen, ou bain thermal. Kinosaki en regorge. C'est bien pour cela que nous sommes là.

La rue principale est bordée de petits magasins proposant principalement du crabe, souvent vivant, et franchement énorme, spécialité du coin. Un immense crabe-robot remue ses pattes contre l'une des façades. Nous ne sommes pas loin de la mer. On est jamais loin de la mer, au Japon, mais là, disons qu'on est encore plus proche que d'habitude. Même si au premier abord, nous sommes en montagne. Nous rejoignons notre ryokan.

Les chaussures abandonnées à l'entrée, les pantoufles devant la chambre, la porte de notre chambre glisse et notre hôtesse, agenouillée à l'entrée nous salue d'une révérence. Elle nous explique que le ryokan lui-même possède son propre onsen, nous donne notre carte pour accéder à tous les bains et nous sert un bon thé vert légèrement fumé. Deux friandises de sucre en forme de geta, la fameuse sandale de bois japonaise, l'accompagne. Nous nous réchauffons, les pieds sous le traditionnel kotatsu, la table chauffante (à infrarouge) recouverte d'une couverture, qui servira de chauffage pour toute la chambre pendant notre séjour. Puis nous nous changeons.

Pieds nus (et rouges) dans les getas, en yukata,
devant le 2ème onsen
Les yukatas nous attendent, identiques. Mon amie exprime à nouveau son inquiétude. Il commence à faire nuit dehors et la neige continue de tomber à gros flocons: ne ferions-nous pas mieux d'y aller avec nos habits d'hiver? On va mourir de froid en yukata! Mais le yukata est double et s'accompagne d'une troisième petite veste. Allez, ce sera beaucoup moins drôle si on ne joue pas le jeu jusqu'au bout! Je me débat avec les chaussettes à geta, dont le pouce du pied est séparé. C'est normal que l'ouverture pour les autres doigts de pied soient d ela même taille que celle pour le pouce seul? Après avoir bien trié et remis à leur place tous les doigts de pieds, la chaussette finit par presque s'enfiler. Il reste quand même un bon bout qui pend devant. Mon amie me regarde avec une pointe de désaccort dans le sourire. Euh... Y'a un truc qui joue pas? Le yukata. Il faut passer la pan droit sur le pan gauche, quand on est vivant. Ah. Nous chaussons nos geta de bois. Avec le sol pavé et enneigé dehors, ma première pensée est qu'on va se casser la g.... bobine! Parapluie verts en main, en harmonie avec nos vêtements, petit panier au bras, pour nos affaires de toilettes, nous nous attaquons à la nuit... et aux flocons. On va commencer par l'onsen le plus éloigné! Etonnament, il ne fait pas froid. Efficace, le double yakata. Et heureusement que le vent est allé se coucher avec la nuit!

La ruelle suit la rivière, qu'enjambe de vieux ponts de pierres. Des lanternes de pierre les éclairent. La neige fait un bruit doux en venant s'écraser sur le parapluie, tandis que nos geta claquent sur les pavés mouillés. Nous croisons des groupes en yukata et parapluie. Chaque hôtel a sa propre couleur et les groupes s'harmonisent entre eux. C'est superbe, c'est femmes en yukata et geta, sous leur parapluie, qui se dissolvent dans la nuit et la neige. Le rêve d'un peintre! De temps à autres, nous rencontreons des groupes qui se sont arrêtés en chemin pour se réchauffer les pieds dans un onsen publique, sous un vieux toit de bois. Des jeunes filles rient à ma curiosité et à mon étonnement. On y cuit aussi des oeufs durs!

Le peintre E. Delacroix aurait adoré ça. Femmes aux bains. Assises sur de petits tabourets de plastique, des femmes se savonnent énergiquement. Un bassin de bois à leur pied récolte l'eau pour se rincer, la douche chaude chante de tout côtés. Dans le bassin, des femmes papotent gaiement, c'est très bruyant, joyeux, vivant. Après m'être rincée méticuleusement, de manière à ne pas laisser une bulle de savon venir s'égayer dans le bassin, je m'y enfonce lentement. Très, lentement! Après avoir marché en geta-chaussettes sous la neige, mes peids sont gelés. Un peu le contraire de l'eau, qui est à deux doigts d'entrer en ébullition! Ouch! Le pire, c'est qu'on s'y fait! Mais ce n'est supportable que si la moitié supérieure du corps, et surtout les bras, restent dehors. Nous nous glissons rapidement vers le bain extérieure. Il est prit dans la forêt de montagne, pleine de nuit et de mystère, tandis que la neige virevolte à gros flocons. Nous nous amusons à attraper les flocons avec la langue, depuis notre bain chaud. Plus tard, après avoir visité trois onsen (à pieds nus dans nos geta, nos chaussettes n'ayant pas resisté au premier trajet dans la neige et les jets d'eau anti-givrant), nous irons déguster quelques sushis dans un petit restaurant familial. C'est beau, l'art de vire à la japonaise... en hiver.

Docteur es "jouissances de la vie au pays des onsens" à Yudanaka

Pour visiter Kinosaki

jeudi 3 mars 2011

Setsubun Mantoro à Nara

   
Des daims et 3000 lanternes qui éclairent la forêt

Le 3 février dernier, jour du Nouvel An en Chine et de mon arrivée au Japon, Nara fêtait le Setsubun Mantoro, ou festival des lanternes.

A une heure de Kyoto, Nara est une petite ville au charme fou, surtout dû à son superbe parc dans lequel reignent les daims, libres, curieux et gourmands, animaux sacrés et donc respectés, ce qui les rend peu timides. Ils sont la première attraction touristique de Nara. La seconde, c'est le festival du Setsubun Mantoro.

C'est l'après-midi, il fait beau et même chaud. Autour des premières pagodes, un groupe de touriste japonais ont remplacé l'appareil photo par des pinceaux et de l'aquarelle. J'adorerais rejoindre leur classe. Ah! Illustrer mon blog par des aquarelles! Peu après les pagodes, on quitte le parc et entre dans le monde des daims. Ils sont partout. Au premier daim, je dégaine l'appareil, mais comprends rapidement que je vais avoir beaucoup d'occasions de faire de très beaux portaits animaliers sans trop me fatiguer. Il y en a jusque dans les échoppes! Pour les passionnés absolus, il est même possible de s'offrir un sert-tête orné de cornes de daims en peluche!

Je monte la colline entre forêt et lanternes de pierres couvertes de mousse. Rejoins le temple Todai-ji pour voir le Grand Bouddha (mais arrive peu après la fermeture) et profite juste au bon moment du coucher de soleil depuis Nigatsu-do. Il va être temps de rejoindre la forêt, ou les lanternes de pierres ont été allumées. On se croirait dans un conte de fée. Tout autour du temple Kasuga Taisha. Il y en a 3000! Et les gens portent de petites lanternes. J'en achète une. Tout de suite, les gens réagissent à mon lampion. Ils sont contents de me voir prendre part activement au festival. On me sourit, me fait un hochement de tête.

A 19h00, je retourne aux pagodes du temple Kofuku-Ji ou les danses et la distribution de haricots va commencer à 19h00. Setsubun est le festival du jour d'avant le printemps. Afin de se protéger des démons, les croyants vont éparpiller des haricots qu'ils auront reçus des mains des prêtres devant leur maison. Les moines prient toujours à mon arrivée tandis que la foule grossit. Des officiels sont présentés, ils distribueront les haricots après les danses, puis deux danseurs portant des masques de démons entrent en scène, avec des armes et dansent une sorte de combat dans lequel ils prennent des pauses menaçantes. La foule s'aligne devant les tables pour recevoir ses haricots.

Ce festival a aussi lieu en été.

Quelques infos ici.
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